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Le droit à la paresse
Paul Lafargue, Denis Colombi
- Publie.net
- Classiques
- 22 Janvier 2011
- 9782814504189
Le droit à la paresse de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, a toujours tenu un rôle privilégié beaucoup plus pour notre imaginaire qu'en tant que texte sociologique ou politique. Alors, on pourrait se dispenser du travail ?
Ces théories ont pris tout récemment une nouvelle actualité, et nos modes de vie nous conduisent en permanence à nous en reposer la question. Le chômage massif et organisé comme permanence sociale, la brutalité des licenciements, l'histoire de la protection sociale en France et ses côtés parfois anachroniques. L'émergence de la culture des loisirs et la marchandisation du temps libre, c'est tout cela que nous faisons résonner dans le titre paradoxal de Lafargue.
Pourtant, comme nous sommes proches des analyses de Engels sur la classe ouvrière anglaise, la mise au jour des mécanismes de l'exploitation la plus sauvage du travail humain dans les filatures, mines, hauts-fourneaux.
C'est à ceux qui posent comme idéal que l'ouvrier, l'enfant, l'ouvrière n'aient à travailler que douze heures par jour que s'en prend Lafargue. Les concepts de temps et de consommation qu'il établit, à nous de les relire de façon active.
Écrit dans l'écho de la Commune à laquelle Lafargue participe, dans la dureté de la répression ouvrière de ces années 1880, le Droit à la paresse est dans ma bibliothèque numérique depuis bien longtemps.
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Albert Londres (1884-1932) a laissé son nom a un des grands prix internationaux de journalisme.
On connaît ses reportages sur les bagnes : journalisme d'investigation, mais qui passe d'abord par la capacité de l'écriture à proposer après coup le chemin même de l'enquête et son enjeu humain. Grandeur de ceux-là à ce qu'ils ne jugent pas, mais construisent l'humain au point exact où la révolte même, ou la peine, ou le partage, deviennent incontestables.
En 1925, pas question de forcer officiellement la porte des asiles. Il y entrera quand même (et s'en fera 9 fois expulser), parfois se faisant passer pour l'assistant du dentiste. C'est plus facile en province.
Et c'est hallucinant. La folie est une punition, qu'on redouble dans le traitement asilaire. Misère de ces mouroirs sans hygiène, et 80 000 enfermés... Hauteur d'Albert Londres : ne pas contourner les internements forcés, familiaux ou administratifs, suivre un patient guéri, quand son village d'origine se referme devant lui comme devant une bête malfaisante. Et entrer dans les cachots - sculpter visages, mots et voix avec la même attention et la même ouverture.
Une psychiatrie tâtonnante, qui garde les cerveaux dans des pots de chambre (hallucinant chapitre), qui peut laisser tremper les gens 36 heures dans l'eau tiède, la tête seule dépassant, ou nourrir de force les patients par intubation nasale, mais qui ne dispose d'aucun médicament contre l'angoisse.
On ne vient pas ici lire et publier Chez les fous par besoin d'exotisme, ou se rassurer sur la psychiatrie d'aujourd'hui. On est dans le même choc et la même densité humaine que Raymond Depardon a rapporté de San Clemente. On croise aussi, en ouverture et clôture du livre, un précurseur : le Dr Toulouse, la même année qu'il accueille le jeune Antonin Artaud à Paris. La dénonciation politique d'Albert Londres quant aux lois de 1838 qui organisent le système asilaire est violente.
Mais, parmi les patients, il aurait pu croiser Camille Claudel. Et tous ces visages qu'on vient accueillir dans ce livre, on sait le traitement que leur réserve, en masse, le régime de Pétain en 1940.
Ce livre est aussi une part de notre inconscient.
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Le rire est notre défense, notre arme, autant qu'il est le meilleur partage.
Quelle chose complexe. Quand il nous surprend, quand il devient satire. Et certainement, pour la littérature et le théâtre, le fil le plus aigu. Le plus "raide", dirait Bergson.
Il est de la race de ces penseurs qui sont d'abord écriture. Bergson et le mouvement, le mouvant, "l'imagination créatrice".
Mais ici, sous les mots, viennent les grands rires âpres de Molière, La Bruyère, Labiche. Ce qu'il décortique fait de ce livre une immense leçon de littérature.
Penser, oui: mais penser au front.
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Quel bonheur que Bergson, capable de vous emmener marcher dans ces tréfonds de nous-mêmes, ce qu'on croyait au plus secret qui soudain se voit illuminer de lumières étranges.
Le cerveau, cet inconnu. On dispose aujourd'hui de techniques plus avancées, mais chaque fois on dirait que c'est la part d'inconnu qui augmente.
Alors c'est sans doute ce qui a donné à ces cinq conférences, rassemblées par Bergson en 1919 sous le titre d' "Énergie spirituelle", leur destin hors du commun. D'abord parce qu'il s'agit de conférences, une pensée précise, regroupée, chaque fois tenue sur un point, et portée oralement.
Mais sur des domaines, se souvenir, penser, rêver, faire un effort, qui sont notre lot de tous les jours. Et c'est aussi les petits désarrois au quotidien qui vont servir pour l'enquête. Le mot qu'on a sur le bout de la langue, la fausse reconnaissance, dans le dédoublement du présent, la typologie des rêves... Bergson scrute les amateurs capables de mener plusieurs parties d'échec simultanément : que regardent-ils ? Ou bien lire les mémoires de Robert Houdin, l'illusionniste, et les astuces des "grands calculateurs"...
C'est donc bien à une exploration de nous-mêmes qu'ici on nous convie.
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Voici comment Mathieu Mével se présente lui-même :
Matthieu Mével est écrivain (poésie, théâtre) et metteur en scène. Il a travaillé depuis 1998 dans des théâtres (théâtre de La Main d'or, Paris, théâtre des Amandiers, Nanterre, théâtre Kleist Forum, Frankfort/Oder, Allemagne), des galeries (Galerie Mercer Union, Toronto, Galerie italienne, Paris, Casa Vecina, Mexico) et réalisé des performances dans les villes de Copenhague, Bruxelles, Rome, Toronto, Dieppe, Paris et Mexico. Il a publié une pièce de théâtre, Echantillons de l'homme de moins (Publie.net en numérique, L'Entretemps Editions pour la version imprimée) et des articles pour des revues (Action Poétique, Théâtre / Public, Registres). Son premier recueil de poésie, Mon beau brouillage, sera publié aux éditions Argol en septembre 2010. Il vit à Rome.
Echantillons de l'homme de moins est un texte qui emprunte ses caractéristiques au dispositif technique du concert. Il repose sur l'échantillonnage numérique de la voix du protagoniste qui emporte avec lui les notions de narration, d'identité et de langue. La relation du motif et du contenu est rendue chaotique par la décomposition, la superposition ou l'interpénétration. L'échantillonnage met la répétition au coeur du texte, entraînant une perte de sens et en même temps la reconstitution de quelque chose qui aurait à voir avec du sens dans les trous de la langue, une langue qui se reconstitue en se déplaçant.
L'outil qu'il utilise pour ses mises en page c'est le logiciel InDesign, d'Adobe (le créateur du PDF).
Le livre n'est plus le chemin unique de l'écriture contemporaine. La performance, le plateau et la projection, la voix. Comme aussi ce texte est un défi aux nouvelles petites machines électroniques : je tiens le fichier source InDesign à disposition des amis chercheurs de CyBook, Ganax et autres... Toutes les recherches, toutes les inventions sont possibles.
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Histoire d'Io, de Pasiphaé, par conséquent du Minotaure
Nadine Agostini
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- 22 Novembre 2017
- 9782371771789
À la fois conte mythologique et moderne, ce long poème fait entendre, avec une dimension épique et l'énergie d'une cavalcade, les voix des personnages qui l'habitent. Io, Pasiphaé et par conséquent le Minotaure n'en finissent pas de s'interroger sur leur libre arbitre. Leurs pensées vagabondent mais leurs corps sont scellés à ceux des bêtes avec lesquelles ils partagent leurs destinées. Un homme a passé la corde au cou d'Io ; Pasiphaé, femme de Minos, ayant désiré le taureau, devient la mère du minot ; le Minotaure se demande s'il n'est pas le rêve d'une femme qui le retient dans le labyrinthe de son imagination. Avec cet enjeu du souffle et de l'oralité, Nadine Agostini redonne du jeu au mythe, elle le pétrit avec ses mots et s'autorise toutes les libertés d'un démiurge, un qui raconte des histoires, et c'est bien ce qui fait notre joie.
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La position unique de Milad Doueihi dans l'approche de ce qu'on nomme les "humanités numériques" tient d'abord à sa propre extériorité : ce passionné de théologie du monde oriental, ce familier de la poésie contemporaine et de la philosophie antique n'a pas ses racines dans la technique et l'informatique. Extériorité géographique aussi, arpenteur du vieux monde et du nouveau : qui a assisté une fois à une conférence de Milad Douehi, ces improvisations sans notes, toutes lestées d'Aristote ou de Rousseau et tant d'autres, sait comme il nous fera voyager dans les frontières de notre propre culture. C'est notre statut d'homme, notre curiosité, et au service de quoi on place nos minces savoirs, qu'il vient questionner dans les outils d'aujourd'hui. Il les décrypte et les décortique dans leurs plus hautes conséquences. On n'entre pas dans l'analyse de la "grande conversion numérique" sans mettre les mains soi-même dans ses rouages. Moteurs de recherche, jeux en réseau, réalité augmentée, le chercheur ouvre la maison-écran et s'y installe avec ses outils. Mais c'est en tant que philosophe et amoureux de la langue qu'ici on va suivre une des plus riches pensées du numérique aujourd'hui. La constitution des réseaux d'abord, la culture par l'anthologie, et deux chapitres essentiels sur de très, très vieilles notions : l'amitié, l'oubli. Paru en septembre 2011 aux éditions du Seuil, collection "La librairie du XXIe siècle", ses lecteurs auront plaisir à en disposer au quotidien dans le format numérique. Mais nous devions à cette approche essentielle, à la fois simple et savante, concrète et rêveuse, du "destin numérique" qu'il soit disponible dans le média même qu'il décrit. FB Création epub originale Gwen Catalá.
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Au moment de présenter Liliane Giraudon, il me vient une expression, comme si le texte pouvait s'arrêter là : Liliane Giraudon est une ligne droite.
Parce que, pour moi, Liliane Giraudon c'est une direction. Quelqu'un qui cherche et qui expérimente. Et que ce que nous nommons littérature, c'est ce qui catalyse et sédimente en aval, où soi-même on s'installe pour travailler, tandis qu'eux sont déjà partis un peu plus loin devant, dans cette brume où viendront les nouveaux travailleurs, vous savez le reste de la lettre à Paul Demesny.
Ainsi, et c'était déjà dans le paysage quand j'en ai soulevé un coin de trappe, fin des années 70, la revue Banana Split avec Jean-Jacques Viton. Ainsi, la permanence de l'atelier POL, la façon dont l'éditeur lui a donné ces galeries et chambres, voir Liliane Giraudon sur site POL (en 1978, déjà ce titre : Têtes ravagées : une fresque, ou ce Pour Claude Royer-Journoud). Et retenir cette Divagation des chiens ou son Parking des filles...
Atelier aussi qui se confond avec territoire : l'implantation à Aix Marseille, de si longue date, la poésie par porosité et accueil.
Alors évidemment, très fier que Liliane Giraudon ait accepté de venir symboliquement nous rejoindre sur publie.net.
Seulement, après cela, voilà : ce texte, Les talibans n'aiment pas la fiction, se passe complètement de Liliane Giraudon, voire de nous-mêmes. Ce qui compte, c'est l'expérience du réel, et comment elle percute l'écriture. Et que cette friction, cette fissure qui s'inscrit, devient question, n'est pas uniquement texte, ou aboutissement de poésie, mais notre propre rapport au réel, à l'écarquillement des yeux, à la marche et à l'errance. Ce qui rejoint la catalyse de l'objet texte, ce sont des dessins, des images, des notes, des mots recopiés, des observations.
C'est l'expérience du voyage qu'on questionne et qu'on pousse au bout.
Et si cela se passe de nous-mêmes, c'est que le territoire afghan nous est désormais en partie inaccessible, mais que la guerre qui s'y continue se fait en notre nom. L'Afghanistan est pour nous tous un rêve et une tradition, des voyages du père Huk jusqu'aux Cavaliers de Kessel ou le Livre des merveilles de Marco Polo : la planète ne se divise pas, lorsqu'il est question de l'homme. Mais à condition que cette interrogation s'effectue concrètement, par le voyage et le regard, par le travail sur soi dans le choc de l'autre, et combien plus quand il est soumis lui-même à l'éclatement, la pression, le heurt de la guerre. Notre littérature, dans tant de ses âges, s'est écrite à cette frontière (d'Aubigné même). Il ne s'agit pas d'une expérience de l'étranger, il s'agit d'aller chercher l'étranger dans le corps de notre expérience propre.
Il s'agit d'un texte concret : la poésie est à ce prix, démarrer par l'expérience du monde. Bienvenue au Carnet afghan de Liliane Giraudon dans publie.net.
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Merci spécial à Sarah Cillaire pour la relecture et réflexions et à Fred Griot pour la conception graphique, la mise en page et la coordination éditoriale.
Les talibans n'aiment pas la fiction a été initialement publié aux éditions Inventaire/Invention fondées par Patrick Cahuzac, maintenant disparues. Nous avons souhaité assurer la continuité de la diffusion matérielle de ce texte important (comme nous l'avons fait pour Leslie Kaplan, Jean-Philippe Cazier et d'autres), mais il s'agit d'une édition entièrement neuve dans la conception et la révision.
voir aussi Liliane Giraudon sur le site des Editions Argol. -
Même les meilleurs journaux n'en sont pas indemnes : on prend une suite limitée de noms, dont tout le monde est censé savoir la face publique, et on fait tourner tout autour un discours vide, mais qui fixe les valeurs symboliques d'un monde en dérive.
Jérôme Mauche a toujours travaillé l'écriture en prenant sa matière dans l'objet même qu'il travaille. C'était déjà cette technique de convocation et renversement dans Électuaire du Discount, mise à plat des techniques de vente et d'exploitation des grandes surfaces, c'était aussi le cas dans le livre que j'avais publié au Seuil/Déplacements, La loi des rendements décroissants, à partir des formules économiques, contournements, élisions de L'Usine nouvelle, Challenges et autres magazines du libéralisme triomphant.
Je souhaitais depuis longtemps, à titre symbolique aussi, la présence de Jérôme Mauche dans publie.net, sachant que sa proposition serait forcément un écart : il nous arrive avec un texte dont le titre de travail était Synonymie ambiante, ce qui veut dire que les noms propres, qui ici trouent le texte, sont interchangeables, commutables, qu'on peut les remplacer par leurs sosies (ils en ont tous, et répertoriés). Surtout, que la machine à discours qui encombre la totalité papier de nos kiosques de presse - qui considère cela comme une évidence - fonctionnera de semaine en semaine indépendamment des noms qu'elle cite, les ingurgite et dégurgite pour ressasser ces mêmes symboles qui sont censés nous représenter.
Si ce n'était que cela, il s'agirait d'un beau tour de force, mais ça ne ferait pas de Jérôme Mauche un écrivain. Adorno disait que « la force du montage, c'est de faire exploser ses éléments eux-mêmes ». C'est la langue que Mauche vient scruter, et pas les Johnny Depp, Alain Delon, Mick Jagger valsant avec André Rieu et Antonioni tourne la suite d'Astérix, la mode se mêlant à la chanson, les figures évanouies - Sheila et Annie Cordy, venant percuter en bal étrange les fantômes d'aujourd'hui.
Le ballet c'est celui des adjectifs : que fait-on de la langue, dans ce ressassement où le cliché vient remplacer le réel, puisqu'il n'est plus que surface ? Quelles sont les géographies, que nous dit-on de la représentation elle-même ? Que cherchons-nous à définir de nos propres peurs, à valider cette machine vide qui remplit tout ?
Alors le texte de Mauche échappe à sa propre loi : les éléments reviennent, se percutent les uns les autres, constituent une spirale qui se resserre. Les noms propres deviennent des grimaces, des micro-récits s'élaborent pour qu'ils se rejoignent les uns les autres, le monde entier se déforme et s'y reflète. La machine à angoisse que devient le texte remplace progressivement la machine à éviter l'angoisse des éléments qu'il convoque.
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Jérôme Mauche : bio & biblio sur site CipM Marseille. -
De la mort apparente et des inhumations prématurées
Gustave Le Bon
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- E-styx Anticipation Et Fantastique
- 21 Septembre 2012
- 9782814506558
Quand il publie "De la mort apparente, et des inhumations forcées", en 1866, Gustave Le Bon affronte un problème posé globalement aux grandes villes européennes modernes.
Comment s'assurer légalement qu'une personne est effectivement décédée, quels délais ou quelles mesures respecter, quelles lois à définir ? (Jusqu'au détail nécessaire d'une cloche dans les morgues...)
S'il s'agissait d'une simple question de médecine, tout irait vite. Mais la médecine aujourd'hui encore se confronte à un inconnu majeur : mort cérébrale, comas thérapeutiques, la façon dont une cellule émet pour son organisme le signal de sa mort nous demeure globalement une énigme, et continue de poser des problèmes éthiques et juridiques insolubles. Mais c'est bien sûr une porte symbolique qu'on ouvre : les morts-vivants, et ceux qui sortent à la nuit de leur tombe, ou ceux quon déterre avec les traces manifestes d'un effrayant combat pour échapper à la tombe.
Encore quarante ans après ce livre, Rilke reviendra sur cet étrange rituel de trouer d'une longue épingle le coeur des morts. Mais comment avoir confiance dans les signes de la mort, et lesquels sont fiables, si chaque fois une histoire prouve le contraire ?
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Ce sont des fragments pris à la vie quotidienne. La vie ordinaire, celle où chaque jour nous sommes confrontés aux autres, dans la ville.
Gestes, paroles de chaque instant. Et même dans la solitude, la pensée, la confrontation à nous-mêmes, il y a la question posée au dehors, au temps, au devenir.
Le travail de l'inquiétude a toujours été le territoire de la littérature, récit ou poème.
Confrontons-le à l'immédiat, au présent. Faisons de ces blocs d'inquiétude notre affirmation esthétique, la beauté qui surgit, se dresse et compense.
Dans la première version de son Livre des peurs primaires, Guilaume Vissac avait accumulé 100 fragments qui devenaient une nouvelle écriture de la ville. Dans cette seconde version, non seulement ils sont complétés de 31 nouveaux fragments, mais l'expérience même de la lecture va changer: en contrepoint de la lecture linéaire, chaque fragment renvoie à un autre dans une multiplicité de nouveaux parcours.
Réalisation graphique: Gwen Català et Guillaume Vissac.
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Qui ne fréquente pas le célèbre triptyque que met en ligne Éric Chevillard, chaque soir à minuit, et qui entame sa cinquième année d'existence ?
Tout tient à l'ouverture du premier billet de l'ensemble de L'Autofictif : "... 805... 806... 807... puis j'ai pris peur, j'ai reculé... le huit cent huitième brin d'herbe de ma pelouse m'a paru bizarrement contourné, menaçant, le genre de végétation qui abrite ou dissimule une mygale, un python, une panthère. Prudence. La jungle amazonienne aussi a commencé bien bas."
Frank Garot est à l'initiative d'un blog qui propose d'en faire un écriture collective, dans la diversité de registres, passant du plus grave au doucement comique, du satirique au regard aigu sur la littérature et les pratiques de son petit monde.
Et cette aventure collective en est actuellement à sa troisième saison. Alors à la fois pour rendre hommage à ces vrais trésors d'écriture et de recherche contemporaine (mais toujours en triptyque !), mais aussi pour la curiosité que représentent ces objets neufs d'écriture, mêlant toutes les voix sur un seul support, voici la Saison 2 des 807, complétés d'une préface de Franck Garot.
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"Les Carnets lointains commencèrent, loin de Tokyo, autour de quelques visions récurrentes et vertigineuses de cette ville, et de toutes les autres, traversées ou habitées, connues ou inconnues, réelles ou imaginaires. De toutes ces villes, détachées de leurs particularités ici et maintenant, il restait le souvenir de l'errance. Marcher dans une ville, se perdre dans le dédale immense d'un lieu inconnu est une façon parmi d'autres de traverser la nuit et d'habiter le temps. Ces Carnets pourraient presque être la rêverie contemporaine de la ville idéale, si notre temps croyait encore aux cités idéales. Mais ce n'est plus le cas. Alors il demeure toujours possible de saisir les questions qui nous saisissent, dans le temps et l'espace démesurés des métropoles nocturnes."
Isabelle Pariente-Butterlin
Dans une langue ondoyante, mais obstinée, âpre et combative, quitter le domaine de la philosophie pour dire ce mouvement même de penser, aux prises avec le concret, les choses, le monde, les pensées même.
Nous avons tous rêvé à Bachelard ou Arendt, et celles et ceux qui font de la pensée un conte.
Ici, cette attention presque rageuse d'Isabelle Pariente-Butterlin s'établit en amont de l'exercice philosophie, se refuse à entrer dans le champ même de la pensée. Assez à faire avec la langue : ce qui se brasse alors du corps, de la marche, des perceptions, du chemin contre soi-même, de l'appel aux autres ou contre eux.
Et c'est bien une fiction, un poème qui va naître. Poème de notre expérience du monde, prose de notre chant pour être au monde.
D'Isabelle Pariente-Butterlin, nous publions simultanément deux points d'énonciation presque symétriques de ce même déploiement, le Manuel anti-onirique et ces Carnets lointains. L'expérience continue simultanément sur son site via Aedificavit.
Un grand merci à LouiseImagine pour la complicité photographique.
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La guerre ? Elle nous entoure. Et menée en notre nom. Et imbécile partout, soumise au fric et aux religions comme elle le fut toujours. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'homme pense la guerre. Ni que de grands auteurs tentent vainement de penser contre la guerre. Méric a traversé la première guerre mondiale : il la connaît dans son corps, son épouvante. Ce qui est terrible, dans ce livre écrit en pleine montée du nazisme, citant Hitler mais consacrant un magnifique chapitre aux pacifistes allemands, ses frères (Ernst Johannsen), c'est qu'il démontre comment, en 1932, dans tout le monde occidental, la pensée d'une arme de destruction massive - côté anglais, américain, allemand, français - est en place. Méric parle de guerre chimique : ce qu'il décrit ici correspond parfaitement aux guerres technologiques d'aujourd'hui, et nous aident nous aussi à ce que nous disions Non (titre d'un des chapitres). Ce qui fut imposé à Hiroshima était écrit avant l'invention de l'arme atomique. Ce n'est pas pour ses qualités visionnaires que nous revenons faire jouvence à la pensée libertaire de Méric. C'est bien pour la qualité même de cette pensée, l'appui qu'il nous faut pour être ensemble dans le présent qui déraille. Revenir à Méric, c'est pour la folie d'aujourd'hui, le danger qu'on y court, et que la folie des hommes puise aux mêmes causes. Le pamphlet, ici, est solide. Il est pour nous. - FB
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Ce début avril 2010, la collection Fiction & Cie du Seuil propose l'édition livre définitive du texte de Frank Smith, Guantanamo, disponible en version numérique sur publie.net depuis janvier 2009 : c'est le 11ème titre en 15 mois à passer du numérique au papier, confirmant un rôle pour nous essentiel de repérage et mise en valeur, lecture et découverte à large spectre. En accord avec les éditions du Seuil, et pour contribuer à la diffusion du livre - version définitive, différente de cette première étape -, nous proposons (rien d'automatique, c'est un cadeau maison : nous envoyer par mail preuve d'achat libraire ou votre photo avec le livre) aux acheteurs de l'ouvrage l'accès gratuit à notre version numérique (epub inclus) [1].
Ça pour l'édition. Mais fier aussi de cette convergence parce qu'il s'agit d'un texte politique, qui nous redonne notre dignité au monde, en questionnant ses fonctionnements extrêmes, y reposant la question de l'homme et du langage.
Ce qu'il y avait de disproportionné dans le camp de Guantanamo, c'était la convocation symbolique : hommes mis en cage à ciel ouvert (au début du moins) dans une île, à l'opposé géographique du terrain de guerre où s'en était saisi, et soumis à une relation du type bourreau-esclave, s'il s'agissait pour les militaires de George Bush de faire payer à ceux-là un autre crime, à la fois réel et symbolique, celui du 11 septembre.
Ainsi se reconduisait, mais en se revendiquant d'une démocratie, une relation homme à homme que nous n'avions appris à envisager, même innommable que sous la botte nazie.
Début 2009, Obama, et c'est à son honneur, dès son 1er jour d'exercice, a prononcé la fermeture de Guantanamo : ce début 2010, le camp existe toujours.
Mais aucun de nous nulle part pour être indemne de Guantanamo : ce que nous avons appris à lire dans Les jours de notre mort de David Rousset, dans L'Espèce humaine de Robert Antelme, qu'est-ce que cela nous enseigne de ce qui s'accomplissait là-bas, sous les chapes de silence du secret militaire ?
La littérature permet d'entrer là. On se souvient de L'Inquisitoire de Robert Pinget.
Frank Smith se saisit des documents accessibles et publiés lors des premières commissions d'enquête. Il en fait une suite de récitatifs : contraindre la langue à marcher sur ces cailloux bruts, faire que chacun dessine un de ces captifs en situation d'interrogatoire (il y a l'interprète, il y a les bribes de rapports, il y a les réponses - au jour le jour, la guerre, et qui elle mobilisait).
Ça se lit comme une enquête. Mais cela donne à réfléchir l'extrême, par les seuls moyens de la langue. Particulièrement fier de proposer ce texte en ligne aujourd'hui : faites lui bon accueil, c'est un texte nécessaire.
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De Frank Smith, publie.net a déjà accueilli Dans Los Angeles.
Le dernier livre publié de Frank Smith : Le cas de le dire, éditions Créaphis, 2007.
Frank Smith est né en 1968. Producteur-coordonnateur de l'Atelier de Création Radiophonique de France Culture, il est l'auteur de plusieurs documentaires radiophoniques, dont Un barrage contre le Golfe du Mexique (Grand Prix 2004 de l'Université Radiophonique et Télévisuelle Internationale). Avec Christophe Fauchon, il a dirigé deux anthologies, parues chez Autrement : une de poésie, Poé/tri , 40 voix de poésie contemporaine (2001), et une de réflexions critiques sur la poésie contemporaine, Zigzag Poésie, formes et mouvements : l'effervescence (2001). Frank Smith a publié deux ouvrages : Pas, sur des photographies d'Anne-Marie Filaire (Éd. Créaphis, 1998) et Je pense @ toi (Éd. Olbia, 2202, réédité par les Éd. du Cygne, mai 2004).
A visiter : le site de Frank Smith.
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Gustave Geffroy a été un des inventeurs du journalisme moderne.
Mais il est de ce siècle de géants, en pleine conscience de ce que leur a offert leur siècle. On ne raccourcit pas sa phrase sous prétexte qu'on n'est pas en littérature.
Blanqui est une immense figure. Mais une figure toujours à l'index : le poursuit cette image de trouble fomenteur de révolutions ratées. C'est cela qu'ici on va nettoyer.
Blanqui : né d'une révolution, acteur de 2 autres, en 1830 et 1848, et toute sa vie enfermé, déporté.
Ce qu'entreprend Geffroy, c'est de rendre hommage à Blanqui en le resituant dans cette traversée du siècle. Les ombres de Hugo, Balzac et Baudelaire ne sont pas loin. Mais Geffroy, quand il entreprend la rédaction de L'Enfermé, a encore accès aux témoins directs de l'émeute de 48 ou de l'évasion de Belle-Île.
C'est ce qui fait de ce livre un monument incontournable. Walter Benjamin ne s'y est pas trompé. Jamais réédité depuis 1931, en voici la première version numérique.
François Bon
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Préface d'Hervé Jeanney
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« On se demande où est ce corps ? Pourquoi pose-t-il problème ? N'est pas synchrone. La voix fait mythe de l'absence du corps d'où elle s'origine pourtant. Dont elle témoigne, témoignant d'une absence. » Christophe Atabekian est né en 1970, il a réalisé des films de court, moyen et long-métrage. Musicien, auteur de pièces radiophoniques, d'installations vidéo et multimédia et de scénarios pour le cinéma et la télévision. - « Mes Collections » Sous la direction d'Emmanuel Tugny, cette collection de la maison d'édition LUE de l'ESÄ regroupe l'ensemble des textes critiques, conférences et articles produits au sein de l'activité pédagogique et des événements (séminaires, colloques, rencontres) de l'école ayant trait à la notion de « collection » au sens le plus large. Elle se trouve de fait initiée par la publication des textes de conférences données au FRAC Nord-Pas-de-Calais, depuis janvier 2014 par des enseignants de l'ESÄ. Ces conférences sont prononcées en ouverture des « cafés-philos » de l'ESÄ au FRAC NPdC, justement intitulés « Mes Collections », du fait de la question qu'ils travaillent par approches multiples.
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Les Autres vies de Napoléon Bonaparte
Hal Fisher, Danrit Capitaine, Hal Fisher, Joseph Mery, Louis Geoffroy, Alphonse Allais
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- Archeosf
- 29 Juin 2016
- 9782371771444
Et si Napoléon avait suivi les traces d'Alexandre le Grand et envahi le Moyen-Orient ? S'il s'était évadé de Sainte-Hélène à bord d'un submersible faisant furieusement écho au Nautilus ? Si l'Empereur des Français avait conquis l'Amérique du Sud, avait coulé des jours paisibles dans une plantation de Louisiane ? C'est tout cela et bien plus encore qui est raconté dans ce volume, consacré aux autres vies de Napoléon Bonaparte, celles qui n'ont pas existé. Textes de Louis Geoffroy, Joseph Méry, Alphonse Allais, Capitaine Danrit & H.A.L Fisher (traduit de l'anglais par Philippe Éthuin)
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Dans cet étrange catalogue des métiers d'un autre temps - pour la plupart... -, découvrez comment le peuple de l'autre siècle rivalisait d'ingéniosité et de débrouille pour subvenir à ses besoins. Du chasseur de vipères au fabricant de confettis, de boutons ou d'asticots, des cabocheurs aux dompteurs de fauves, des sculpteurs de saindoux aux compteurs d'oeufs, c'est tout un monde imprévu qui se déploie au gré de ces pages étonnantes. Un livre destiné à tous les amateurs de curiosités. Voici la table > Le pourvoyeur de vipères
Les vieux chapeaux
La brocante des rosses
Le bouton de porcelaine
Le cuir et la viande de caïman
Le canari
Les faux cheveux et les faux cils
À propos de chiens
Le lilas blanc
Le distributeur d'imprimés
L'exploitation des fauves
Le fabricant d'asticots
La chanson en plein vent
Les artistes en victuailles
Bagotiers et mégotiers
Le camelotage
Les chasseurs de verdure
Les rivagiers
L'art d'utiliser les restes Mais beaucoup d'autres métiers et domaines sont abordés au fil de ces pages. Âmes sensibles s'abstenir, il y en a pour tous les goûts ! De l'utilisation du jus de vaisselle à la récupération de l'encre des journaux qu'on jette, tout y passe, tout est récupérable, tout est monnayable. En ces temps de « zéro déchet », peut-être que cela va vous donner quelques bonnes idées ! -
Il faut bien commencer par ne rien comprendre, par comprendre qu'on ne comprend rien, il faut accepter qu'on ne sait rien, il faut savoir qu'on ne sait rien, pour tenter quelque mouvement hors de cette gangue de silence qui nous entoure à l'évidence, et obsède certains d'entre nous. Il faut bien commencer par se sentir écrasé de silence pour avoir envie de parler, de commencer une phrase, pour se pencher aux bords du silence et basculer dans le langage.
Se défaire d'un texte que l'on a écrit, d'une oeuvre d'art illustre, de son site web avant (ou après) sa mort, voire de son identité numérique tout entière, qu'est-ce que ça remue en soi ? L'acte d'effacer s'apparente-t-il à une forme de destruction ou est-il au contraire le prolongement même d'un élan créateur ? Prenant appui sur le geste de De Kooning effaçant un dessin de Rauschenberg, Isabelle Pariente-Butterlin mène une méditation qui interroge nos usages et nos disparitions (sur les réseaux et en dehors, dans l'Art et dans la vie). Entre les genres, prenant le pouls des phrases [qui] sont les sismographes de l'effacement qui parcourt le monde, un ouvrage fondamental sur l'écriture de l'absence et l'absence dans l'écriture est en train de se jouer. Éprouvant dans sa composition même le principe de l'effacement (des pans entiers de pages, gelés dans l'instant précédant leur disparition, sont amenés à la limite de la lisibilité), Erased est une clé pour qui cherche à comprendre les processus à l'oeuvre dans la fabrique de la déconstruction. -
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ucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas.
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1830, 1848, 1871, 1905, 1917... les révolutions et révoltes populaires se sont succédées pendant un siècle. Portés par une volonté de conquêtes sociales, d'une transformation profonde de la société et par l'espoir de voir leurs idées triompher, des auteurs engagés dans différents courants progressistes ont imaginé l'avenir des révolutions qu'ils vivaient ou qu'ils souhaitaient : à partir de théories ils projettent les lecteurs dans une ère nouvelle, un âge d'or à venir. Les sept textes réunis dans Demain, les Révolutions ! témoignent de la diversité des points de vue, des courants et des moyens de réaliser la révolution annoncée. Ces disciples de Saint-Simon et de Charles Fourier, socialistes et anarchistes, communards et anarcho-syndicalistes rêvent de voir le monde changer de base. Dans ces utopies et anticipations révolutionnaires, une nouvelle société se dessine : plus juste, plus fraternelle, plus égalitaire. Si ces espérances ne se sont pas toutes réalisées, elles contiennent des buts à atteindre qui sont toujours d'actualité, elles portent en germe l'émancipation du genre humain et le désir d'un avenir radieux. L'utopie n'est pas une illusion, elle est un idéal ; elle n'est pas une chimère, elle est un projet. Si, comme l'écrivait Victor Hugo, « l'utopie est la vérité de demain », hier comme aujourd'hui, avec tous les Jean Misère, continuons de bâtir des cités idéales, de chanter le temps des cerises et, demain, le soleil brillera toujours !
Présentation de Philippe Éthuin. -
La femme, dans la société nouvelle, jouira d'une indépendance complète ; elle ne sera plus soumise même à un semblant de domination ou d'exploitation ; elle sera placée vis-à-vis de l'homme sur un pied de liberté et d'égalité absolues.
La femme de l'avenir
Auguste Bébel, 1891
Au XIXe siècle, alors que les revendications féministes ne cessent de croître, que les femmes gagnent peu à peu des droits, des hommes écrivent des anticipations sur le rôle futur des femmes. L'anthologie Au Temps où les femmes régneront réunit un échantillon représentatif des fantasmes masculins de cette ère à venir à travers différentes formes : conte, théâtre, utopie... Un siècle après, ces textes continuent de nous interroger et révèlent leur modernité.
Pour certains auteurs, ce sera une sombre époque de relégation des hommes, de remise en cause d'un supposé « ordre naturel », d'inversion des dominations et de tyrannie féminine. Pour les autres, ce sera le triomphe de l'égalité entre les sexes, de la déconstruction des genres et pourra alors naître une société utopique reposant sur des rapports femmes-hommes apaisés.
Comme le dit le poète, la femme est l'avenir de l'homme. -
Demain, la Commune !
Alphonse Allais, Jules Bailly, Andre Leo, Rene De Maricourt, Eugene Pottier, Emile Second, Olivier Souetre, Michel Zevac
- Publie.net
- 3 Mars 2021
- 9782371772540
Depuis son écrasement au terme de la Semaine sanglante, la Commune de Paris ne cesse de hanter notre imaginaire.
Dès 1871, anti-communards et pro-communards ont cauchemardé ou rêvé d'un triomphe à venir de la Commune, imaginant des anticipations, dystopies, uchronies et utopies. Chacun des textes rassemblés dans Demain, la Commune ! imagine, pour le pire ou pour le meilleur, la victoire de la Commune.
Textes réunis par Philippe Éthuin « La période que nous vivons n'est pas sans rappeler celle qui s'intercale entre la chute de la Commune en mai 1871 et la mobilisation générale d'août 1914, qui sonna en apparence le glas des possibilités révolutionnaires. Durant ce presque demi-siècle, les écrivains demeurèrent hantés par le spectre de la Commune, cet épisode révolutionnaire qui devint la nouvelle référence majeure, prenant le relais dans l'imaginaire collectif de la Grande Révolution de 1789, et précédant l'hégémonie dominante que la révolution russe imposa entre 1917 et 1991 aux anticipations révolutionnaires. »
Jean-Guillaume Lanuque, préfacier de Demain, la Commune ! -
Mallarmé est un poète qui traite les problèmes pleinement philosophiques du sens, de la vérité, des possibilités de l'esprit, mais strictement selon la nature et par les moyens de l'expérience poétique. Dans Mallarmé, c'est le vers, le lexique, la grammaire, les images, qui constituent la pensée comme philosophique : ses notions et sa problématique, son discours et sa logique, sa vision des choses et des dieux, son effort et son style. PIERRE CAMPION Rééditer aujourd'hui ce livre paru aux PUF en 1994, c'est saluer une double actualité, celle sans cesse renouvelée des actes de pensée qu'agence la poésie de Mallarmé et celle du regard que Pierre Campion porte sur cette poésie. Avec rigueur, beauté du style et intelligibilité, celui-ci nous guide dans l'écriture de Mallarmé et nous révèle sa portée contemporaine, à l'heure d'une longue crise qui en appelle à toute pensée poétique capable d'esquisser un avenir. PHILIPPE AIGRAIN