Nous sommes en 29 avant notre ère:Octave, le futur empereur, vient de se rendre maître du monde grâce à sa victoire sur Antoine et Cléopâtre, et Virgile publie ses Géorgiques, dédiées à Mécène, un proche d'Octave. Le contenu des quatre chants, tel qu'annoncé dans les premiers vers, laisse attendre un traité d'agriculture. Virgile semble donc soutenir les efforts d'Octave en faveur de l'agriculture italienne et encourager comme lui les Romains à se faire paysans.Mais Virgile est un poète, peut-être le plus grand poète latin, et Les Géorgiques sont bien autre chose qu'un simple traité. Elles proposent, avec un souffle et une ampleur rarement égalés, une morale fondée sur l'effort et le travail comme conditions de l'élévation de l'homme, en même temps qu'une réflexion sur la place de celui-ci dans la nature. Comme toute grande oeuvre, elles questionnent également le lecteur sur leur sens et l'interprétation qu'il est possible de leur apporter.Dossier1. Les Géorgiques ou l'éloge du travail de la terre2. Travail du paysan, travail du poète3. La question des excursus et le sens des Géorgiques4. Postérité de l'oeuvre.
Le premier chef d'oeuvre de la littérature grecque et européenne. L'Iliade raconte le siège de Troie par les armées grecques, qui dura dix ans. L'oeuvre a nourri vingt siècles de littérature et d'art. L'abondance des personnages, le romanesque des situtations, les nombreuses tragédies que renferme l'épopée, l'alliance des dieux et des hommes, les leçons politiques, la violence des conflits, la beauté des scènes, la poésie font la richesse d'une oeuvre de près de 15 000 vers qui se lit sans reprendre haleine.
«Vous avez le choix : Ulysse ou le Cyclope. Vous choisissez Ulysse. Au péril de votre vie, après dix années de combats, vous avez pris la ville de Troie. C'est votre surnom : preneur de Troie. Sur le chemin du retour, vous avez perdu nombre de vos compagnons. Les uns, le Cyclope les a engloutis. Les autres se sont noyés. Ils ont mangé les Vaches du Soleil, en dépit de vos recommandations. Ils ont goûté à des fruits étranges qui procuraient l'oubli. Ils ont fait l'expérience de vivre en cochons. Mais vous, Ulysse, vous avez dû lutter.Vous avez percé l'oeil du Cyclope, le fils de Poseidon. Vous n'aviez pas le choix. De là vient l'acharnement de Poseidon à vous nuire. Pauvre Ulysse, incapable de profiter de l'immortalité toute proche que Calypso vous offre sur un plateau en or. Courage, les déesses vous protègent, et la terre n'est plus très loin !Vous aurez bientôt l'âge de Télémaque, celui d'Ulysse, puis celui de Laërte : déjà vous savez que votre vie s'est jouée quelque part entre Troie et Ithaque.»
La ville de Thèbes est ravagée par la peste. Son souverain, oedipe, mène l'enquête. Il découvre que l'homme qu'il a tué jadis, Laïos, était son père, et qu'il a épousé sa propre mère, Jocaste, dont il a eu quatre enfants. Elle se suicide, il se crève les yeux et s'exile.
Une des plus belles tragédies de l'Histoire, modèle de l'enquête policière et de son suspens, de la peinture de la destruction de soi, et des relations troubles qui tissent les liens familiaux, grande interrogation jetée au destin, cette pièce est à l'origine de nombreuses imitations (jusqu'à Gide et Cocteau) et de nombreux commentaires (jusqu'à Freud ou Jean-Pierre Vernant).
«Ô lumière c'est la dernière fois que je te vois, je suis né de qui je ne devais pas, je suis uni à qui je ne dois pas, j'ai tué qui je n'aurais pas dû.» oedipe roi, IIIe épisode.
En 313, Constantin, empereur chrétien, accorde la liberté de culte à toutes les religions ; nul ne sera plus contraint de vénérer l'empereur à l'égal d'un dieu. En 391-392, Théodose, empereur très chrétien, interdit les cultes païens. Le monde a basculé. Ce qui est en cause, ce ne sont pas seulement des croyances et des cultes, mais toute une civilisation fondée sur la paideia - la culture, les moeurs et les pratiques de la Rome éternelle. C'est en ce sens que les historiens réunis dans ce volume peuvent être dits païens : nourris à l'antique paideia, ils en partagent toujours les valeurs. Ils écrivent entre 360 et 394 (avant 408 pour l'auteur des Vies et moeurs des empereurs) sous les règnes de princes chrétiens, occupent des postes importants, proches du pouvoir, et, par force, s'avancent masqués.De belles carrières restent ouvertes à ces lettrés, émules de Tite-Live, de Suétone ou de Tacite ; les empereurs chrétiens ne peuvent se passer d'eux. Les lois de 391-392 ne les réduisent pas au silence, mais ils sont assez lucides pour comprendre jusqu'où ils peuvent aller dans leur éloge du passé. La plupart évitent prudemment de parler du christianisme. L'Histoire Auguste, elle, s'autorise des moqueries, des parodies des Évangiles ou des Pères de l'Église, des allusions plus ou moins voilées. Le livre - trente vies d'empereurs, à partir d'Hadrien - est truffé d'indices révélant à des lecteurs choisis le fond de la pensée de son auteur, écrivain dissimulé, semet ridente, «souriant dans son for intérieur».Cet auteur pourrait passer pour le digne successeur du Suétone des Douze Césars. Il a du goût pour les frivolités d'alcôve, les anecdotes à portée moralisante, les prodiges et les oracles. Mais il se révèle en outre particulièrement imaginatif. L'Histoire Auguste n'est pas une oeuvre historique au sens moderne du terme : elle enrichit son récit par tous les moyens qu'offre l'écriture romanesque, jusqu'à effacer les frontières entre histoire et fiction. C'est l'occasion de savoureux morceaux de bravoure, d'autant plus soignés littérairement qu'ils sont historiquement douteux.Histoire sans autorité donc, mais pleine de vie et finalement de vérité : une oeuvre personnelle et sensible sur l'âge d'or du paganisme et sur son déclin. «Une effroyable odeur d'humanité monte de ce livre», disait Marguerite Yourcenar, qui y avait trouvé la matière des Mémoires d'Hadrien. Cette humanité en désarroi, c'est celle des païens qui assistent impuissants à la dissolution du monde auquel ils tiennent et appartiennent. À la bataille de la Rivière froide, en 394, les armées de Théodose affrontent l'usurpateur Eugène et le général Arbogast, soutenus par le parti païen. Théodose vainqueur, certains vaincus se donnent la mort. Parmi eux, Nicomaque Flavien senior, aristocrate, préfet du prétoire d'Italie, probable auteur de l'énigmatique Histoire Auguste.
Qu'il soit partagé ou non, l'amour que dépeignent ces missives imaginaires des grandes héroïnes de la mythologie n'est en aucun cas un jeu badin ou superficiel : il engage l'être jusqu'à la mort. Les amoureuses qui se savent adorées en retour ne trouvent de sens à l'existence qu'auprès de leur amant ; ainsi, la séparation est insurmontable à Pénélope ou Hermione. Quant aux femmes délaissées, trahies, abandonnées, toutes victimes de l'inconstance masculine, elles sombrent dans le désespoir le plus profond et passent de la soumission à la révolte, des menaces aux supplications : elles sont Phyllis, Ariane, Médée...
Avec ces lettres d'amour en forme de monologues tragiques initialement parues dans l'ouvrage «Lettres d'amour, lettres d'exil» (coll. «Thesaurus», 2006) pour lequel Danièle Robert - écrivain et traductrice d'Ovide, Catulle, Paul Auster, Guido Cavalcanti et Dante - a obtenu le prix Jules Janin de l'Académie française, Ovide explore la perte et l'exil. Il est loin de se douter, lorsqu'il compose cette oeuvre de jeunesse, qu'il éprouvera lui-même ces sentiments à la fin de ses jours dans le lieu le plus reculé de l'Empire romain. Et pourtant tout est là, déjà ; dans ces cris de désespoir, dans ces efforts déployés pour fléchir le destin résonnent l'absolu et le vertige du manque.
Index par René Langumier
Désireux de sauver sa famille et son peuple de Troie en flammes, Enée fuit la ville pour fonder une nouvelle cité. Mers déchaînées, dieux en colère, monstres terrifiants, rien ne pourra l'arrêter. Il mènera ses hommes jusqu'au Latium, futur berceau de Rome...
Contrairement à ce que l'on croit parfois, on voyage beaucoup dans l'Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode - bien que peu confortable et quelquefois dangereux - pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l'être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l'Inde, les côtes de l'Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Bibliothèque idéale expliquent les raisons du départ, évoquent les destinations, les surprises et les déceptions. C'est aussi de nous qu'ils parlent, miroirs tendus aux enthousiasmes et aux peurs de tous les ailleurs étranges. On y trouve ceux qui avec courage se lancent dans l'inconnu, ceux qui cheminent douillettement, ceux qui ne voudraient pas partir mais qui le doivent, ceux qui restent et qui sont tristes, ceux qui se plaignent et ceux qui s'émerveillent, toute une palette humaine du sublime au médiocre, toutes les émotions aussi, Homère qui nous enchante, Aristophane qui nous fait rire, Simonide qui nous fait pleurer...
Peu d'ouvrages ont eu une influence comparable à celle des Pensées pour soi, étonnant petit livre rédigé en grec qui consignerait les « pensées » de l'empereur romain Marc Aurèle, maître du monde au IIe siècle de notre ère. Pourtant, ce texte dont l'attribution reste incertaine, le statut mal défini, les enjeux obscurs et l'argumentation difficile à cerner soulève bien des questions. Les différentes interprétations qui en ont été proposées reflétaient les partis pris idéologiques ou religieux de leurs auteurs plus que les thèses dictées par le texte lui-même. Que choisir entre « le plus vertueux des païens », le « persécuteur des chrétiens »,le quasi-mystique des « exercices spirituels », le « dernier avatar du stoïcisme impérial » et le coach du développement personnel ?
Dans ce texte, les lecteurs de la Renaissance cherchaient surtout des signes de la compatibilité et de la continuité entre sagesse antique et pensée chrétienne. Notre siècle, qui se veut toujours humaniste, y trouvera encore les germes de certaines de ses valeurs.
Un choix de poèmes depuis les origines (IIIe s . av. J. -C.) , avec les fragments de Livius Andronicus, jusqu'à Pascal Quignard, auteur en 1976 d' "Inter aerias fagos" . Textes de Plaute, Térence, Cicéron, Lucrèce, Catulle, Virgile, Horace, Tibulle, Properce, Ovide, Sénèque, Lucain, Pétrone, Martial, Stace, Juvénal, Priapées anonymes, choix d'épitaphes ; les poètes païens des IIIe et IVe siècles, dont Ausone et Claudien ; les poètes chrétiens de l'Antiquité et du Moyen Age, Lactance, Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan, Prudence, Sidoine Apollinaire, Boèce, Venance Fortunat, Paul Diacre, Alcuin, Raban Maur, Adalbéron de Laon, Fulbert de Chartres, Pierre le Vénérable, Geoffroy de Monmouth, Alain de Lille, Hélinand de Froidmond ou Thomas d'Aquin ; des hymnes liturgiques, dont le Salve Regina, les poèmes satiriques, moraux ou religieux des Carmina burana, la poésie érotique du Chansonnier de Ripoll ; les poètes de l'humanisme et de la Renaissance, notamment Pétrarque, Boccace, Politien, Erasme, Bembo, l'Arioste, Scaliger ou Giordano Bruno ; les Français Théodore de Bèze ou Joachim Du Bellay ; les Anglais Thomas More ou John Owen ; puis Baudelaire, Rimbaud, Giovanni Pascoli et Pascal Quignard.
Liste non exhaustive.
«Le but, atteignez-le en même temps; c'est le comble de la volupté, lorsque, vaincus tous deux, femme et homme demeurent étendus sans force. Voilà la conduite à suivre, lorsque le loisir te laisse toute liberté, et que la crainte ne te contraint pas à hâter le larcin d'amour. Lorsqu'il y aurait danger à tarder, il est utile de te pencher de toute ta force sur les rames et de donner l'éperon à ton coursier lancé à toute allure.»
Avec son peuple d'animaux et de végétaux auxquels des acteurs humains donnent sans sourciller la réplique, la fable joue sur les frontières : entre l'imaginaire et la réalité, l'enchantement et la vérité, la sagesse et la puérilité, l'animalité et l'humanité, l'écriture et l'oralité, et par-dessus tout entre les sphères culturelles, les langues et les époques. Héritière des civilisations mésopotamiennes de l'âge du bronze, la fable constitue le genre littéraire le plus continûment et le plus universellement cultivé de l'Antiquité à nos jours : d'Orient en Occident, les recueils d'apologues se comptent par centaines. Au sein de cette galaxie, les récits et anecdotes qu'on attribue à Ésope (VIe s. avant J.-C.) occupent une place privilégiée.
On les découvrira ici, accompagnés pour la première fois en édition de poche de la Vie romancée qui installe durablement la légende d'Ésope, cet esclave difforme et monstrueux, aussi subtil que redoutable, celui que La Fontaine considérait comme le père d'un genre toujours vivace et fascinant.
Pline l'Ancien fut l'un des esprits les plus curieux de son temps. Son Histoire naturelle constitue une extraordinaire encyclopédie des connaissances de l'époque. Du tilleul au cyprès, de l'olivier au cerisier, le chêne, le pin et le sureau, il nous convie à une promenade salutaire dans les vergers de l'Antiquité, et dans les forêts riches en remèdes et en recettes de santé.
Né en 23 après J.-C., mort en 79, Pline l'Ancien fut l'un des esprits les plus curieux de son temps. Son Histoire naturelle constitue une extraordinaire encyclopédie des connaissances de l'époque. Du tilleul au cyprès, de l'olivier au cerisier - en passant par le laurier-rose, l'orme, le chêne, le platane, le pin et le sureau -, il nous convie à une promenade salutaire dans les vergers de l'Antiquité, et dans les forêts riches en remèdes et en recettes de santé. Ce volume propose une nouvelle traduction des livres XXII, XXIII et XXIV de l'Histoire naturelle.
Thucydide d'Athènes vécut la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.) comme citoyen, comme général, comme exilé (en 424) qui ne revint dans sa patrie qu'après sa défaite, enfin comme historien qui dit avoir perçu dès l'origine que ce conflit entre deux coalitions dirigées respectivement par Athènes et Sparte serait l'événement majeur de l'époque.Thucydide est le créateur de la raison historique. Comme la raison grecque en général, la raison historique est fille de la cité. Elle est fille aussi du gigantesque essor intellectuel qui soulève la Grèce du V? siècle, avec la médecine hippocratique, l'enseignement des sophistes, et l'activité des orateurs, singulièrement Périclès.L'histoire politique se modèle, chez Thucydide, sur cette création majeure du V? siècle qu'est la tragédie athénienne. Athènes connaît, comme les héros tragiques, la grandeur et la chute. Thucydide est l'historien de la raison et de la déraison dans l'histoire, il est le peintre de la tragédie d'Athènes.
La pharmacopée écolo est à la mode, et Pline en est le précurseur. Il fait de son jardin un véritable dispensaire, nous renseignant avec un éclairage rafraichissant sur la vie antique. La civilisation romaine maîtrisait la flore, la nommait et la consommait à la source: elle n'oubliait pas les bienfaits de la nature quand son empire était au plus fort.
La pharmacopée écolo est à la mode, et Pline en est le précurseur. Il fait de son jardin un véritable dispensaire, nous renseignant avec un éclairage rafraichissant sur la vie antique. La civilisation romaine maîtrisait la flore, la nommait et la consommait à la source: elle n'oubliait pas les bienfaits de la nature quand son empire était au plus fort. Ce volume est une nouvelle traduction du livre XX de l'Histoire naturelle.
La guerre, toujours la guerre... Des années que le Péloponnèse voit s'affronter Athéniens et Spartiates. Faut-il que les hommes soient idiots à la fin ! Les femmes grecques, en attendant, souffrent en silence. Alors que la solution est là, sous leur nez - ou bien plutôt sous leurs draps... Sur l'agora, Lysistrata a convoqué ses soeurs de toute la péninsule. Avec ce mot d'ordre : « Pour arrêter la guerre, mesdames, refusez-vous à vos maris ! ».
Aussitôt la rumeur s'élève. La grève du sexe aura-t-elle lieu ?
« Aussi n'est-il plus besoin à présent de recourir à des remèdes trop durs - ils sont désormais derrière nous : tu n'as plus à lutter contre toi-même, à te mettre en colère contre toi-même, à te montrer sévère envers toi-même. Ce qui importe désormais, l'étape finale, c'est d'avoir confiance en toi et d'être convaincu que tu suis le bon chemin, sans te laisser dérouter par les traces de ceux - et ils sont nombreux - qui se sont fourvoyés de tous côtés [...]. Nous allons donc chercher comment l'âme peut avancer d'une allure toujours égale et aisée, se sourire à elle-même, observer avec bonheur ses propres réalisations ; comment, sans interrompre la joie qu'elle en tire, elle peut rester dans cet état de calme et ne connaître ni hauts ni bas : ce sera la tranquillité. Cherchons une règle générale permettant d'atteindre cet état : de ce remède universel, tu prendras la part que tu veux. »
Ni Platon ni Homère ni Cicéron n'ont prononcé le mot magique « utopie », forgé par Thomas More en 1516. Pourtant ils l'ont non seulement pensé, mais décrit dans des textes somptueux et profonds, tous rassemblés dans ce volume surprenant. Au lecteur de découvrir un véritable foisonnement, les mythes de l'âge d'or ou du paradis terrestre, les pays et les lieux imaginaires, les architectures, les villes, les Arcadies heureuses où il fait bon vivre, à l'écart, loin, les millénarismes enfin et les annonces prophétiques, bouleversantes, d'un règne divin.
Paix, justice, égalité, communauté des biens, la recherche d'une société idéale témoigne, en creux, du malheur et de la misère de la société humaine réelle, de l'injustice, des guerres, et de l'espoir inextinguible d'un monde meilleur.
« Marc Aurèle fut l'honneur de la nature humaine.
Sa religion est la religion absolue, celle qui résulte du simple fait d'une haute conscience morale placée en face de l'univers. Elle n'est ni d'une race, ni d'un pays.
Aucune révolution, aucun progrès, aucune découverte ne pourront la changer. »
L'épopée de Gilgamesh est le premier récit de l'humanité transcrit. Cette légende sumérienne, conçue en Mésopotamie il y a plus de cinq mille ans précède de loin la Bible et davantage encore L'Iliade. Cette épopée qui fonde le modèle même du héros épique en quête de gloire, est également une quête métaphysique qui nous confronte à des thèmes essentiels de l'existence : l'amour, l'amitié, le désespoir, le courage et l'errance.
La retranscription poétique qu'en propose ici Gérard Chaliand illumine ce texte fondateur qui est le premier des chefs d'oeuvre de notre littérature-monde.
Dionysos, le dieu du théâtre en personne, clamait dans Les Grenouilles d'Aristophane quel grand plaisir il prenait au chef d'oeuvre d'Eschyle.
" Ototoï ! Grand Roi ! Notre bonne armée ! La puissance des Perses, l'immense honneur; l'harmonie des soldats, un démon les a fuit disparaître! La terre pleure ses jeunes enfants... " En 472, huit ans après la victoire remportée par les Grecs, Eschyle met en scène la bataille de Salamine, dans la tragédie la plus ancienne qui soit parvenue jusqu'à nous.
Le traité sur l'amitié - de Amicitia - qu'on trouvera ici dans une traduction nouvelle, est un des derniers textes de Cicéron. Pour le célèbre avocat romain, l'amitié est le bien fondamental : « Je me demande, écrit-il, si, à part la sagesse, les dieux ont donné aux hommes quelque chose de meilleur ».
Comment choisir ses amis ? Comment les mériter ? Comment les garder ? Sur tous ces points, les réflexions de Cicéron n'ont pas pris une ride.
Sauf deux ou trois choses mineures, on ne sait rien de Lucrèce. On ne connait de lui que son immense poème philosophique, et encore. Car ces 7415 vers n'ont jamais été traduits en français autrement qu'en prose ou en alexandrins. C'est dire si l'on perd leur saveur et leur génie. Cette édition établie par Bernard Combeaud propose la première traduction respectueuse de la métrique latine choisie par le poète-philosophe. Lucrèce ne s'est pas contenté de formuler en vers la pensée d'Épicure comme il est souvent prétendu. Les Romains n'étaient pas des balourds incapables d'accéder aux concepts grecs : il se moquaient des élucubrations hellénistiques et n'ont jamais cru que la philosophie fut un art de compliquer le monde pour mieux le fuir au profit des idées. Les philosophes romains préféraient une sagesse pratique, praticable, édifiante, existentielle. Chez eux, on entretient concrètement de la vie et de la mort, de l'amour et de l'amitié, des femmes et du plaisir, de la souffrance et de la vieillesse, de la richesse et de la frugalité pour vivre sa vie et non se contenter de la penser. Lucrèce construit un monde de matière avec des atomes qui tombent dans le vide, il n'y a rien d'autre et tout en découle : les dieux existent, mais ils n'ont que faire des hommes. Dès lors, la vie est faite pour le bonheur. La mort n'est pas à craindre, elle n'est que désorganisation puis réorganisation de la matière. Il n'y a pas d'arrière-monde, la religion est une superstition. Le plaisir est le souverain bien à viser. Ce poème contient une infinité de propositions éthiques et morales qui permettent de mener une vie philosophique en général et une vie épicurienne en particulier.