« L'amour des livres et de la lecture respire à travers ce chef-d'oeuvre. Je suis absolument certain qu'il sera lu même une fois que ses lecteurs actuels seront passés dans l'au-delà. Mario Vargas Llosa Vallejo a judicieusement décidé de se libérer du style académique pour choisir la voix du conteur. L'histoire n'est pas considérée comme une liste d'ouvrages cités, mais comme une fable. Ainsi, pour n'importe quel lecteur curieux, ce charmant essai est accessible et émouvant dans sa simplicité parce qu'il est un hommage aux livres par une lectrice passionnée. » Quand les livres ont-ils été inventés ? Comment ont-ils traversé les siècles pour se frayer une place dans nos librairies, nos bibliothèques, sur nos étagères ?Irene Vallejo nous convie à un long voyage, des champs de bataille d'Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l'éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d'Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis. Grâce à son formidable talent de conteuse, Irene Vallejo nous fait découvrir cette route parsemée d'inventions révolutionnaires et de tragédies dont les livres sont toujours ressortis plus forts et plus pérennes. L'Infini dans un roseau est une ode à cet immense pouvoir des livres et à tous ceux qui, depuis des générations, en sont conscients et permettent la transmission du savoir et des récits. Conteurs, scribes, enlumineurs, traducteurs, vendeurs ambulants, moines, espions, rebelles, aventuriers, lecteurs ! Autant de personnes dont l'histoire a rarement gardé la trace mais qui sont les véritables sauveurs de livres, les vrais héros de cette aventure millénaire.
Des voix s'élèvent de la nuit d'Athènes pour célébrer l'amour. Les invités du banquet d'Agathon - ce sont ses talents de tragédien que l'on fête - livrent tout à tour leur version d'Eros. Le vin lourd et épicé délie les langues. L'invention va atteindre des sommets d'extravagance avec le mythe d'Aristophane. L'intensité dramatique, modulée de main de maître, va crescendo. Enfin, Socrate prend la parole, mais plutôt que de pousser son avantage dialectique, il choisit de rapporter les propos que lui a tenus jadis la prêtresse de Mantinée. C'est unique dans l'oeuvre de Platon, et disons-le rarissime dans l'histoire de la pensée occidentale : c'est à une femme que revient la tâche d'initier le philosophe au mystère de l'amour.
Ce que dit Diotime va changer l'histoire de notre sensibilité ; George Steiner le montre dans la préface : "l' 'Eros authentique est une quête de l'immortalité, notre vie n'est valable que si elle aspire à la vision de la beauté absolue, qui est aussi vérité".
Texte établi et traduit par Paul Vicaire, annoté par François L'Yvonnet.
Préface de George Steiner.
Le Gorgias est sans doute le plus animé et le plus féroce des dialogues platoniciens. A la faveur de la discussion qui oppose Socrate au sophiste Gorgias et à l'incroyable rhéteur Calliclès, Platon conduit la philosophie en un lieu où on ne voulait pas l'attendre : au sein des assemblées, des tribunaux et des discussions publiques où la question est posée de la "meilleure manière de vivre". A l'encontre de la rhétorique athénienne, la philosophie revendique la prétention exclusive d'être le seul discours éthique. Qu'il s'agisse des plaisirs, dont on ne peut vraiment jouir qu'à la condition de les maîtriser et de les connaître, ou du soin de la cité, qui exige un gouvernement susceptible d'améliorer les citoyens, la philosophie fait ici valoir sa compétence à ordonner les conduites.
Sans doute écrit au moment où Platon fondait à Athènes l'Académie (autour de 387), le Gorgias veut être le protocole éthique d'un engagement politique ; il débat donc des conditions du gouvernement de soi et des autres.
Jamais, peut-être, socrate ne fut aussi tranquille qu'en cette journée particulière qui s'achève par un arrêt de mort .
Le procès, banal par certains côtés (ce n'est ni la première ni la dernière fois que l'on aura la peau d'un homme libre), a pour nous valeur de symbole. il est l'un des événements fondateurs de notre identité intellectuelle : il décidera de la vocation philosophique de platon. l'histoire de la pensée occidentale porte la marque de cette césure : il y a l'avant et l'après socrate. chaque fois qu'une communauté tente, par la censure, l'ostracisme ou le meurtre, de réduire au silence un étranger moral ou intellec tuel à l'intérieur de ses murs, de bâillonner ou d'effacer ses interrogations intolérables, elle vit une heure socratique.
" (george steiner).
Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire.
Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin.
Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce.
Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
Rome et le monde romain comme on ne vous les a pas racontés, et comme les manuels ne peuvent pas les raconter.
Depuis Romulus jusqu'à la chute de l'empire, ce livre secoue nos certitudes et tend parfois un miroir à nos préoccupations contemporaines, parlant de fake news et de politique-spectacle, d'accès à la citoyenneté entre asile généralisé et fermeture, d'images paradoxales de l'Urbs, de génocides étalés avec complaisance à côté de quelques discours humanitaires, d'une hostilité prétendue au progrès scientifique, de représentations du limes construites en fait au XIXe siècle, d'une extraordinaire et bien réelle capacité à gérer de terribles défaites (parlera-t-on de résilience ?), de l'escamotage des langues de l'empire autres que le latin et le grec, du moins jusqu'aux prêcheurs chrétiens, de l'importance des prodiges et de la multiplicité des cultes locaux, ou encore des « invasions barbares » et du foisonnement des hypothèses sur la chute de l'empire... L'érudition et la familiarité s'associent en un récit passionnant et décapant.
La sagesse épicurienne est devenue tellement célèbre que le mot épicurisme est, de nos jours un nom commun plus que celui d'une doctrine. Et cela - on le sait - au prix de nombreux contre-sens qui défigurent cette philosophie, autant en y cherchant une provocation à la débauche ou au libertinage qu'en en faisant une école d'ascétisme. En proposant une nouvelle traduction de quelques uns des écrits les plus fondamentaux d'Épicure, il s'agit de revenir au coeur de cette doctrine, à la fois oubliée, recouverte, mais vivante, à travers un dialogue avec les illustrations. Il s'agit de lui donner, ou de lui redonner, la présentation qui convient à une sagesse : accessible à tous, proche et utile, tenant en un format resserré et permettant de garder toujours auprès de soi ce précieux ouvrage, comme une sorte de bréviaire.
Pendant quelque trois mille ans, le bassin méditerranéen a été un foyer de civilisation de premier ordre. Il a exercé une influence majeure sur les affaires du monde.
David Abulafia retrace ici l'histoire d'une mer à hauteur d'homme, de la guerre de Troie à la piraterie, des batailles navales entre Carthage et Rome à la diaspora juive des mondes hellénistiques, de la montée de l'Islam aux Grands Tours du XIXe siècle jusqu'au tourisme de masse du XXe siècle.
Plutôt que d'imposer une unité artificielle à l'activité foisonnante qui se déroule à la surface de la « Grande Mer », David Abulafia insiste sur sa diversité, qu'elle soit ethnique, linguistique, religieuse ou politique.
Au coeur de sa thèse se trouve l'idée que la prospérité de cités maritimes telles qu'Alexandrie, Trieste, Salonique, Venise et beaucoup d'autres, a reposé pour une large part sur leur capacité à accueillir peuples, religions et identités et à leur permettre de coexister : la Méditerranée a incarné pendant des millénaires ce lieu exceptionnel où religions, économies et systèmes politiques se sont rencontrés, affrontés, influencés et finalement assimilés.
David Abulafia combine la recherche historique la plus exigeante avec le style enlevé du conteur. Son histoire de très longue durée a été unanimement saluée comme une splendide réussite.
« Parmi les royaumes bien organisés et gouvernés de notre temps, il y a celui de France, où l'on trouve une infinité de bonnes institutions, dont dépendent la liberté et la sécurité du roi ; au premier rang desquelles figure le parlement avec son autorité. Parce que celui qui institua ce royaume, connaissant l'ambition des puissants et leur insolence et jugeant nécessaire qu'ils aient dans la bouche un frein pour les corriger, sachant d'autre part fondée sur la peur la haine du populaire envers les grands et voulant rassurer ces derniers, ne voulut pas que ce fût là une attribution particulière du roi, pour lui épargner les éventuels griefs des grands s'il favorisait le populaire et ceux du populaire s'il favorisait les grands ; c'est pourquoi il institua un tiers juge chargé, sans qu'on en fît grief au roi, de battre les grands et favoriser les petits ; institution, celle-ci, qui ne pouvait être ni meilleure ni plus prudente, ni une plus grande source de sécurité pour le roi et le royaume. D'où l'on peut tirer un autre enseignement digne d'être noté, à savoir que les princes doivent faire en sorte que soient administrées par d'autres les choses qui sont matière à griefs, et par eux-mêmes celles qui sont matière à gratitude. Et je conclus une nouvelle fois qu'un prince doit faire cas des grands, mais ne pas se faire haïr du peuple. »
Au soir du 1er décembre 1934 - jour de l'assassinat du chef du Parti de Leningrad, Sergueï Kirov -, Staline ordonne d'élargir et d'accélérer la répression de tous les suspects de la « préparation d'actes terroristes ». Le signal de la plus gigantesque répression policière du xxe siècle est donné. Pendant quatre ans, des milliers de responsables du régime soviétique vont être arrêtés, emprisonnés et souvent exécutés. La liquidation de tous les anciens opposants à Staline va s'étendre, par cercles concentriques, à la majeure partie des cadres dirigeants. Les accusés, soumis à des procès publics, avoueront unanimement les crimes les plus abominables et les plus invraisemblables. Une fraction notable de l'opinion internationale quant à elle se cantonnera dans une expectative prudente, voire s'aveuglera sur ces mascarades judiciaires. Nicolas Werth retrace ici, parallèlement au récit mouvementé des « grands procès », la genèse et la dynamique de ce moment paroxystique de la logique totalitaire. Il le fait en tenant compte des données nouvelles et des discussions historiques récentes. Au-delà des banalités sur le culte de Staline ou des généralités sur le totalitarisme, l'auteur apporte des clefs d'interprétation qui permettent de mieux cerner cette période tragique.
En France, le jeu de séduction réciproque galant développé à la Cour dès le règne de François Ier définit l'homme comme séducteur, actif, au contraire de la femme séduisante, passive, créant lentement pour les privilégiés une illusion d'harmonie relative entre les sexes. Paris, reine du monde érotisée, produit en contrepoint les conditions nouvelles d'une séduction féminine capitale, longtemps diabolisée sous les traits de la femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, avant de s'apaiser, depuis les années folles, à travers le mythe de la Parisienne au charme exceptionnel. Les 19e et 20e siècles connaissent pourtant subrepticement un retour en arrière misogyne, issu d'une réactivation laïque de l'antiféminisme, car pour les bourgeois triomphants le seul rôle féminin décent est, éternellement, celui de conjointe et de mère. À notre époque, le vieux modèle paternaliste basé sur la primauté multiséculaire du mariage hétérosexuel a volé en éclats. Utilisant des productions marquantes, oeuvres littéraires, films, bandes dessinées, pour repérer les théories et les pratiques, ce livre souhaite faire découvrir les extraordinaires métamorphoses de la séduction amoureuse une grande passion française constitutive de l'identité nationale.
Trouver les endroits les plus propices à la rencontre, feindre la passion, accentuer ses talents, conquérir mais aussi conserver, L'Art d'aimer est un véritable traité de la galanterie et de la stratégie amoureuse : écrit en 43 avant J.-C., il offre un tableau saisissant des moeurs romaines sous Auguste. C'est également pour Ovide l'occasion de scruter, en grand moraliste, les facettes de l'âme humaine.
Sur fond de retour de la guerre aux portes de l'Europe, ce livre d'entretiens revient sur la trajectoire intellectuelle de l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau, dont l'oeuvre bouleversa non seulement toute notre vision de la Première Guerre mondiale, mais renouvela aussi en profondeur notre approche du fait guerrier et des violences du champ de bataille. Il s'agit ici d'un dialogue à battons rompus entre historiens, laissant parlà même apparaître plus volontiers accords et désaccords, convergences et divergences. Mais la spécificité de cet ouvrage tient surtout dans sa réflexion nourrie sur la difficulté qu'il y a, comme dit Stéphane AudoinRouzeau, à regarder la guerre de près et bien en face. Nos réactions incrédules au déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, en disent long sur nos refus de voir, sur nos aveuglements, sur les dénis nombreux qui caractérisent notre rapport contemporain à la violence de guerre. Là, sans doute, se situe l'apport principal du livre.
Écrire un ouvrage sur Pythagore et le pythagorisme représente un parcours complexe et parsemée d'embûches. L'historiographie n'a cessé de revenir sur la figure énigmatique du sage samien en abordant des sources souvent tardives et difficiles à interpréter, tentant de donner corps à son enseignement tout en reconstituant ce qu'avait pu être sa vie et celle de ses successeurs. Deux siècles plus tard, il est évident pour n'importe quel chercheur que Pythagore est un personnage réel, mais souvent guère plus ; l'hypercritique résume parfois ce que nous croyons savoir du maître de Crotone à un faux portrait sculpté et poli par les témoignages des auteurs antiques, en particulier ceux postérieurs à Platon. Pourtant, quiconque se penche sur les témoignages, certes très maigres pour les plus anciens, peut tirer de la gangue de légendes et de réinterprétations un noyau authentique.C'est cette tâche complexe, mais exaltante, qu'a entreprise Christoph Riedweg il y a une vingtaine d'années.
Phèdre est un des nombreux dialogues socratiques transmis par Platon. Il y est question de la beauté et de l'amour, entendu comme désir, dans un premier temps, puis de la beauté d'un discours et de la rhétorique dans un second temps. L'amour comme la rhétorique peuvent éléver la beauté de l'âme mais ils peuvent tout aussi bien l'abaisser, en s'attachant seulement au plaisir et à la domination d'autrui. Au contraire, celui qui, à travers l'être aimé ou à travers le beau discours, contemple des idées pures, gagnera en sagesse et en beauté.
Livre de référence pour toute réflexion sur la poésie et sur la théorie littéraire en Europe depuis près de vingt-trois siècles. En examinant l'épopée et la tragédie, Aristote en décrit les structures et en explique les origines et les fins. Ce faisant, il se démarque radicalement de Platon, qui avait banni toute forme de poésie de sa cité idéale.
Rose Mary Sheldon retrace le développement des méthodes de renseignement romaines des débuts de la République (509-27) jusqu'au règne de Dioclétien (284-305 après J.-C.), d'une forme embryonnaire jusqu'au système très élaboré d'Auguste (63-14 après J.-C.) et de ses successeurs. Le récit est rythmé par des chapitres consacrés à l'étude de certains des échecs romains dans ce domaine.
Outre un développement consacré à Hannibal (247-183) et à son utilisation magistrale des espions et des informateurs, on trouvera un chapitre consacré aux deux incursions de Jules César (100-44 avant J.-C.) en Grande-Bretagne, dont la conclusion est qu'elles auraient pu connaître une issue plus heureuse si César avait mieux étudié sa cible et utilisé les ressources offerts par les éclaireurs. Même les plus grands stratèges se retrouvent vulnérables et à la merci du moindre contretemps lorsqu'ils oublient toute prudence.
Bien que les méthodes de renseignement aient radicalement changé avec l'avènement de la technologie moderne, les principes restent étonnamment similaires. Originale et richement documentée, cette histoire du renseignement dans le monde antique montre comment, même en des temps plus primitifs, les systèmes de renseignement contribuaient à façonner, en temps de guerre comme en temps de paix, la politique de défense et la politique étrangère des nations. Les activités de renseignement font partie de l'art de gouverner et sans elles, les Romains n'auraient pas pu édifier ni protéger leur empire.
« Le renard » dit un vers du poète grec Archiloque « sait beaucoup de choses, mais le hérisson sait une grande chose. » Cet aphorisme, que le philosophe britannique Isaiah Berlin remit à l'honneur en 1951 dans un essai consacré à la philosophie de l'histoire de Léon Tolstoï, sert de point de départ à John Lewis Gaddis, le principal historien américain de la Guerre froide, à une réflexion sur la stratégie à travers toute l'histoire occidentale.
En dix chapitres, tous soigneusement documentés, et qui vont de la lutte entre Xerxès et Thémistocle au Ve siècle avant notre ère à celle de Roosevelt et de Staline, l'historien américain ne cesse d'approfondir une réflexion sur les raisons qui, au cours des siècles, permirent à certains stratèges - les renards - de l'emporter sur leurs adversaires. Comment Thémistocle contint-il Xerxès ? Comment Octavien fit-il échec à Antoine ? Comment Elizabeth I l'emporta-t-elle sur Philippe II d'Espagne dont les forces étaient pourtant infiniment plus grandes ? Plus que d'un simple pragmatisme, les renards, montre Gaddis, portent sur la réalité un regard bien moins offusqué par le voile déformant des idéologies de toutes sortes qui fascinent les hérissons.
Le bonheur tient à peu de choses. Il se cueille au jour le jour dans les parterres fleuris du beau jardin, millénaire, de la sagesse épicurienne. Le philosophe grec Épicure (340-270 avant J.-C.), mais aussi les grands poètes qu'il a influencés, Horace, Lucrèce, Virgile, bien d'autres encore, jusqu'à la Renaissance et au-delà, promettent le bonheur pourvu que nous sachions nous contenter de sobres plaisirs.
Charles Senard, au fil des chapitres, les égrène : conversations amicales, amour et poésie, campagne charmante, bons vins, trésors des souvenirs. La philosophie épicurienne est l'un d'eux, d'autant plus précieux qu'il est fragile : beaucoup de ses grands textes ont disparu, plusieurs ont été sauvés in extremis, déchiffrés dans les rouleaux carbonisés, patiemment dépliés, d'une bibliothèque d'Herculanum.
Dans ces pages légères et profondes, l'auteur propose une initiation poétique à une philosophie source d'inspiration quotidienne.
« Ce livre parle avant tout d'amour : le grec ancien a été l'histoire la plus longue et la plus belle de toute ma vie.
Peu importe que vous connaissiez le grec ou non.
Si c'est le cas, je vous dévoilerai des caractéristiques de cette langue dont personne ne vous a parlé au lycée, quand on vous demandait d'apprendre par coeur conjugaisons et déclinaisons.
Si ce n'est pas le cas, c'est encore mieux. Votre curiosité sera comme une page blanche à remplir.
Qui que vous soyez, cette langue recèle des manières de s'exprimer qui vous permettront de vous sentir chez vous, de formuler des mots et des idées qui ne trouvent pas d'expression exacte dans notre langue. » Le grec est une langue géniale : voici neuf bonnes raisons d'en tomber éperdument amoureux.
Introduction Livres I à XII
Ce livre est le fruit d'un vieil amoureux de la mer Intérieure qui en dévoile pour nous les balbutiements enrichis d'un savoir encyclopédique. L'historien des grands espaces et des longues durées apporte son métier et sa vision à la préhistoire et aux antiques civilisations qui, jusqu'à l'accomplissement de la conquête romaine, ont bordé et fait la Méditerranée.
« Comment savez-vous que c'est un missile de moyenne portée ? » Telle est la première question du président américain John F. Kennedy.
Ce mardi 16 octobre 1962, la crise de Cuba débute. Elle sera la confrontation la plus dangereuse de la guerre froide et le moment le plus périlleux à ce jour de l'histoire américaine. Ce que ses interlocuteurs ignorent, c'est que le président vient d'actionner le système d'enregistrement du Bureau ovale, consignant toutes les réunions secrètes du Comité Exécutif du Conseil de Sécurité Nationale durant les douze jours de la crise. Il sait qu'il a rendez-vous avec l'Histoire.
Patiemment retranscrits et analysés par Sheldon M. Stern, ces enregistrements secrets nous plongent au coeur de discussions dignes d'un thriller haletant. Stern documente le fait que JFK et son administration portaient une part substantielle de responsabilité dans la crise. Les opérations secrètes menées à Cuba, notamment les efforts visant à éliminer Fidel Castro, avaient convaincu Nikita Khrouchtchev que seul le déploiement d'armes nucléaires pouvait protéger Cuba d'une attaque imminente. Cependant, Kennedy se méfiait profondément des solutions militaires aux problèmes politiques.
Effrayé par la perspective d'une guerre nucléaire, il n'a cessé de dissuader les décideurs politiques d'un conflit apocalyptique, mesurant chaque mouvement et contre-mouvement : à tout prix, éviter ce qu'il appelait, avec une brutale éloquence, « l'échec final ».
Quant à Sheldon M. Stern, il a réalisé le rêve de tout historien : « Être la petite souris cachée dans la pièce où tout se joue, lors de l'un des moments les plus dangereux de l'Histoire de l'humanité. Avoir le privilège de savoir ce qui s'est réellement passé » écrit-il. Comme nous aujourd'hui en le lisant.
Nous ne parlons pas ici d'un art tranquille et pacifique, qui aime la probité et la modération. Cette grande, cette glorieuse éloquence est la fille de la licence, que les sots appellent liberté, la compagne des séditions, l'aiguillon d'un peuple sans frein ; incapable d'obéissance ou de sérieux, opiniâtre, téméraire, arrogante, ce n'est pas dans une société régie par une bonne constitution qu'elle peut prendre naissance. (Tacite)