L'histoire inédite d'une exception française, de Montaigne à François Mitterrand.
La France possède une singularité enviée du monde, et sans doute vouée à disparaître : la liaison étroite qu'entretiennent depuis des siècles la politique et la littérature. En quel autre pays, un homme d'État estimerait que la légitimité issue du suffrage est rehaussée par le prestige de l'écriture ? En quel autre pays les grands écrivains jugent que leur génie leur octroie le devoir d'éclairer les destinées de la nation et de guider le peuple ? Ce croisement n'a pas été l'exception mais la norme, comme en témoignent par exemple la publication du Mémorial de Sainte-Hélène et celle des Mémoires de Charles de Gaulle dans la bibliothèque de la Pléiade.
Du XVIe au XXIe siècle, ce grand livre met en lumière, à travers une galerie de portraits d'hommes politiques qui ont écrit des chefs-d'oeuvre et d'écrivains phares qui ont exercé le pouvoir, cette endogamie paradoxale qui n'a cessé de susciter l'étonnement des étrangers, car elle donne aux mots une résonance et à la politique une élévation, presque une transcendance, qui manque tant aujourd'hui.
Du côté des hommes d'État, voici Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Mirabeau, Napoléon, Clemenceau, Jaurès, Blum, de Gaulle et Mitterrand, dont l'exercice du pouvoir s'est accompagné des pouvoirs de l'écrit. Parmi les écrivains dont la renommée a été le piédestal des ambitions politiques, voici Montaigne, Chateaubriand, Lamartine, Tocqueville, Hugo, Barrès, Malraux, Senghor...
La littérature apparaît tantôt comme le vecteur d'une ambition, tantôt comme le deuil éclatant d'espoirs déçus, tandis que la politique cherche dans la littérature un surcroît de légitimité conjugué à un brevet pour la postérité.
Un livre fort, doté d'une écriture superbe ; des portraits ciselés qui convoquent l'ironie de Saint-Simon et ont la profondeur de ceux de Sainte-Beuve.
Quoi de commun entre George Bush, un Afro- Américain condamné à mort en Indiana, l'extrême droite française, la Fédération anarchiste, Le Figaro, L'Humanité, des stars de Hollywood et des intellectuels arabes anticolonialistes ? Tous revendiquent Camus. Camus est partout, mais qui est-il ? Colonialiste ou anticolonialiste ? Pour ou contre la peine de mort ? Résistant de la première heure ou personnage aux engagements ambigus et tardifs ? Militant antifranquiste aux accents révolutionnaires ou antimarxiste de toujours ?
La plupart des ouvrages sur Camus, dithyrambiques ou à charge, ont en commun d'éluder les ambiguïtés du personnage. Brisant l'image du penseur aux propos définitifs, aux sentences humanistes apparemment inattaquables, ce livre propose une relecture de Camus dans le texte qui met ses contradictions au premier plan : car elles constituent la force motrice de son oeuvre, une clé de son « style », et expliquent sa popularité actuelle.
Olivier Gloag rappelle l'attachement viscéral - teinté d'humanisme - de Camus au colonialisme et au mode de vie des colons, qui traverse ses trois oeuvres majeures : L'Étranger, La Peste, Le Premier Homme.
Il examine ses engagements politiques à la lumière de sa brouille avec Sartre, auquel toute l'oeuvre de Camus semble répondre : la tension entre révolte et révolution, son recours à l'absurde comme refus du cours de l'Histoire, son anticommunisme et son déni de la lutte de peuples colonisés. Enfin, Olivier Gloag se penche sur les récupérations de Camus :
L'auteur le plus populaire en France et Français le plus lu dans le monde est devenu un enjeu politique et idéologique. L'invocation d'un Camus mythifié projette un reflet flatteur mais falsificateur de l'histoire coloniale. Elle permet de solder le passé à peu de frais et d'éviter de faire face à notre présent néocolonial. C'est ce Camus-là qu'il faut oublier pour reconnaître les déchirements d'un auteur tout aussi passionnément attaché aux acquis sociaux du Front populaire qu'à la présence française en Algérie.
Rien ne semble plus incongru que de prendre appui sur la société d'Ancien Régime pour penser le refus féminin. Assignées au devoir de « réserve » par les traités de civilité et au silence ou à la « feinte résistance » par les codes de séduction, les héroïnes de la littérature classique n'auraient rien à nous transmettre, surtout pas le pouvoir de dire « non ». On aurait pu croire l'affaire pliée sans la sagacité de Jennifer Tamas. Car, à leur manière, les femmes du Grand Siècle ont résisté, elles ont désobéi, et de ces combats à bas bruit il demeure des traces. Sous les images de princesses endormies célébrées par l'industrie du divertissement se cachent de puissants refus, occultés par des siècles d'interprétations patriarcales. Jennifer Tamas les exhume avec courage et subtilité, elle traque l'expression du féminin sous le regard masculin et tend savamment l'oreille vers le bruissement des voix récalcitrantes. Conviant les figures dissidentes des siècles anciens, du Petit Chaperon rouge à Bérénice, elle vivifie le discours féministe et trouve chez Marilyn Monroe le secret d'Hélène de Troie. Elle révèle ainsi, non sans un brin d'irrévérence, un magnifique matrimoine, trop longtemps séquestré dans les forteresses universitaires.
Il y a un « e » à génie mais combien de fois avez-vous entendu qu'une femme était géniale ?Première femme écrivain, voire premier écrivain tout court, musicienne, philosophe, éducatrice, activiste politique, Sappho (VIIe siècle avant J.-C.) fut, de son vivant, la première autrice à être reconnue comme géniale. Elle fut par la suite, de l'Antiquité à nos jours, sans cesse métamorphosée, quitte à être détournée, ce qui lui assure paradoxalement le privilège d'une nouvelle existence. Toujours trahie, toujours vivante, toujours géniale, telle est Sappho de Mytilène.Ce sont quelques-unes de ces vies, à la fois absolument réelles et fictives puisqu'elles ont été crues, neuf pièces d'un fascinant puzzle, que raconte ce livre. Sage aussi connue et révérée que Socrate chez les Grecs, Sappho devient tour à tour courtisane, sorcière païenne, activiste révolutionnaire, lesbienne sulfureuse et féministe iconique, miroir tranchant où se reflète l'image de la femme propre à chaque époque. À travers ces neuf vies de Sappho, emblème de toutes les femmes qui ont osé prendre la plume pour faire entendre leur voix, Laure de Chantal explore la question de la place que les sociétés ont réservé au génie féminin, à commencer par la nôtre.
La vie et l'oeuvre des plus grands écrivains français !
Grâce au Petit Larousse des grands écrivains français, découvrez ou redécouvrez les textes majeurs, les écrivains et les poètes incontournables, les principaux genres et mouvements littéraires. Plongez dans l'univers de chaque auteur, le contexte de la genèse de ses écrits et de ses choix stylistiques. Des anecdotes insolites ou amusantes vous dévoileront également des aspects méconnus de sa vie et de son oeuvre.
Richement illustré, le Petit Larousse des grands écrivains français décrypte de nombreux textes de façon claire et minutieuse. Enrichi des extraits emblématiques des oeuvres les plus célèbres, il permet de comprendre toute la richesse de la littérature française, d'en saisir son histoire et d'en percevoir son caractère éternel.
Bien plus qu'un mouvement littéraire du XIXe siècle, le romantisme est une vision du monde, une protestation culturelle contre la civilisation capitaliste et une critique radicale des dégâts infligés par celle-ci à la planète qui court de la fin du XVIIIe siècle à aujourd'hui. Pour montrer cette continuité dans le temps, ce livre analyse six thématiques à travers six figures très diverses : la critique environnementale avec le botaniste-voyageur William Bartram ; le désastre écologique avec le peintre Thomas Cole ; l'utopie écologique avec l'artisan William Morris ; la dénonciation du « meurtre » de la nature avec Walter Benjamin ; l'écologie socialiste avec le critique littéraire Raymond Williams ; et la guerre climatique avec l'essayiste militante Naomi Klein.
Après le succès du Dictionnaire égoïste de la littérature française, devenu un classique, le Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale nous rappelle qu'il n'y a pas d'écrivains « étrangers ». Malgré la différence de langue, ils peuvent être plus proches de nous que bien des auteurs français.
D'Eschyle à Gabriel García Márquez, voici, aimés et cajolés, parfois contestés, en tout cas n'étant jamais pris avec indifférence, les écrivains célèbres ou secrets de tant de pays et d'époques, avec leurs livres et leurs personnages, ainsi que des notions et des « express ».
Un ouvrage allègre, partial, drôle, sérieux, brillant, qui donne envie de converser avec l'auteur, l'un des essayistes majeurs de la littérature française contemporaine, à propos de cette littérature avec laquelle nous vivons, et qui nous fait vivre.
Voir les grands romans de la littérature française autrement: telle est la promesse de cet ouvrage qui permettra au lecteur de découvrir les secrets de ces textes dont la postérité a fait des chefs-d'oeuvre.
En matière de littérature et de style, dit-on, les conservateurs révolutionnent et les révolutionnaires conservent. Les amis du peuple parlent le français de Richelieu, les amis de l'ordre jargonnent comme des Apaches. L'idée a la peau dure : remontant au moins à Stendhal, il n'est pas rare de la trouver sous la plume des réactionnaires d'aujourd'hui, chez Houellebecq, par exemple, qui fait dire à l'un de ses personnages que tous les grands stylistes sont des réactionnaires. La droite ferait passer le style avant toute chose. À preuve, Céline, dont il serait dès lors possible d'ignorer les idées antisémites et exterminatrices, ou du moins de les dissocier radicalement du style constitutif de sa grandeur.
Or, Vincent Berthelier le montre, ce discours remplit historiquement une fonction politique. Il se solidifie après- guerre, chez des Hussards soucieux de minimiser l'engagement vichyste ou hitlérien de la droite littéraire et de réhabiliter leurs aînés en les présentant comme des stylistes.
Plus largement, en étudiant un large corpus d'auteurs de droite et d'extrême droite, ce livre ambitieux voudrait repenser les rapports entre style, langue et politique. Il s'intéresse d'abord à la conception du style et de la langue défendue par certains écrivains, tout en proposant des analyses précises de leur écriture. À chaque étape, il s'agit d'explorer la problématique du style à partir des enjeux idéologiques du moment : dans l'entre-deux-guerres (Maurras, les puristes, Bernanos, Jouhandeau), dans la période de l'essor du fascisme et de la Libération (Aymé, Morand, Chardonne), enfin des années 1970 à nos jours, dans la période où s'élabore une nouvelle pensée réactionnaire (Cioran, Millet, Camus, Houellebecq).
Objet singulier et pourtant pluriel, se prêtant à la rêverie autant qu'à la réflexion, le livre est d'abord une marchandise : il se fabrique, passe des mains du vendeur à celles de l'acquéreur, il s'offre ou se troque, ou encore se vole...
Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, et sur tous les continents, des femmes et des hommes de passion ont permis aux auteurs de diffuser leurs idées, leurs savoirs, leurs oeuvres, et aidé les lecteurs de tous âges, lettrés ou non, à faire provision de culture et de découverte. Au fil des siècles, ces transmetteurs ont inventé un métier, puis l'ont partagé, se sont unis en corporation, ont établi puis agrandi des librairies, sans jamais cesser de renouveler leurs pratiques.
C'est l'histoire de tous les libraires et de leurs commerces qui est ici retracée.
Nous guidant à travers les arcanes d'une industrie culturelle majeure placée de tout temps à la croisée entre le monde des idées et celui de l'économie, Jean-Yves Mollier retrace minutieusement les méandres des chemins menant le livre vers son lecteur. Ce faisant, il rend hommage aux libraires, ces indispensables « passeurs culturels », dont il rappelle avec sympathie et conviction l'importance du rôle social - un rôle d'autant mieux perçu aujourd'hui que celui-ci est concurrencé par des algorithmes.
Ce livre est un exercice d'admiration. J'ai eu la chance de rencontrer en Roland Barthes quelqu'un de totalement habité par la passion de la littérature et le désir de l'écriture, et qui avait la particularité d'écrire pour faire sentir ce désir, communiquer son éclat. D'écrire et d'enseigner. Il s'est agi pour moi en ces pages de faire exister Roland Barthes comme professeur, et plus largement, de souligner un certain nombre de valeurs que chacun de ses livres affirme, telles : l'amour de la langue, la différence au lieu du conflit, le goût du présent. Des valeurs sous le signe de l'harmonie, mais qui recèlent, s'il le faut, un pouvoir de résistance à tout ce qui se situe du côté du stéréotype, de la répétition mécanique, de la violence.
C.T.
Les écrivains sont des créateurs de mondes. Le Pays Imaginaire, la Terre du Milieu, Narnia, la forêt des Rêves Bleus, l'île de Robinson... cet atlas présente les cartes de ces lieux familiers des lecteurs.
Vingt-trois auteurs évoquent les territoires qu'ils ont fait naître dans leurs oeuvres à travers les plans qu'ils ont imaginés. Ils racontent également les lieux littéraires ou réels qui les ont fait rêver et ceux qui furent à la source de leur propre inspiration. Un magnifique voyage de carte en carte à travers la littérature : une inépuisable source de rêverie et d'aventure !
« Nos cartes étaient des oeuvres d'art. Les principaux volcans crachaient de telles flammes et étincelles qu'on eut pu craindre que ces continents de papiers ne s'embrasent ; les chaînes de montagnes étaient si bleues et blanches de glace et de neige qu'elles vous glaçaient le sang. Nos déserts bruns et arides étaient grumeleux de chameaux et pyramides, et nos jungles tropicales si luxuriantes et enchevêtrées que les jaguars voûtés, serpents agiles et gorilles moroses ne s'y mouvaient qu'avec difficulté [...]. Nos rivières étaient larges et plus bleues qu'un myosotis, constellées de canoés et de crocodiles. Nos océans étaient tous sauf vides... Ces cartes étaient vivantes, on pouvait les étudier, les inspecter, les compléter ; des cartes qui, en définitive, avaient un vrai sens. » Gerald Durel,Ma famille et autres animaux, 1956.
Didactique et complet, ce livre offre à la fois :
- 1re partie : une histoire de la littérature française (auteurs et oeuvres phares, personnages clés, mythes, grands courants...) et une théorie des genres (roman, théâtre, poésie, argumentation) - 2e partie : les outils d'analyse de textes appliqués à 175 extraits littéraires classiques et contemporains Avec : des renvois constants d'une partie à l'autre pour une compréhension approfondie, une anthologie de textes commentés, des frises chronologiques, un lexique des termes techniques, un index des oeuvres et des auteurs cités, un index des notions.
Les livres-jeux sont en pleine renaissance aujourd'hui : entre les rééditions de classiques du genre (les Défis fantastiques édités par Gallimard Jeunesse), leurs adaptations en jeu vidéo, les produits dérivés de personnages connus (Batman et autres) ou les toutes nouvelles créations, ils sont partout, et tous les éditeurs jeunesse en proposent aujourd'hui. Oui, mais d'où viennent-ils ? Comment, au début des années 1980, sont-ils apparus ? Comment ont-ils alors conquis le coeur de jeunes joueurs au point que ces derniers en collectionnent les premières éditions, quarante ans plus tard ? Autant de questions auxquelles répond cet ouvrage.
« Comme le suggère sans doute un titre dont la constance ne doit (presque) rien à la paresse, on trouve ici des pages aussi diverses par leur âge que par leurs thèmes. Leur propos est d'esthétique en général, de poétique en particulier, de musique parfois, de peinture souvent, mais le plus spécifique en apparence y a souvent trait au plus universel. Leur disposition, quoique nullement aléatoire, n'exige aucun respect de la part du lecteur, qui s'en affranchira même assez pour négliger, s'il veut, telle ou telle étape : sauter des pages est un droit qu'on acquiert avec chaque livre, et qu'on ne saurait exercer avec trop d'ardeur, puisque - l'étymologie nous l'assure - lire, c'est choisir, et donc, bien évidemment, ne pas lire. Quelques-uns de ces objets pourtant - Stendhal, Proust, Venise - insistent, et signent.» G.G.
Molière est l'auteur de langue française le plus lu, le plus joué et le plus traduit dans le monde, depuis fort longtemps, et aujourd'hui encore. Il a fait l'objet de célébrations nationales et internationales à l'occasion des 400 ans de sa naissance en 2022, puis des 350 ans de sa mort en 2023. Fruit de plus de dix ans de travail et fort de la collaboration d'une équipe de plus de 45 personnes, cet inventaire raisonné permet au lecteur de se promener au hasard des notices et des renvois. Il propose aussi cinq parcours de lecture croisés : une plongée dans sa vie et son temps, le Grand Siècle de la culture française ; une traversée de son oeuvre, rendue à ses conditions de production et de réception ; un récit de sa postérité à travers les époques, qui en ont fait tour à tour le classique par excellence, l'incarnation de l'esprit français, le bréviaire de l'école républicaine et finalement la quintessence de la langue française, rebaptisée « langue de Molière » ; une analyse de ses adaptations, réécritures et transpositions dans différentes formes d'expression, mise en scène bien sûr, mais aussi roman, cinéma, bande dessinée, et bien d'autres ; enfin, l'exploration de sa présence par-delà les frontières, sur les cinq continents, une sorte de Molière sans frontières dont la lecture s'enrichit de ses différentes réappropriations. Rarement réunies en un seul livre, vie, oeuvre, postérité et diffusion internationale permettent de prendre la mesure de l'une des figures capitales les plus prégnantes de notre héritage culturel.
Ce dictionnaire encyclopédique couvre la totalité des aspects de la vie et l'oeuvre du plus grand homme de l'histoire du théâtre français : éléments de contexte historique, religieux, politique ou scientifique, découpage analytique de son répertoire, notices sur ses contemporains, ses prédécesseurs, entrées thématiques transversales autour du cinéma ou de la pop culture... Il est ancré dans l'histoire des conditions de production et de réception de l'oeuvre de Molière et propose une histoire culturelle de ses usages à travers les époques, soucieux de montrer les points de tension et les complémentarités entre l'enfant de la balle et le directeur de troupe, la province et la capitale, la cour et la ville, la gloire nationale et le rayonnement international.
« Dantesque » : voilà comment, en français, l'usage a résumé le caractère sombre, terrifiant et tout à la fois sublime de l'oeuvre de Dante Alighieri (1265-1321). Encore ce jugement ne s'applique-t-il qu'à la Divine Comédie, car Dante est également l'auteur de la Vie nouvelle, des Rimes, d'un traité De l'éloquence en vulgaire, d'un Banquet et de la Monarchie. Baudelaire le savait : « Un des caractères principaux du grand peintre est l'universalité. - Ainsi le poète épique, Homère ou Dante, sait faire également bien une idylle, un récit, un discours, une description, une ode, etc. » Après avoir retracé la vie de celui que l'on considère comme le « père de la langue italienne », Carlo Ossola passe en revue toutes ces manifestations du génie de Dante, consacrant naturellement une large part de son propos à la Divine Comédie, sommet de la littérature médiévale. Car ce sont bien dans les tercets où Dante, en compagnie de Virgile, nous conduit de l'Enfer au Paradis en passant par le Purgatoire que sont mis en scène les universaux, physiques et métaphysiques, chers à la tradition aristotélicienne, et légués par cette voie (et cette voix) à la pensée et à l'histoire de toute la chrétienté.
La mise en oeuvre coloniale qui en a été faite a fortement discrédité le concept d'universalisme sur le plan politique. Dans le même temps, les idéaux d'une société mondiale cosmopolite, qui vont de pair avec lui, font l'objet d'attaques toujours plus vives des forces nationalistes. Que reste-t-il des idéaux universalistes dans le monde postcolonial ? Comment trouver après l'universalisme européen les approches d'une nouvelle universalité sans laquelle il est impossible d'organiser connaissance et justice dans la société mondiale ? Cette question apparaît comme un problème de mise en forme narrative du monde, ce que certains auteurs de langue française illustrent magnifiquement, à l'instar de Mathias Énard ou Léonora Miano, Camille de Toledo ou Wajdi Mouawad.
Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-coeur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire. Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès.
Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux.
Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, «à l'arrière-garde de l'avant-garde», comme il aimait se situer.
Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté.
La littérature comparée est à entendre comme la science comparative de la littérature, une branche des sciences humaines et sociales qui se propose d'étudier les productions humaines signalées comme oeuvres littéraires, sans que soit définie au préalable quelque frontière, notamment linguistique, que ce soit. Il ne s'agit pas tant de « comparer des littératures » que de questionner la littérature (au sens de collection d'oeuvres) en plaçant chaque oeuvre, ou chaque texte, dans des séries élaborées par le chercheur, qui interrogent la singularité relative de cette oeuvre. Les comparatistes construisent ainsi des espaces où ils se heurtent volontairement à des oeuvres venues de pratiques et de cultures « autres » : l'étranger est leur pierre de touche.
Cet ouvrage présente un état documenté des orientations actuelles de cette discipline, et suggère quelques perspectives susceptibles de contribuer à un humanisme moderne.
Une longue file de 70 écrivains, qu'ils soient académiciens ou jeunes romancières, à la suite de Leïla Slimani et de Jean d'Ormesson, se déroule dans les pages de cet ouvrage.
Réunis pour un cadavre exquis historique par Étienne de Montety, à l'occasion des 70 ans du Figaro littéraire qu'il dirige, ils se prêtent au jeu littéraire hérité des surréalistes et se laissent photographier pour l'occasion par Stéphane Lavoué.
En contrepoint des photographies, le manuscrit inédit et une vidéo de chaque auteur lisant son texte (accessibles via l'application gratuite Albin Michel Beaux Livres + en flashant les pages du livre*) révèlent une part intime de leur personnalité.
Cette file d'écrivains, mis à nu, devient alors symbole : c'est l'éternelle célébration de l'écriture, et de la littérature, pour « adoucir le cours du temps », selon le voeu de Borges.* l'application gratuite Albin Michel Beaux Livres + est disponible sur smartphone ou tablette, Android et Apple.
Lire Magazine vous propose son numéro tant attendu spécial rentrée littéraire avec nos 50 livres préférés!
Au sommaire:
Le grand entretien : Ivan Jablonka à l'occasion de la parution de Goldman aux éditions du Seuil L'univers d'un écrivain : Éric Reinhardt, un parisien en ses forêts Le dossier : Marguerite Yourcenar Le portrait : Pierric Bailly, la nature des autres L'enquête : Fiction française et environnement Actualité climatique oblige, de nombreuses plumes françaises font des enjeux environnementaux et des catastrophes dites naturelles la matière d'oeuvres inspirées, radicales ou poétiques, sur l'écologie et notre rapport à la nature.
L'événement : Hernan Diaz, Le sens de la fortune En avant-première, les extraits de :
Les Heures heureuses, de Pascal Quignard; La Cité de la victoire, de Salman Rushdie; Dali 1. Avant Gala, de Julie Birmant et Clément Oubrerie et La Clinique de la dignité, de Cynthia Fleury.
Bonne lecture!
Mobilisons-nous !
Parce que chaque jour la langue française est malmenée, Lire Magazine propose ce hors-série exceptionnel entièrement consacré aux tics de langage, barbarismes, pléonasmes, anglicismes et autres liaisons fatales qui la détruisent lentement mais sûrement...
Il est grand temps de réagir pour préserver notre belle langue française. En plus de dénoncer les fautes les plus souvent commises, ce numéro donne des trucs et astuces efficaces pour respecter les règles indispensables.
Barbarismes, confusions lexicales, pléonasmes, anglicismes... Tous nos conseils pour rétablir le goût du bon usage.
Plus de 150 quiz sont également au menu de ce hors-série de 100 pages richement illustrées à lire... sans faute !