" La littérature est l'essentiel, ou n'est rien. Le Mal - une forme aiguë du Mal - dont elle est l'expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne commande pas l'absence de morale, elle exige une " hypermorale ". La littérature est communication. La communication commande la loyauté : la morale rigoureuse est donnée dans cette vue à partir de complicités dans la connaissance du Mal, qui fondent la communication intense. La littérature n'est pas innocente, et, coupable, elle devait à la fin s'avouer telle. L'action seule a les droits. La littérature, je l'ai, lentement, voulu montrer, c'est l'enfance enfin retrouvée. Mais l'enfance qui gouvernerait aurait-elle une vérité ? "
C'est aux abords de la nuit que les hommes racontent des histoires.
Des Guayaki de Pierre Clastres au chanvreur de George Sand et de Shéhérazade aux parents d'aujourd'hui, il existe un lien atavique entre l'usage du récit et la peur d'un univers livré aux puissances nocturnes.
Ou plutôt : il existait. La domestication du monde a fini par dispenser l'imagination des hommes d'opérer la catharsis de l'effroi des lieux qu'ils habitent. Affranchie de son ancien rôle, la littérature ne célèbre plus que son propre office.
Mais voilà que le monde change. Voilà qu'un nouveau contexte - hostile, inhospitalier - fissure nos systèmes de climatisation. Les désordres climatiques nous remplissent de terreur, l'agonie de la vie sauvage nous accable de pitié. Nous pleurons pour la planète et tremblons pour le futur. Ce nouveau sentiment tragique invite la littérature à sortir de sa réserve et à reprendre du service. Court-circuiter le réel n'est plus une solution. Licencier l'imaginaire n'est plus une solution. La hantise du contexte travaille de nouveau sous le plaisir du texte. L'économie de la fiction se réouvre aux cycles longs d'une écologie du récit.
Les cinq études qui composent ce volume forment une suite rigoureuse qui est un essai de méthode « appliqué » à la Recherche du temps perdu.
« Comme toute oeuvre, comme tout organisme, la Recherche est faite d'éléments universels qu'elle assemble en une totalité singulière. L'analyser, c'est donc aller non du général au particulier, mais bien du particulier au général. Ce paradoxe est celui de toute poétique, sans doute aussi de toute activité de connaissance, toujours écartelée entre ces deux lieux communs incontournables, qu'il n'est d'objets que singuliers, et qu'il n'est de science que du général ; toujours cependant réconfortée, et comme aimantée, par cette autre vérité un peu moins répandue, que le général est au coeur du singulier, et donc - contrairement au préjugé commun - le connaissable au coeur du mystère. » G. G.
Ce dictionnaire définit et illustre les termes techniques intéressant les sciences du langage et, plus particulièrement, la grammaire, la linguistique et la stylistique.
Il propose de nombreux exemples empruntés aux auteurs classiques, auxquels s'ajoutent des conseils de pédagogie pratique intéressant la relation aux élèves des collèges, lycées et de l'enseignement supérieur.
Il présente et analyse notamment les grandes réformes de la grammaire définies dans l'après-guerre.
« La littérature et les autres formes de discours ; la poésie et la fiction ; l'oeuvre individuelle dans son rapport au genre : tels sont les thèmes qu'abordent les essais ici réunis. Un trait me frappe à la relecture : c'est leur caractère, en quelque sorte, intermédiaire. [.] J'essaie d'éviter aussi bien un impressionnisme qui me paraît irresponsable, non parce qu'il est privé de théorie, mais parce qu'il ne veut pas le savoir, qu'un formalisme terroriste, où tout effort de l'auteur s'épuise à découvrir une notation plus précise pour une observation qui l'est souvent très peu. À vouloir gagner sur les deux tableaux, on risque de perdre ici et là : destin peu enviable, auquel je ne saurais pourtant renoncer. » T. T.
De l'Antiquité à Patrick Chamoiseau. Le thème de la nature est un des plus riches de la littératureoccidentale. Il est central chez tous les grands auteurs depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine. Principe de toutesles formes et énergies vitales, la nature est autant source d'inspirationqu'espace de rêverie ou lieu de questionnement. Lesspectacles naturels mobilisent en effet une palette de registreséblouissante : paisiblement bucoliques ou fortement symboliques,les scènes de la nature peuvent aussi s'attacher aux phénomènesatmosphériques et célestes, aux scénographies de lalumière, aux descriptions d'animaux ou de paysages, aux évocationsdu travail des champs, sans oublier toutes les variationssur l'image du jardin d'Éden. La nature offre un miroir exaltantdes émotions et sentiments les plus profonds de l'homme, auxquelsl'écriture littéraire donne sa puissance de suggestion et sa force de résonnance.
On trouve dans la poésie et les romans de Victor Hugo une étrange correspondance : regarder une femme - en la désirant - équivaut à sombrer dans la profondeur d'un océan. Voir la femme? «Voir le dedans de la mer». Voir une tempête se lever? Sentir monter les effluves du désir. Comment l'écriture va-telle rendre sensibles les tourments psychiques pour autant qu'ils sont faits aussi de tourmentes physiques et, même, atmosphériques?
Nous voici alors convoqués, au-delà de l'exégèse littéraire, sur le plan d'une vaste phénoménologie du monde visible : c'est bien matériellement, en quelque sorte, que cette équivalence se manifestera sur chaque feuille de papier dans l'immanence même des images admirables inventées par Victor Hugo - façon de découvrir, dans les chimères hypocondriaques du peintre-poète, un grand art lucrétien capable de donner à chaque organe l'immensité d'une tempête et à chaque milieu l'intensité d'un geste corporel animé de passion.
Cet ouvrage fournit les principales clés pour analyser les textes et discours argumentatifs. Quatre parties constituent ce livre :
- une définition de l'argumentation comme articulation d'un discours à un contre-discours ;
- un repérage de l'orchestration des points de vue au coeur de l'argumentation ;
- une typologie des arguments et autres ressorts de l'argumentation ;
- un inventaire des différents marqueurs langagiers sur lesquels s'appuie l'analyse des textes et discours argumentatifs.
Des exercices corrigés concluent chaque chapitre.
En 1989, Bernard Magné (1938-2012) avait fait paraître aux PUM un recueil de Perecollages, réunissant les principaux articles qu'il avait consacrés à l'oeuvre de Georges Perec depuis 1981. Ce deuxième volume (dont B. Magné avait le projet) rassemble les plus importants des articles qu'il a publiés dans les années 1990 : ils sont notamment consacrés à La Vie mode d'emploi (1978), le chef-d'oeuvre oulipien de Perec, pour lequel cet ouvrage constituera donc un guide de lecture indispensable.
Manifestant une exigence critique peu commune, ce témoignage d'un lecteur d'exception regroupant des textes pour la plupart devenus introuvables est appelé à faire référence pour les spécialistes (enseignants et étudiants) et les amateurs, toujours plus nombreux, de l'oeuvre aujourd'hui classique de Georges Perec.
Et si Flaubert, dont on fête en 2021 le bicentenaire, n'était né, en réalité, qu'il y a une cinquantaine d'années?? Entre?1960 et?1980, la France traverse une période d'intense effervescence intellectuelle?: ce que l'on appellera le moment théorique. Les sciences de l'homme sont mises à contribution pour repenser la littérature selon les normes d'une axiologie formelle - le structuralisme - où prévalent les exigences de systématicité et de radicalité.
C'est dans ce contexte que Flaubert acquiert une notoriété de premier plan. En moins d'une décennie, il s'impose comme une référence dominante pour la nouvelle critique, l'Université et les jeunes romanciers qui découvrent sa flamboyante Correspondance à travers une anthologie, centrée sur sa poétique?: Préface à la vie de l'écrivain de Geneviève Bollème, où il apparaît comme un véritable précurseur du roman contemporain et de l'esthétique conceptuelle.
De Roland Barthes à Michel Foucault, de Jean-Paul Sartre à Pierre Bourdieu ou à Jacques Rancière, de Michel Butor, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet à Pierre Bergounioux ou Pierre Michon, de Jean-Pierre Richard à Gérard Genette, c'est toute une génération qui reconnaît en Flaubert la figure souveraine de l'écrivain, au sens absolu du terme, à la fois prophète du minimalisme, théoricien du style et du travail sur la prose, penseur du processus créatif et inventeur du roman moderne. Sans chercher à être exhaustif, cet ouvrage suit l'ordre alphabétique pour explorer, à travers quelques grands acteurs du moment théorique, ce fascinant processus de réception créatrice dont nous continuons tous aujourd'hui à être les héritiers.
Ce volume regroupe un choix de textes précédemment publiés dans Questions de poétique, études que Roman Jakobson a consacrées, de 1920 à 1970, à la théorie de la littérature. La fonction poétique, la métaphore et la métonymie, la dominante, la poésie de la grammaire, l'espace du texte : autant de notions, et de problèmes qui sont devenus le point de départ de discussions les plus fécondes.
Roman Jakobson ouvre les yeux des linguistes aux faits poétiques, considérés longtemps comme marginaux, et prouve aux « littéraires » que la poésie est bien, avant tout, oeuvre de langage.
Les auteurs de fiction exigent de leurs lecteurs qu'ils pénètrent dans des espaces étranges, dans le monde d'Antigone, de Don Quichotte ou de Sherlock Holmes. Ces univers factices évoquent - plus ou moins - le monde réel, mais ils s'en éloignent aussi par bien des aspects. Pourquoi et comment la fiction continue-t-elle cependant de nous attirer et de nous parler ?
Thomas Pavel entreprend ici, dans un style plein de saveur et d'humour, de définir le mode d'existence des êtres imaginaires et de dégager la fonction culturelle des oeuvres de fiction.
L'institution de la fiction ne cesse de changer au cours du temps sous l'effet d'une économie de l'imaginaire : selon les circonstances, un même territoire - un même texte - peut passer de la vérité à la fiction, et réciproquement, en endossant des fonctions hétéroclites. L'histoire de la culture, et de nos croyances, est faite de ces incessantes fluctuations.
Le recueil Théorie de la littérature, paru originellement en 1965, a révélé aux lecteurs français l'existence d'une remarquable école d'analyse littéraire, qui avait prospéré à Saint-Pétersbourg (ensuite Leningrad) et Moscou, entre 1915 et 1930. Depuis, ceux que leurs adversaires nommaient les formalistes sont devenus célèbres dans le monde entier. Le recueil a été traduit en italien, espagnol, portugais, japonais, coréen, turc et grec ; d'autres écrits des formalistes ont été publiés et traduits dans de nombreuses langues, et des ouvrages leur ont été consacrés.
La présente édition a été révisée et mise à jour, pour permettre de lire ou de relire cette réflexion toujours stimulante sur l'art littéraire, issue d'un groupe de brillants jeunes critiques et linguistes russes : Viktor Chklovski, Roman Jakobson, Iouri Tynianov, Boris Eichenbaum et quelques autres.
Les Leçons de Fortini font partie de cette catégorie de textes qui témoignent de la "réflexion sur la traduction" menée depuis des siècles par les traducteurs, les philosophes ou les écrivains, sans s'astreindre aux procédures modernes de la "théorie" proprement dite. Leur publication a été saluée en Italie comme étant d'un intérêt majeur, à la fois pour le sujet traité et pour la connaissance de Fortini.
On peut ajouter qu'elles sont également extraordinairement captivantes à la lecture, le style de Fortini étant d'une fluidité et d'une subtilité plus que remarquables. Avec la sagacité d'un traducteur expérimenté, avec la perspicacité solitaire de l'exilé politique qu'il a été pendant la guerre et de l'intellectuel indépendant qu'il a toujours voulu être, avec la curiosité d'un voyageur humaniste et l'immense culture d'un Européen polyglotte, Fortini livre ici une réflexion précieuse sur la traduction, répondant à des questions devenues centrales pour nous : comment et pour qui traduire, en fonction de quoi et pour combien de temps ? En outre, c'est ici la seconde fois seulement qu'un livre de Fortini paraît en France, alors qu'il s'agit d'un auteur italien majeur dont on s'explique mal qu'il ait été encore si peu traduit en français.
Le public français y trouvera non seulement un grand texte sur la traduction, mais aussi le témoignage d'une réflexion sur la littérature inscrite dans la double proximité de Roland Barthes et de Pasolini, Fortini étant en quelque sorte le chaînon manquant entre ces deux grands penseurs. Il y découvrira comment l'histoire italienne récente de la traduction (avec l'influence persistante exercée par les formulations parfois radicales de Benedetto Croce) vient s'inscrire en dialogue avec les grandes références allemandes et françaises dans la pensée d'un des plus grands intellectuels italiens de la deuxième moitié du vingtième siècle.
L'analyse de la poésie, même contemporaine, ne saurait se passer d'une connaissance approfondie de la versification, discipline rigoureuse, délicate, et qui ouvre à une étude plus complète de ce tout signifiant qu'est le poème. Cet ouvrage présente une série d'exercices progressifs qui couvrent le champ dévolu à cette discipline, du vers aux formes fixes en passant par le rythme et la rime : les textes d'application sont variés, choisis dans des genres et des époques diversifiés, et chaque question est développée selon un plan clair et pédagogique. À travers l'ensemble, c'est toute la question du langage poétique qui est posée.
Dans le dictionnaire, le fantastique se définit comme une création de l'imaginaire. Ce pourrait être, au fond, une définition de l'oeuvre d'art en général, de l'oeuvre littéraire en particulier, puisant au réel pour le représenter - le rendre à nouveau présent. Une définition de la poésie même ? Ceci n'est pas un goût de la littérature fantastique au sens où l'analysait Tzvetan Todorov pour mieux la définir, distinguant ce genre du merveilleux, de l'étrange, du surnaturel, ou encore du poétique et de l'allégorique. Mais un goût du fantastique, au sens étymologique : un goût de l'imaginaire, de l'irréel. Ou encore, un goût de la littérature, la plus réaliste soit-elle, dans la mesure où elle ne peut être que cela : par essence irréelle.
Il sera donc ici question du connu et de l'inconnu, de l'ici et de l'ailleurs - dans l'espace, dans le temps -, de l'humain et de l'inhumain, du moi et de l'autre. Il sera question de frontières, mouvantes, de monstres, de chimères, de vampires, de fantômes, et autres créatures issues d'un étonnant bestiaire...
Toute communication est rhétorique, dès lors qu'on cherche à faire valoir un point de vue. Les conversations quotidiennes, les discours politiques et médiatiques prouvent à chaque instant que la plupart de nos raisonnements sont fondés sur des valeurs et supposent des conflits d'intérêts, ce qu'Aristote avait compris bien avant nous.
C'est pourquoi ce livre étudie, à la lumière des traités anciens comme des recherches contemporaines, les principaux procédés relevant de l'art de persuader dans les domaines littéraire et extra-littéraire. Il explore le champ complet de la matière et s'intéresse autant aux figures qu'aux arguments.
Conçu comme un ouvrage de référence, ce livre s'adresse principalement aux étudiants en lettres, en philosophie et en communication, mais concerne également tous ceux qui désirent mieux convaincre et déjouer les pièges du discours.
Dans un monde où les liens se crispent, se liquéfient, déployer des formes de vie solidaires et émancipées implique de sarracher aux modes de rapports établis et d'en expérimenter de nouveaux. Mais lesquels ? Ce livre invite à porter attention aux qualités singulières de toute relation : chaque page reprend la structure du Talmud pour agencer un ensemble de matériaux empruntés à différents univers d'action, de création et de réflexion.
Les textes et leurs interprétations littéraires opèrent comme des agents de liaison permettant de caractériser les modes de relation en dehors des termes habituellement employés pour les désigner et, ce faisant, ouvrir une brèche où être en lien autrement.
L'herméneutique littéraire veut rendre compte du caractère proprement esthétique des oeuvres. Au regard des études littéraires françaises, dont l'attention consacrée au texte, plus directe et plus stable, se laisse rarement tenter par les sauts de l'imagination érudite, Jauss montre une capacité inégalée à passer d'une période historique à l'autre et d'une tradition littéraire à celles qui l'ont précédée ou suivie.
Car l'interprétation est historiquement mobile : tout en tenant compte de l'enracinement d'une oeuvre dans les conventions et codes culturels de son époque, elle n'en a pas moins le devoir d'interroger les conversations transhistoriques dont cette oeuvre hérite et qu'elle continue.
Ainsi, le lecteur ébloui est, par exemple, conduit du catéchisme luthérien - suite de questions et de réponses obligatoires - vers la «Profession de foi du vicaire savoyard» dans laquelle Jean-Jacques Rousseau présente quatre articles de foi, puis aux divers catéchismes du citoyen et du genre humain publiés pendant la Révolution française, à la transformation du catéchisme en théorie de l'histoire par Théodore Simon Jouffroy en 1833, aux Contemplations de Victor Hugo et, enfin, aux presque trois cents questions-réponses du chapitre «Ithaque» dans Ulysse de James Joyce.
Jauss, dans une alternance d'exposés théoriques, de retours réflexifs sur la démarche et surtout d'exemples de la méthode, balise le champ de la culture occidentale, depuis l'Ancien Testament ou Plaute jusqu'au travail poétique de Goethe ou de Valéry.
Aux devantures des librairies, on ne compte plus les ouvrages d'historiens réfléchissant gravement à leur rapport avec la littérature. Doivent-ils en faire une source de leur savoir, mais en contextualisant la fiction depuis leur surplomb, au risque de ne pas faire mieux que l'histoire littéraire et manquer ce que fait la littérature? Ou bien recourir à l'écriture de la fiction, quitte à s'installer prosaïquement dans l'entre-deux-genres d'une classique monographie?
Judith Lyon-Caen propose une aventure plus ambitieuse : à partir d'une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, «La vengeance d'une femme», l'historienne part de ce qu'est la littérature : une expérience d'être au monde, pour mesurer l'éclairage que sa discipline peut apporter à la mise en écriture romanesque. Ainsi de ces myriades d'objets, de parures, de rues et boulevards ou de lieux parisiens dont la description a pour fonction d'attester la réalité du récit : l'historien décrypte ces traces du temps, que ce soit le temps de la rédaction ou celui de l'action du récit, en retrouve l'origine, réfléchit à la manière dont le romancier en a été affecté. Non pas pour réduire l'écriture romanesque à un ancrage dans une époque, mais, au contraire, pour éclairer comment une époque nourrit le sens d'une écriture. L'historien en «herméneute» du matériau littéraire, en quelque sorte. Une invitation à apprendre à mieux lire ce qui fait la littérature et ce que fait un romancier.
Tout en faisant le point des connaissances sur l'oeuvre et la personne de Montaigne, Hugo Friedrich entend subordonner cette information à l'analyse de ce que Montaigne appelait « science morale » ; non pas une morale normative, mais une discipline descriptive qui s'intéresse à la variété comme à la motivation des moeurs et qui, à travers les « moralistes » français, aboutira à notre anthropologie moderne.
D'où un nouvel examen des problèmes classiques : la singularité de Montaigne dans la littérature de son temps et les sources de sa culture ; son scepticisme, la valeur exacte de son christianisme et de son conservatisme - tandis que de beaux chapitres finals, « Le Moi », « Montaigne et la mort », « La Sagesse de Montaigne », « La Conscience littéraire de Montaigne et la forme des Essais », élargissent l'analyse bien au-delà du cadre de la monographie.
Ce livre composé de fiches se veut une initiation efficace aux principaux procédés littéraires, connaissances indispensables à l'analyse et au commentaire de texte.
Il distingue les différents types de procédés: rhétorique, poétique et linguistique.
Chaque fiche donne l'histoire, l'évolution et les emplois littéraires du procédé. Claires et mémorisables, ces fiches sont suivies d'exercices d'évaluation.
Le catalogue de l'exposition «Après Babel, traduire» (MuCEM, du 13 décembre 2016 au 20 mars 2017) articule deux idées fortes. L'une renvoie à un fait d'histoire : la traduction est l'une des caractéristiques essentielles de la civilisation en Méditerranée. L'autre est un enjeu de politique contemporaine : la traduction, comme savoir-faire avec les différences, est un modèle pertinent pour appréhender la citoyenneté d'aujourd'hui. Ces idées seront instruites dans un «fil rouge» rédigé par la commissaire de l'exposition, Barbara Cassin, qui court tout au long de l'ouvrage, en regard ou en marge des différentes contributions.