La maison de la rue Santo Domingo à Santiago du Chili, cachée derrière ses trois citronniers, a accueilli plusieurs générations de la famille des Lonsonier. Arrivé des coteaux du Jura avec un pied de vigne dans une poche et quelques francs dans l'autre, le patriarche y a pris racine à la fin du XIXe siècle. Son fils Lazare, de retour de l'enfer des tranchées, l'habitera avec son épouse Thérèse, et construira dans leur jardin la plus belle des volières andines. C'est là que naîtront les rêves d'envol de leur fille Margot, pionnière de l'aviation, et qu'elle s'unira à un étrange soldat surgi du passé pour donner naissance à Ilario Da, le révolutionnaire.
France, milieu du XIXe siècle. Voici l'étonnante histoire d'Augustin Mouchot, fils de serrurier de Semur-en-Auxois, obscur professeur de mathématiques, devenu inventeur de l'énergie solaire grâce à la découverte d'un vieux livre dans sa bibliothèque. La machine qu'il construit et surnomme Octave séduit Napoléon III et recueille l'assentiment des autorités et de la presse. Elle est exhibée avec succès à l'Exposition universelle de Paris en 1878. Mais l'avènement de l'ère du charbon ruine ses projets que l'on juge trop coûteux. Après moult péripéties, dans un ultime élan, Mouchot tente de faire revivre le feu de sa découverte sous le soleil d'Algérie. Trahi par un collaborateur qui lui vole son brevet, il finit dans la misère, précurseur sans le savoir d'une énergie du futur.
Classique de la littérature américaine, ce texte bouleversant raconte l'enfance de Norman Maclean dans les Rocheuses, au sein de paysages magnifiques dont chaque relief transforme en profondeur les êtres qui y vivent. La famille et la nature apparaissent comme des piliers originels de Norman et Paul, le frère adoré, pêcheur hors pair, irrésistible mauvais garçon. Un dialogue silencieux s'instaure avec les rivières et les montagnes, qui apprennent plus que les mots eux-mêmes. Avec un talent et une poésie exceptionnels, Maclean capture la lumière bénie des jours disparus. Adapté au cinéma par Robert Redford (sorti en France en 1993), ce récit iconique a marqué plusieurs générations d'écrivains et de lecteurs dans le monde entier.
Lors d'un voyage en Sibérie pour le tournage d'un reportage sur les camps du goulag dans la Kolyma, aussi nommée « route des ossements », l'auteur et son équipe remarquent une forme mouvante sur le bord de la route. Bravant une température de -50°C, ils vont à la rencontre de ce qui se révèle être un chat sur le point de mourir de froid. Cet animal affamé, épuisé et sauvage, ils décident de le baptiser Varlam, en hommage au grand écrivain Chalamov, rescapé des camps et auteur des Récits de la Kolyma. Ensemble, ils traversent la Sibérie, filment les vestiges des camps, les villages bâtis par et pour les zeks, recueillent les témoignages de spécialistes ou de survivants, marchent sur les traces de Chalamov.
En septembre 2016, l'inénarrable Jerry Stahl touche le fond. La dépression qui le ronge depuis toujours est au plus haut, sa carrière et sa vie personnelle au plus bas. Lorsqu'il découvre au détour d'une improbable alerte Google « Holocauste » que des tours opérateurs organisent des voyages en car à travers l'Allemagne et la Pologne sur les lieux de la tragédie, il décide de s'inscrire. S'il ne peut soigner sa dépression, il ira la nourrir en compagnie de ces étranges « touristes des camps de la mort ». Roadtrip collectif dément, entre introspection récalcitrante et expérience post-gonzo, « Nein, Nein, Nein ! » se présente comme une enquête corrosive et hilarante sur le rapport disneylandisé aux lieux de mémoire, où Jerry déploie toutes les nuances de son humour tordu absolument unique.
Khristen, adolescente solitaire et légèrement marginale, erre à la recherche de sa mère qui n'a plus donné de nouvelles depuis qu'elle a annoncé se rendre à une conférence probablement « visionnaire » sur l'avenir de la planète. "Tourment" raconte sa quête à travers une Amérique déshabillée de son paysage, ses rencontres - une bande d'enfants en autogestion, un gang de vieux convertis en écoterroristes de la dernière minute, un petit garçon affreusement précoce qui rêve de devenir juge... - sa ténacité hardie et son désespoir curieux. Khristen n'attend pas, elle va au-devant de Godot.
On n'avait pas lu Joy Williams en France depuis près de 30 ans. Elle n'avait pas écrit de roman depuis 20 ans. Ces retrouvailles urgeaient.
«Trois guinées» est sans doute le texte le plus engagé de Virginia Woolf. Lors de sa sortie, en 1938, «The Times» affirmait: "L'appel aux femmes de Mrs Woolf est un défi sérieux auquel doivent répondre tous les penseurs." En 2020, ce texte demeure un défi. Il s'inscrit comme une suite d'«Une chambre à soi.»
Ce roman marque l'arrivée d'une plume talentueuse dans le paysage littéraire américain. Claire Lombardo, 30 ans à peine, s'inscrit dans la lignée des conteuses que nous aimons tant : Jane Smiley, Anne Tyler ou encore Ann Patchett... Elle signe un portrait de famille aussi drôle que percutant, qui possède un redoutable pouvoir d'addiction. Lombardo réinvente la tradition de la saga dans une version qui flirte avec le «soap opera» ou la série «This is us»«,» sans jamais renoncer à une vraie ambition littéraire. Sa langue est vive, parfois féroce, inventive et rythmée. Dès sa sortie aux USA, le livre a emporté l'enthousiasme de la presse, des clubs de lecture, se plaçant plusieurs semaines dans la fameuse liste des best-sellers du «New York Times». Une série est en cours de développement pour HBO, avec Laura Dern et Amy Adams côté casting et production.
Entre les salles de torture de la dictature de Videla, les chants révolutionnaires des milices de Perón et la présence en filigrane de la figure tutélaire de Borges, l'ombre du scénariste culte de bande-dessinée de science-fiction, Héctor Germán Oesterheld traverse les époques et les dimensions, à la fois terrifiante et rassurante. Fil rouge d'un récit aux multiples entrées, elle plonge le lecteur dans une Argentine méconnue, aussi fascinante qu'étrange. L'auteur propose un roman virtuose qui brouille les frontières des mondes et des genres.
Un roman envoûtant et sensuel. Le tableau émouvant d'un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices. Dans un village des Caraïbes, la légende d'un trésor disparu vient bouleverser l'existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l'ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l'héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d'autres horizons.
À travers huit actes reproducteurs, huit générations d'une même famille sont ici mises en scène, illustrant les rapports entre les femmes et les hommes à travers les siècles. Qu'il s'agisse du désir partagé ou non, du droit de cuissage, de l'adultère, du sexe cool, du matching génétique, le lecteur est témoin de l'évolution des moeurs et des renversements sociétaux qui ont conduit de la domination masculine à l'après Me Too. Si les relations entre les protagonistes se succèdent et ne se ressemblent pas, un véritable fil conducteur les relie toutes : la fécondation, processus biologique à l'origine de la vie. Partant du cellulaire pour atteindre une dimension psychologique et émotionnelle forte, Laurent Quintreau ne cesse de surprendre et de confirmer son talent de conteur.
Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d'acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l'espoir et l'humanité au milieu de la désolation. Finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, ce roman fera date dans l'histoire de la littérature d'anticipation. 500 000 exemplaires vendus en Amérique du Nord, 150 000 dans les îles Britanniques. « Profondément mélancolique, mais magnifiquement écrit, et merveilleusement élégiaque. » George R. R. Martin « Mandel est capable de faire ressentir l'intense émotion d'existences fauchées par une époque terrible. » «The New York Times»
Les anthologies et albums des frères Grimm reprennent souvent les mêmes histoires. Pourtant, leur corpus en compte plus de deux cents, dont beaucoup sont injustement méconnues. La douzaine de contes de ce recueil témoigne de la diversité de l'oeuvre des frères : histoires cruelles et morbides, histoires d'inspiration biblique ou antique, farces et fabliaux...
Detroit : le vacarme des usines, le son Motown sur lequel on chaloupe, les choeurs d'une communauté que l'on sacrifie sur l'autel du capitalisme... C'est aux bruits de cette ville que Judith Perrignon offre un écho dans ce roman choral fort et bouleversant.
M. Mizuno coule une retraite heureuse après une vie sans histoire. Du moins, c'est l'image qu'il s'applique à donner sous son patronyme d'emprunt. Car son vrai nom est Yasukazu Sanso, activiste de l'Armée rouge japonaise, qui, dans les années 1970, a tué plusieurs fois de sang-froid. La rencontre fortuite, dans les couloirs d'un hôtel à Bangkok, avec un Allemand de sa génération va déclencher la mécanique implacable du souvenir. Comment cet étudiant en quête d'idéal s'est-il laissé embrigader dans les mouvements universitaires de la fin des années 1960 ? Comment, à la suite des dérives d'une organisation se livrant aux purges insensées et aux meurtres collectifs, a-t-il fini par rejoindre les camps d'entraînement palestiniens au Liban, dans l'espoir de prouver qu'il est un vrai communiste ?
Entre Bangkok, Tokyo, Rome, Paris, le Liban ou encore La Haye, Michaël Prazan nous livre ici, avec l'acuité psychologique qu'on lui connaît, un roman haletant et inspiré sur la grande époque du terrorisme international des années 1970.
Michaël Prazan est écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires. Passionné d'histoire contemporaine, il s'intéresse aux mouvements radicaux des années 1960-1970. Auteur de plusieurs essais, Souvenirs du rivage des morts est son troisième roman.
Conseils d'amie, secrets de fabrication, souvenirs de voyages ou de chers disparus, la poésie de Barbara Kingsolver nous parle droit au coeur. D'une énergie et d'une vitalité éclatantes, elle est sculptée dans la matière même de la vie et des rencontres. La voix de la grande romancière américaine s'y révèle en toute liberté, généreuse et intime, honnête et parfois fracassante. C'est celle d'une femme de conviction digne, engagée, que la beauté mobilise autant dans la pratique que dans la théorie.
L'action de ce « petit roman », comme l'appelait volontiers son auteur, débute au milieu de la Première Guerre mondiale pour s'achever tragiquement en mars 1920. Le lecteur se trouvera là en présence d'un chef-d'oeuvre méconnu, méritant d'être porté à la connaissance d'un plus vaste public dans une nouvelle traduction qui lui restituera sa singularité.
Dans ses carnets, la narratrice raconte l'enchaînement de drames qu'a été son existence, de son enfance chaotique dans le sud de la France à l'abandon final sur les rails du métro. Née dans un village où rumeurs et légendes vont bon train, elle côtoie notamment le drôle d'Enfant-Cheval et le Drôle de Curé qui vient tous les jours prendre l'apéro à la maison. Lorsqu'elle est violée par l'oncle, en revanche, la vérité, étouffée par ses géniteurs, peine à éclater. Livrée à elle-même, elle n'a plus qu'une idée en tête : rejoindre Paris et renier son passé. Elle tentera de trouver sa place dans l'épuisante métropole, entre études, rencontres et solitude, auprès de sa propriétaire rescapée d'Auschwitz, de sa voisine comédienne fantasque, d'Orcel son grand amour éphémère et de l'horrible Makenzy.
Poète et romancier, Mackenzy Orcel a reçu de nombreux prix littéraires pour son oeuvre.
Un souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d'une ville naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C'est celui d'Eau-qui-court-sur-la plaine, une Indienne dont tout le clan a été décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré de ses déplacements. Elle rencontrera les frères Brad et Jeff traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante dans un chariot brinquebalant tiré par deux boeufs opiniâtres ; Xiao Niù qui comprend le chant du coyote; Elie poursuivi par Bird Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d'autres, dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où le mythe de l'Ouest américain, revisité avec audace et brio, s'offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous les trafics, à tous les transits, à toutes les itinérances.
Western des origines, véritable épopée fondatrice, tantôt lyrique, dramatique ou burlesque, Faillir être flingué est d'abord une vibrante célébration des frontières mouvantes de l'imaginaire.
Unanimement salué pour la puissance et l'inventivité de sa prose, Faillir être flingué a reçu le prix du Livre Inter 2014.
Sur fond de crise économique et spirituelle, la résilience follement inventive de deux femmes libres et puissantes, à près de 150 ans d'écart. De la fin du XIXe siècle à l'Amérique de Trump, "Des vies à découvert" met habilement en miroir deux époques de profonds bouleversements et pose la question : comment se réinventer quand les vieilles certitudes n'ont plus cours? Lucide, caustique, profondément humain, férocement politique, le grand retour au roman de Barbara Kingsolver.
Chronique d'une journée d'été caniculaire en ville, « Sud » emporte le lecteur dans un plan séquence d'une virtuosité folle, où se croisent toute une humanité de personnages : des adolescents au bord de l'abîme, des femmes et des hommes qui tentent de saisir leur destin, un tourbillon de voix quasi hypnotique. Styliste incomparable, Antonio Soler invente une musique, un regard qui plongent au tréfonds de l'âme humaine et donnent à ce roman la saveur unique du réel transcendé par le génie littéraire. Antonio Soler est à mettre au rang des grands noms de la littérature espagnole : Javier Marías, Jaume Cabré ou Manuel Vilas. Salué comme son chef d'oeuvre, « Sud » a reçu les plus prestigieux prix littéraires, dont le Premio de la Crítica et le prix Juan Goytisolo.
Une grande fable baroque sur le Venezuela, onirique et picaresque, autour de la figure d'un paysan analphabète qui se réapproprie sa propre Histoire : le premier roman de Miguel Bonnefoy, lauréat en 2013 du Prix du Jeune Ecrivain de langue française.
Une invitation au voyage, entre l'Europe et le grand Est, le passé et le présent, à la frontière du rêve et du réel.
Une escale en Pologne, qui fait ressurgir de douloureux souvenirs de famille. Une folle échappée dans un village ukrainien avec deux jeunes fiancés dangereusement attirants. Le retour au pays natal d'un peintre au coeur brisé en quête d'inspiration, réveillé soudain de sa léthargie. La découverte du dernier des Khazars par un affabulateur notoire lors de fouilles en Crimée. La lettre d'un amant esseulé dans une banlieue soviétique, qui envoie à sa moitié le conte d'une coupole volante en guise de baiser. Une escapade en vélo le long de la Desna ravive le souvenir d'une promenade en barque sur le Rhône... Dans ce recueil onirique, émaillé de signes et de traces, le lecteur est invité à suivre la piste d'une histoire inextricablement individuelle et collective, aux confins du connu et de l'inconnu.