«J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence.Parce que la maison est au coeur de ce qui a provoqué l'accident.»En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s'étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu'à produire l'inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux.Brigitte Giraud mène l'enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.
L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d'être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.
«Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer.Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d'ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu'il y a un plaisir dans l'abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s'amusent et se goinfrent, qu'est-ce que j'ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse.Peut-être aussi que le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n'est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n'est désirable que parce qu'il est le jeu.»Véronique Ovaldé, à travers l'histoire d'une famille frappée par une mystérieuse tragédie, ausculte au plus près les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu'il nous faut déployer pour vivre nos vies.
« Chez ma mère, sur sa table de chevet, il y avait une photo de nous trois rigolant enchevêtrés l'un sur l'autre dans une brouette. C'est comme si on nous avait poussés dedans à une vitesse vertigineuse et qu'on nous avait versés dans le temps. »
«Un meurtre c'est fait pour que quelque chose s'arrête. Est-ce que c'est possible que les choses s'arrêtent, que ce ne soit pas toujours le même aplat de tout, sur le même ton, à la même vitesse qui vous avale, irrespirable, le souffle court, ne plus avoir d'oxygène au cerveau à force, est-ce que c'est possible que tout le monde se taise, que le bébé se taise, que sa mère se taise, que le dealer se taise, que les flics se taisent, que les juges se taisent, que tous ils se taisent. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent de lui, il leur donne son corps, mais qu'il puisse se taire, qu'ils le laissent ne plus répondre.»
Tiens, voilà du boudin ! Découvrir le pot aux roses. J'y suis, j'y reste. Travailler pour le roi de Prusse. Être pété de thunes. Se prendre pour le premier moutardier du pape. Qui m'aime me suive ! Faire danser la carmagnole...D'où viennent ces 201 expressions de la langue française ? Que racontent-elles de notre histoire ? Comment continuent-elles de faire écho à l'actualité ? Ce plongeon dans l'histoire de France nous fait découvrir les origines de ces bons mots avec lesquels nous jonglons tous les jours sans plus y penser.Un livre à l'esprit frondeur pour épater la galerie sans coup férir !
Nathan vit avec sa femme et, en face de chez lui, au bout du jardin, il y a sa belle-mère Gaby, une poétesse magnétique dont il ne rate aucune lecture publique. De puissants investisseurs convoitent un terrain qui serait parfait pour y construire un parc d'attractions, mais Gaby, sa propriétaire, refuse obstinément de le leur vendre. Le député du coin s'en agace fortement. Nathan apprend, peu après, la mystérieuse disparition d'une randonneuse. Il lui semble que tout - le député, la randonneuse, le terrain, Gaby - est lié. En tout cas, c'est ce qu'il pense, lui qui nous raconte cette histoire où les morts vont étrangement s'enchaîner. Mais est-ce bien raisonnable de croire Nathan ?
Le pays : un rêve... Habitué aux destinations calamiteuses, Aurel Timescu, le petit Consul, est pour une fois affecté dans un lieu enchanteur. Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan ex-soviétique, est une ville pleine de charme au climat doux, au luxe élégant. À la terrasse de cafés d'allure parisienne, on y déguste un petit blanc local très savoureux. L'ambassade : un cauchemar... Le chef de poste, autoritaire et brutal, est bien décidé à se débarrasser d'Aurel. Le fantôme de sa femme, récemment victime d'un tragique et mystérieux accident, plane au-dessus de l'ambassade. Et l'équipe diplomatique, tétanisée par le deuil, est livrée à la crainte et au soupçon. Il n'en faut pas plus pour qu'Aurel se lance dans une enquête plus folle que jamais. Basée sur de fragiles intuitions, elle prendra, entre mafias locales et grands contrats internationaux, l'ampleur d'une affaire d'État. Cette fois, Aurel ne lutte pas seulement pour faire triompher la justice. Il se bat pour une cause nouvelle et inattendue : rester là où il est et connaître enfin le bonheur.
À la ferme du Manoir, c'est la révolution:les animaux ont pris le pouvoir. Désormais, ils ne connaîtront plus de maître, car tous les animaux sont égaux. Ou, du moins, presque tous...Cette nouvelle traduction restitue toute la verve satirique d'une fable politique magistrale. Tristement intemporelle et terriblement drôle, La Ferme des animaux n'a pas fini de faire réfléchir les Hommes.TOUT POUR COMPRENDRE- Notes lexicales- Biographie de l'auteur- Contexte historique et culturel- Genèse et genre de l'oeuvre- ChronologieTOUT POUR RÉUSSIR- Questions sur l'oeuvre- Éducation aux médias et à l'information- Histoire des arts- Un livre, un filmGROUPEMENTS DE TEXTES- L'art oratoire- Regards sur la tyrannieCAHIER ICONOGRAPHIQUE.
«Il sut soudain qu'il pouvait regarder le monde soit comme la malheureuse victime d'un voleur, soit comme un aventurier en quête d'un trésor. Je suis un aventurier en quête d'un trésor, pensa-t-il, avant de sombrer dans le sommeil.»
Un matin, Adrien, maître-chien, est appelé pour un colis suspect en gare de Strasbourg. Bloom, son chien hypersensible, va sentir le premier que les larmes de Capucine, venue récupérer sa valise oubliée, cachent en réalité une bombe prête à exploser dans son coeur. Hasard ou coup de pouce du destin, ils se retrouvent quelques jours plus tard dans la salle d'attente d'un couple de psychiatres. Dès lors, Adrien n'a de cesse de découvrir l'histoire que porte cette jeune femme.Dénouant les fils de leur existence, cette rencontre pourrait bien prendre une tournure inattendue et leur permettre de faire la paix avec leur passé afin d'imaginer à nouveau l'avenir.
La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois soeurs, semble redouter davantage l'arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d'un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l'homme et la nature, la relation n'a cessé de se tendre.
A qui la faute ? Dans ce grand roman de "la nature humaine" , Serge Joncour orchestre presque trente ans d'histoire nationale où se répondent jusqu'au vertige les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet une famille française. En offrant à notre monde contemporain la radiographie complexe de son enfance, il nous instruit magnifiquement sur notre humanité en péril.
A moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits...
Comment cet Aurel Timescu peut-il être Consul de France?
À Maputo, capitale du Mozambique, aucun client n'ose s'aventurer à l'hôtel dos Camaroes, malgré son jardin luxuriant. C'est que le patron est un vieux Blanc au caractère impossible. Aussi quand on le retrouve mort un matin, flottant dans sa piscine, nul ne s'en émeut.
Sauf Aurel Timescu, roumain d'origine, Consul adjoint à l'ambassade de France. Calamiteux diplomate, c'est un redoutable enquêteur quand il pressent une injustice.
Trois femmes gravitent autour du défunt. C'est vers l'une d'entre elles que se dirigent arbitrairement les soupçons de la police. Pour démontrer son innocence, le Consul va devoir entrer dans la complexité de relations où se mêlent l'amour, la chair et l'intérêt.
Avec sa méthode intuitive et ses tenues loufoques, Aurel va s'enfoncer plus loin que quiconque dans ces passions africaines. Jusqu'à débusquer le « gros coup ». Celui qui a coûté la vie au vieil hôtelier.
Et qui nous plonge dans un des plus grands drames écologiques de la planète.
Un roman fort, miroir d'Un Amour impossible, qui aborde l'inceste en creusant le point de vue de l'enfant puis de l'adolescente et de la jeune femme victime de son père.
Stupeur sur le paquebot qui transporte de distingués voyageurs de New York à Buenos Aires ! Un mystérieux «Me B.» parvient à l'emporter sur le champion du monde en titre du jeu d'échecs. D'où lui vient ce talent, lui qui dit n'avoir pas touché un plateau à damiers depuis plus de vingt ans ? Et quels terrifiants souvenirs assombrissent cette victoire ? Illustration du raffinement de la barbarie nazie, doublée d'une oeuvre de fiction savamment orchestrée, cette nouvelle que Zweig rédige un an avant de se donner la mort, le 22 février 1942, a valeur de témoignage historique.TOUT POUR COMPRENDRE- Biographie de l'auteur- Contexte historique et culturel- Genre de l'oeuvre- ChronologieTOUT POUR RÉUSSIR- Questions sur l'oeuvre- Parcours de lecture- Activités d'écritureGROUPEMENTS DE TEXTES- Images du joueur en littérature- Approches de la vie de Zweig- Représentations du nazismeCAHIER ICONOGRAPHIQUE.
«Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour», écrivait récemment Michel Houellebecq.Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman - son double inversé), l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret.
Comme beaucoup, Annie Ernaux se rend dans un hypermarché pour faire ses courses. Pendant une année, elle a noté ses observations et, sous sa plume, ce « grand rendez-vous humain » devient plongée au coeur de notre société.
Plus qu'un tableau exhaustif, l'autrice livre une « capture impressionniste » du monde de la grande distribution et élève un lieu du quotidien au rang de sujet littéraire.
Mai 2006. Pour l'INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, face caméra, Simone Veil déroule le film de sa vie. Le soleil de Nice, une famille unie, républicaine et laïque, l'insouciance, la guerre, l'Occupation... Et, le 13 avril 1944, le convoi 71 à destination d'Auschwitz avec sa mère et sa soeur.C'est la première fois qu'avec une grande liberté Simone Veil raconte le froid, la faim, les humiliations, les camarades, le rapport entre les hommes et les femmes, ses dix-huit mois dans les camps, mais aussi le retour, les nouvelles humiliations, son engagement pour la mémoire. Seul l'espoir que la Shoah ne sera pas oubliée apaise la douleur.Un texte inédit, un témoignage pour l'histoire, un récit bouleversant.
Il s'appelle Antoine. Elle se fait appeler L. Il est assistant parlementaire, elle est hackeuse. Ils ont tous les deux choisi de consacrer leur vie à un engagement politique, officiellement ou clandestinement. Le roman commence à l'hiver 2019. Antoine ne sait que faire de la défiance et même de la haine qu'il constate à l'égard des politiciens de métier et qui commence à déteindre sur lui. Dans ce climat tendu, il s'échappe en rêvant d'écrire un roman sur la guerre d'Espagne.
L vient d'assister à l'arrestation de son compagnon, accusé d'avoir piraté une société de surveillance, et elle se sait observée, peut-être même menacée. Antoine et L vont se rencontrer autour d'une question : comment continuer le combat quand l'ennemi semble trop grand pour être défait ?
«S'il y avait un message diffusé dans des haut-parleurs avant l'entrée en territoire de fiction, il ressemblerait, curieusement, à celui des assurances ou des banques jointes par téléphone:Patientez quelques instants, vous allez être mise en relation... Ce que je cherche, sans doute, depuis le début, en tant que lectrice et en tant qu'écrivaine, ce sont des récits qui me permettent d'entrer en relation avec des êtres qui me sont inconnus et me deviendront proches, tout comme des récits qui leur permettent - à l'intérieur de la fiction - des relations riches, complexes et fragiles.»Avec Toute une moitié du monde, Alice Zeniter écrit un livre hautement stimulant, fondé sur ses expériences personnelles de lectrice avant tout, mais d'écrivaine aussi, un livre qui nous invite à repenser nos façons de lire les histoires qu'on nous raconte. C'est aux lecteurs que nous sommes qu'il s'adresse, c'est avec eux qu'il converse, avec autant de sérieux que d'allégresse, autant d'humour que d'érudition. Ce livre est tout simplement l'histoire d'une femme qui aimerait qu'on ouvre en grand les fenêtres de la fiction.
Le plaisir de la lecture, l'heure du thé, le drame du coucher... Par l'évocation d'innombrables petits moments tour à tour délicieux, humiliants, érotiques, décevants, Proust nous invite à prendre part à ses réflexions dans ce premier volume de la Recherche, où les souvenirs d'enfance (« Combray ») et les premiers instants de l'adolescence (« Noms de pays ») encadrent le récit des amours d'un riche collectionneur et d'une demi-mondaine (« Un amour de Swann »).
À la manière de Schéhérazade dans Les Mille et Une Nuits, le romancier dévoile une histoire merveilleuse et complexe, qui nous conduit des jardins enchanteurs d'un village français aux sombres ruelles parisiennes, en passant par les feux de l'Opéra et les salons aristocratiques. Nous y suivons son narrateur-héros qui cherche à étancher sa soif d'émerveillement et prenons part à sa quête toujours renouvelée du sens de la vie.
Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve. Le talent de l'auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.