Ce numéro de printemps célèbre plusieurs anniversaires et met en avant un cahier central entièrement en noir et blanc. Si les 10 ans de Fisheye s'affichent en quatre par trois dans les couloirs du métro parisien en exposant une dizaine d'artistes publiées dans le magazine depuis le début de l'aventure, on trouvera aussi, en avant-première, un focus sur le quotidien Libération qui, lui, fête ses 50 ans avec un superbe livre et une exposition à venir. On célèbre un autre cinquantenaire avec l'édition d'un ouvrage sur Diane Arbus, disparue il y a un demi-siècle. Enfin, ce 24 février - alors que ce numéro est en impression - marque le premier anniversaire de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Michel Slomka et ses images satellites en noir et blanc nous conduisent à réexaminer les Topographies de ce pays scarifié.
Le noir et blanc s'étend à l'ensemble des portfolios de ce numéro, avec une sélection particulièrement éclectique. Outre les « paysages inversés » dudit Michel Slomka, on découvrira les Humeurs belges de Jacques Sonck qui croque depuis des années ses compatriotes dans les rues de Bruxelles, Namur et Gand avec une malice teintée de surréalisme. Sur un tout autre registre, Bastiaan Woudt compose de superbes images de mode dans lesquelles la lumière lui sert à cacher pour mieux révéler. Lucie Hodiesne Darras s'est, elle, attachée à rendre compte au plus juste de la vie quotidienne de son frère Lilou, atteint d'autisme, dont elle fait une rockstar. Un travail qui s'accompagne d'un livre aux éditions Fisheye. On trouve chez Sophie Gabrielle un univers intriguant qui explore ses peurs indicibles sur le cancer et la maladie, une manière « intime et universelle » de traduire ce qu'elle ressent. Enfin l'Histoire est de nouveau présente à travers le Palimpseste bulgare de Martin Atanasov qui n'hésite pas, à travers ses collages, à composer des télescopages critiques qui nous questionnent notamment sur le matérialisme et l'amnésie de notre époque. Sans oublier nos autres rubriques, nos coups de coeur ainsi que nos sélections de livres et d'expositions qui devraient vous aider à garder l'oeil ouvert, vif et curieux.
Le nouveau hors-série de Fisheye est consacré au travail de Susan Meiselas, la grande photographe de Magnum qui s'est illustrée par sa couverture des conflits en Amérique latine dans les années 1980, mais aussi par plusieurs séries sur la condition des femmes. Ce numéro de 100 pages propose une plongée dans l'oeuvre de cette photographe avec un entretien inédit et des textes de critiques et d'historiennes reconnues internationalement comme Marta Gili, Clara Bouveresse ou Kristen Lubben, notamment.
Un portfolio de plus de 60 pages, avec de nombreuses images inédites, permet de donner une vision panoramique de cette « pionnière engagée », qui est aussi la première lauréate du prix Women In Motion, une distinction destinée à mettre en lumière le travail des femmes photographes.
Installée à New York dans les années 1970, la cinéaste et photographe expérimentale Babette Mangolte a documenté la scène chorégraphique et performative de la ville.
Egalement au sommaire :
Chine : la révélation culturelle en marche.
Photothérapie : la traversée du miroir.
Portrait : Eileen Gittins.
Face au mythe du photographe en loup solitaire, il fallait mettre en lumière les initiatives de plus en plus nombreuses qui voient les oeuvres s'élaborer au sein d'une réflexion mutuelle où chacun s'enrichit plus qu'il ne se vampirise. Notre dossier explore la multitude des points de vue et la capacité à faire passer les ego derrière la réalisation commune. Fisheye a mené l'enquête en France et à l'étranger à la découverte d'expériences collectives qui, comme autant de laboratoires, cherchent des solutions pour continuer à inventer la photographie. Embarquement pour le Cambodge, le Nigeria, le Royaume-Uni, la République du Congo, la Pologne, le Canada, l'Angola, l'Argentine, sans oublier la France, pour une virée chez des photographes qui ont opté pour le partage des savoir-faire.
Dossier web 3.0. De la circulation des images sur Internet à leur monétisation, les voies des réseaux sociaux sont parfois impénétrables. Les modèles économiques s'inventent et s'expérimentent en permanence... Passage en revue de cette forme de new deal. Communication : les reconfigurations de l'information. Internet n'est pas la fin du journalisme traditionnel, mais il favorise l'essor de ses formes alternatives. Cette inversion est loin d'être reconnue par nombre de professionnels, qui restent attachés à la hiérarchie de l'information conventionnelle. Portfolio : la France vue d'ici. Une mission photographique initiée par le festival ImageSingulières et le site Mediapart propose de dresser un portrait de la France sur trois ans. Premier bilan d'étape et premières images depuis le début de l'aventure.