Ce livre captivant, richement documenté d'archives et de témoignages souvent inédits, dresse le tableau complet des crimes nazis sur l'ensemble du territoire français en 1944-1945. Cette période couvre à elle seule 70 % des atrocités commises par l'occupant durant la Seconde Guerre mondiale en France.
Les nazis appliquent méthodiquement le concept de guerre totale, déjà mis en oeuvre par l'armée allemande en 1914-1918 et visant à multiplier les massacres contre les civils afin de terroriser la population, de tarir tout sentiment patriotique, tout soutien aux maquis et de diminuer leur activité en générant la crainte de représailles contre les habitants. Les SS, la Gestapo et les unités régulières de l'armée allemande participent à ces exactions, en fonction des directives venant du haut commandement lui-même.
Les massacres en Périgord, en Limousin, dans les Pyrénées, des Glières et du Vercors, dans l'Ain, d'Ascq, de Maillé, des Manises, de Penguerec, de Saint-Genis-Laval et de Bron, de la vallée de la Saulx, ainsi que bien d'autres, sont présentés en détail dans cet ouvrage de référence.
Maurice Rajsfus a eu accès à de nombreuses pièces d'archives inédites et à des documents récemment mis au jour.
Il a pu ainsi reconstituer une des pages les plus sombres de l'Occupation. Le port obligatoire de l'étoile jaune, imposé aux Juifs de la zone occupée, en application de la 8e ordonnance du 29 mai 1942, n'est que l'une des mesures répressives décidées par la Gestapo mais appliquée par les policiers français. Les étoiles jaunes seront délivrées dans les commissariats de police et non dans les officines de la Gestapo.
À partir du 7 juin 1942, premier jour du port de l'étoile jaune, dès l'âge de six ans, la vigilance policière sera sans faille, et de nombreuses personnes seront arrêtées, internées puis déportées sous les prétextes les plus divers : sur les mains courantes des commissariats sont évoquées les étoiles mal cousues, peu visibles ou mal détourées. Il est également question du comportement " arrogant " des victimes.
En cette circonstance, comme pour les déclarations des Juifs dans les commissariats, en octobre, 1940, ou la réquisition des postes de TSF ou des récepteurs de téléphone l'année suivante, la police française fera respecter l'ordre nazi avec un zèle qui lui vaudra les éloges de ses maîtres. Cinq semaines plus tard, ce sera la rafle du 16 juillet 1942. Maurice Rajsfus relate ensuite dans Jeudi noir comment sa famille fut arrêtée à Vincennes.
Lui et sa soeur aînée furent libérés, mais ses parents, déportés à Auschwitz, ne reviendront pas. Un récit émouvant et sans complaisance.
L'horreur qu'il a vécue enfant hante toujours ses nuits. Sa vie. À près de 90 ans, Léon Placek n'a pas oublié ce qu'il a subi pendant la Seconde Guerre mondiale. L'étoile jaune, la dénonciation, le commissariat de police de son quartier, à Paris, puis l'internement à Drancy et le départ en train vers l'inconnu, jusqu'à l'arrivée au camp de Bergen-Belsen. Le choc de la faim, du froid, la mort côtoyée à chaque instant, la torture qui porte un autre nom... Et enfin la Libération, mais accompagnée de tant d'incertitudes...
Ce livre raconte l'histoire de ce jeune garçon et de sa famille confrontés à la législation promulguée en 1941, qui exclut de la communauté nationale tous ceux désormais fichés et considérés comme « ennemis ». Léon Placek a dès lors connu le pire, jusqu'au désespoir.
Il témoigne aujourd'hui avec une infinie sensibilité et partage ses réflexions sur l'humanité, en se confiant à Philippe Legrand. Son récit, intime et bouleversant, est plus qu'une leçon de vie : c'est un parcours unique pour mieux comprendre la force des hommes et des femmes lorsque tout semble perdu. Une incursion dans le temps qui trouve tout son sens à notre époque, de nouveau plongée dans la tourmente et confrontée au retour des idées extrêmes.
Représentations du 3 novembre au 10 février 2004 au Théâtre du Lavoir Moderne Parisien, suivies par une tournée en province.
"J'ai 14 ans.
J'habite Vincennes.
Je suis élève au collège situé à l'école du nord, rue de la liberte:
J'ai appns à lire et à écrire à l'école de l'ouest, rue de l'égalite:
Il y a aussi une rue de fa fraternité d Vincennes.
Lorsque la rafle s'est produite, je venais d'avoir 14 ans." Ainsi commence l'adaptation théâtrale que Philippe Ogouz a conçue à partir de trois livres de Maurice Rajsfus -Opération Étoile jaune (le cherche midi), Chroniques d'un suroivant (Noésis), La Rafle du Veld'Hiv (PUF).
La voix de Maurice Rajsfus est à nulle autre comparable car se mêle au récit de la victime et du témoin qu'il fût, le regard acéré de l'historien qu'il est devenu.
Maurice Rajsfus est l'auteur, au cherche midi, de La Police de Vichy, les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo, 1940 -1944 ; Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944 ; La Police hors la loi, des milliers de bavures sans ordonnances, depuis 1968 ; Les Français de la débâcle, juin-septembre 1940, un si bel été; Mai 68, sous les pavés, la répression, mai 1968- mars 1974; La censure militaire et policière en 14-18 ;
De la Victoire à la débâcle (1919-1940) et Opération Étoile jaune suivi de Jeudi noir.
Drancy ne fut pas seulement, contrairement à une légende tenace, un camp de transit dans lequel séjournèrent plus ou moins longtemps des déportables ".
Maurice Rajsfus a eu accès, après des années de recherches, à des archives jusqu'alors inédites et il a recueilli les témoignages de survivants. Il ressort de son livre que Drancy fut bel et bien un camp de concentration très ordinaire à quelques kilomètres de Paris. Les révélations contenues dans cet ouvrage, quant à la gestion au jour le jour de Drancy, soulèveront bien des polémiques car, plus de cinquante ans après l'ouverture du camp en 1941, il semble que peu d'esprits soient disposés en France à admettre certaines vérités gênantes pour la bonne conscience collective.
Ce livre arrache des masques encore douloureux. On comprend, en le lisant, pourquoi cette page noire de notre histoire est loin d'être refermée.
Juin 1940. Robert de La Rochefoucauld a 16 ans lorsque l'Allemagne nazie envahit la France. Farouchement décidé à défendre son pays, il gagne Londres, y rencontre le général de Gaulle avant d'être recruté par la branche action des services secrets anglais. Après un entraînement commando, il est parachuté en France. Multipliant les fausses identités, il y accomplit de nombreuses missions, il est capturé à plusieurs reprises par les Allemands, s'évade à chaque fois, dans des conditions souvent rocambolesques. À partir de centaines d'heures d'entretiens, de recherches inédites dans les dossiers officiels, Paul Kix a reconstitué la vie romanesque et palpitante de ce héros peu ordinaire. Avec un sens de l'intrigue et de la construction digne des plus grands romanciers, il nous offre ici un document exceptionnel qui se lit comme un véritable thriller. Les droits de cette incroyable aventure ont été cédés à la maison de production de Steven Spielberg, avec Cary Fukunaga, réalisateur de True Detective, à la mise en scène.
Trois Alsace.
Trois guerres.
Trois générations de Guillaume Pfaadt, décimées par les combats.
Malgré-nous : Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht et la Waffen SS durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que le patriarche se souvient des conflits armés de 1870, ses fils Henri et Charles s'affrontent dans les tranchées de 1914, de part et d'autre du même champ de bataille ; Guillaume, lui, se bat contre la Russie tsariste, et Eugène, le benjamin adoré, est sacrifié.
La génération suivante subit la guerre de 1939-1945 et le nazisme, et voit le fils aîné de Guillaume enrôlé dans la Wehrmacht puis expédié sur le front russe. Pendant ce temps, dans la petite ville de Bischwiller, les femmes inquiètes observent le défilé des uniformes, doivent se plier aux restrictions allemandes et attendent en vain des nouvelles des leurs.
Dans ce récit haletant, Laurent Pfaadt retrace la saga de sa famille où la petite histoire côtoie la grande.
Proche de Buchenwald auquel il était d'abord rattaché, Mittelbau-Dora fut l'un des camps de concentration et d'extermination par le travail les plus meurtriers du IIIe Reich. D'août 1943 à avril 1945, près de 9 000 déportés de France ont creusé des tunnels pour installer un site industriel et assembler les pièces de fusées V2 censées anéantir l'Angleterre depuis le Pas-de-Calais. Plus de la moitié sont morts dans l'enfer du camp.
Qui étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Pour quelles raisons ont-ils été arrêtés ? Que sont devenus les survivants ? Ces parcours ici relatés témoignent de l'engagement, du courage dont ont fait preuve ces déportés, résistants pour la plupart, mais aussi des souffrances terribles qu'ils ont endurées.
Tous nous semblent familiers tant, jusqu'à la guerre, leur destin semblait se fondre dans celui des hommes de leur époque : ouvriers, fonctionnaires, ingénieurs, artisans, étudiants ou vétérans de 1914-1918... Au fil des pages, nous découvrons Pierre Walter, jeune militaire de 22 ans, qui tentait de rejoindre les Forces française libres ; Émile Fabre, 50 ans, arrêté pour résistance communiste dans les Bouches-du-Rhône ; Robert Bailly, 20 ans, Jurassien, réfractaire au STO ; Isidore Haggai, 32 ans, tailleur à Paris, arrêté au motif qu'il ne portait pas l'étoile jaune.
Depuis Roger Abada jusqu'à Benjamin Zyman, en passant Stéphane Hessel et Simone Veil, ces notices biographiques, enrichies d'un index par département, retracent l'histoire d'un pan entier de la déportation dans toutes ses composantes et sa complexité.
Fruit de près de deux décennies de recherches, du recoupement de milliers d'archives, de la mobilisation sans précédent d'historiens, de professeurs, d'archivistes, de bénévoles, Le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora rend enfin justice à l'engagement et au combat mené par les déportés contre le nazisme.
La Shoah, c'est plus de 6 millions de morts, de visages, de prénoms, d'êtres aimés et aimants, avec des rêves et des projets.
Il existe en Israël une maison d'accueil pour les survivants de l'Holocauste, probablement le seul projet au monde d'accompagnement de fin de vie. Ils viennent d'Auschwitz, de Bergen-Belsen, des forêts et des ghettos. Ils reviennent d'entre les morts. Et ils se souviennent. De tout : la rafle, les cris, la peur, les chiens, les fusillades au bord des fosses communes, le train, la sélection, la douche, la tonte, la nudité, le froid, la faim, le travail d'esclave, les corps entassés dans les baraquements, les cris des kapos, les poux... Et la mort. La mort, partout, tout le temps. Ils vivent chaque jour avec le visage de leurs disparus. Avec les fantômes de ces millions d'innocents exterminés. Ils sont « les voix des morts » et, dans ce livre, témoignent sans doute pour la dernière fois, afin que jamais on n'oublie que l'horreur a été possible et que ce qui a été possible hier peut encore l'être demain, ici ou ailleurs. Ils parlent, parce que ce crime contre l'humanité est notre héritage à tous, Juifs et non-Juifs. Il est bon de se le rappeler quand, un peu partout dans le monde, on assiste à une nouvelle montée de l'antisémitisme. Et parce que l'oubli et l'indifférence seraient une deuxième mort pour toutes ces victimes.
À la libération, le colonel Paul Paillole, responsable du contre-espionnage français, entreprend de dresser la liste des personnes ayant collaboré avec l'occupant allemand.
En 1945, il donne dans deux volumes de plus de 2 000 pages les noms des 96 492 "suspects et douteux". Ce fichier très secret était connu du résistant Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, et d'Alexandre de Marenches, patron des services secrets français de 1970 à 1981.
Il fut communiqué aux parties civiles lors du procès de Maurice Papon en 1997 et retourna dans le silence des archives en raison de son contenu explosif, et ce jusqu'à aujourd'hui, grâce au déclassement en 2015 des dossiers concernant cette période. Dominique Lormier nous raconte l'extraordinaire histoire de ce fichier des collabos, ce qu'il contient, ceux qui y figurent en bonne place comme ceux qui en sont bizarrement absents. L'analyse des différents types de collaboration et de leur répartition sur l'ensemble du territoire métropolitain apporte un éclairage étonnant sur la période de Vichy.
Un document exceptionnel.
La plus jeune a 17 ans, la plus âgée, 67. Un matin glacé de janvier 1943, 230 femmes enfermées dans des camps d'internement français, ces « châteaux de la mort lente », sont conduites par la Gestapo en gare de Compiègne. Leur destination : Auschwitz-Birkenau. C'est en chantant La Marseillaise qu'elles feront leur entrée dans le camp d'extermination. Seules 49 d'entre elles en reviendront vivantes.
C'est l'histoire de ces femmes que Caroline Moorehead nous raconte ici. Des femmes « ordinaires », dont beaucoup de résistantes, qui ont tout sacrifié pour combattre le nazisme. Venues d'horizons divers, de classes sociales variées, elles vont puiser leurs forces dans l'amitié, la solidarité et l'entraide.
Depuis leur arrestation, leur torture par la police française ou la Gestapo, leur voyage dans le train de la mort, leur vie dans le camp jusqu'à leur libération par l'Armée rouge en janvier 1945, ce livre restitue, avec une émotion rare, leur traversée des cercles de l'enfer.
Nicholas Alkemade, mitrailleur d'un bombardier britannique, survit à une chute de 6 000 mètres. Giorgio Perlasca, Italien en poste en Hongrie, sauve 5 200 Juifs de la déportation. L'aviateur américain Charlie Brown est épargné par un pilote de chasse allemand. Jacques Sztark subit les horreurs des camps nazis et sauve des prisonniers allemands de la mort. Yves La Prairie joue un rôle important dans la Résistance, s'évade par les Pyrénées et termine la guerre dans la marine. Amedeo Guillet, officier italien, devient un héros en Afrique orientale. Adolf Galland demeure un aviateur atypique de la Luftwaffe. Les pilotes britanniques Robert Tuck et Douglas Bader multiplient les exploits en plein ciel. Les Britanniques mènent des raids commandos en Gironde et en Norvège. Erich Hartmann devient l'as des as. Jean-Baptiste Piron et ses soldats belges sont les grands oubliés de la Libération. Les parachutistes japonais taillent les Alliés en pièces. Charles Wingate et ses soldats s'illustrent dans la jungle birmane. Matome Ugaki est le dernier kamikaze japonais mort au combat.
Captivant.
Arletty a aimé. Et souffert d'une irrésistible passion.
Quand, en mars 1941, dans la France occupée, elle fait, à presque 43 ans, la connaissance d'un officier de la Luftwaffe, Hans Jürgen Soehring, elle se sent « chipée ». Un euphémisme gouailleur dans la bouche de l'actrice la plus adulée et la mieux payée du cinéma français, dont les lettres insolentes, spirituelles et drôles, mais toujours d'une profonde gravité, font écho aux abîmes d'angoisse dévastateurs qu'elle traverse.
Il a dix ans de moins qu'elle et s'installe bientôt sous son toit donnant sur la Seine. À la moindre séparation imposée par les circonstances, ils s'écrivent. En août 1943, leur correspondance prend une tournure encore plus passionnée. Le cours politique et militaire de l'Occupation s'accélère. Soehring est appelé sur le front italien. Ils s'envoient jusqu'à deux lettres par jour grâce à une cohorte de messagers du coeur, civils ou militaires, qui se démènent pour faciliter l'acheminement de colis et de mots enflammés.
À travers leurs regards croisés sur la guerre, Arletty et Soehring se montrent des amants éperdus, hors du temps. La paix revenue, l'incandescence de leur amour reste vive, comme en témoignent ces échanges épistolaires inédits.
La Résistance française a marqué les esprits par la diversité de ses actions, dans un conteste particulièrement dangereux, du fait que l'occupant considérait les combattants de l'ombre comme des "terroristes", voués en cas de capture à la torture, la déportation et la fusillade. Cet ouvrage donne la place à tous les résistants, et présente la multiplicité de leurs actions dans la lutte contre l'Allemagne hitlérienne.
Ces histoires sont toutes extraordinaires par le courage immense que ses femmes et ses hommes ont déployé, risquant leur vie à chaque instant, contraints de se préparer au pire, mais également portés par un patriotisme ardent, des valeurs humanistes transcendant parfois les clivages et les appartenances politiques des uns et des autres. L'extraordinaire activité de la Résistance clandestine de 1940 à 1943, à travers ses groupes, ses réseaux et ses mouvements, touche l'ensemble du territoire national.
L'affaire Grandclément ne cesse de fasciner par les incroyables événements qui s'y rapportent. Les évadés de France sont les témoins d'une épopée allant des Pyrénées à l'Afrique du Nord. Gilbert Rémy, l'agent secret dont l'action a été déterminante au niveau des réseaux de renseignement, offre une personnalité riche et pleine de contrastes. Ginette Vincent-Baudy incarne le rôle important des femmes dans la Résistance et le martyr des déportés.
Les forces françaises de l'intérieur (FFI), regroupant l'armée secrète (AS), les francs-tireurs partisans (FTP) et l'organisation de Résistance de l'armée (ORA), jouent un rôle capital dans la libération de la métropole en 1944-1945. Henri Romans-Petit démontre l'efficacité des maquis dans la lutte armée, de même que les combats du corps franc Pommiès.
Marguerite Buffard-Flavien, née dans le Jura en 1912, élève de l'École normale supérieure de Sèvres, devient professeur de philosophie et s'engage en 1934 dans le combat antifasciste. Nommée successivement à Colmar, Caen puis Troyes, restée fidèle au parti communiste, elle est révoquée en décembre 1939. Elle travaille ensuite comme ouvrière dans une bonneterie puis, exclue du PCF, isolée, rejoint la ferme de la famille de son mari. Internée en 1942 au camp de femmes de Monts, près de Tours, elle participe à l'une des rares révoltes contre la mauvaise nourriture. Transférée de ce fait à Mérignac, près de Bordeaux, elle s'évade en décembre 1943 et rejoint la Résistance à Lyon. Agent de renseignement à l'inter-région FTP, dénoncée, elle est arrêtée par la Milice le 10 juin 1944. Le 13 juin, vraisemblablement par crainte de' parler sous la torture, elle se défenestre du troisième étage du siège de la Milice, rue Sainte-Hélène. Elle meurt le jour même sans avoir parlé. Rapidement, après quelques hommages, elle disparaît de la mémoire collective. Une plaque est apposée rue Sainte-Hélène, avec la mention erronée " Assassinée par la Gestapo ". Christian Langeois reconstitue cette vie brisée sur la base d'archives, d'une riche correspondance (en particulier avec son mari prisonnier en Allemagne), de quelques témoignages. Il restitue la figure d'une femme d'exception pleinement engagée dans la vie au nom d'un idéal humaniste.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité. Secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944, il a contribué à la déportation de milliers de Juifs entre Bordeaux et Drancy. Il restera le seul haut fonctionnaire français jugé pour sa participation à la collaboration de l'État de Vichy à la Shoah. Quels sont les dessous de ce verdict, fruit d'un combat acharné ?
Avocat à l'initiative du procès, Gérard Boulanger revient sur les événements saillants ou méconnus qui ont jalonné cette procédure hors norme pendant vingt-trois ans, de 1981 à 2004. L'auteur passe en revue les multiples obstacles politiques et judiciaires qui ont dû être surmontés, les difficultés juridiques qu'il a fallu vaincre, mais surtout les nombreux secrets de ce procès qui n'ont encore jamais été révélés.
Livrant ses souvenirs sur l'affaire, Gérard Boulanger en brosse aussi l'histoire avec minutie.
Gwenn-Aël Bolloré a été l'un des cent soixante-dix-sept Français qui ont débarqué le 6 juin 1944. Ces volontaires du commando Kieffer étaient intégrés au N°4 commando britannique sous l'autorité du général de brigade Lord Lovat.
La mission de cette unité d'élite consistait durant ce « jour le plus long » à neutraliser le casino-bunker de Ouistreham, avant de prendre le contrôle de la ville, puis à faire la jonction avec les troupes aéroportées du général Gale qui tenaient le pont - désormais célèbre - de Pegasus Bridge : une promenade de dix-sept kilomètres sous le feu de l'ennemi. L'objectif fut atteint au prix de pertes sévères.
Ce livre nous raconte, de façon vivante et émouvante, l'odyssée de Gwenn-Aël Bolloré, alors âgé de dix-sept ans, qui avait choisi de gagner l'Angleterre et de s'engager dans les commandos de fusiliers marins.
À travers ce témoignage sur l'une des plus audacieuses et des plus grandes opérations militaires de tous les temps, nous pouvons mieux imaginer ce que furent ces journées décisives.
Des dernières exactions de la Milice, de la Gestapo française et des divers groupes collabos aux procès devant la Haute Cour de justice, en passant par les exécutions sommaires à la Libération, Philippe Bourdrel narre avec talent et minutie quelques-unes des pages les plus noires et sanglantes de la France du siècle passé.
Le regard froid de l'historien ne nous épargne rien, sans en rajouter toutefois dans l'indignation. Les faits se suffisent à eux-mêmes. Accablants pour la plupart de ces hommes qui, par idéologie, opportunisme ou intérêt, se sont fourvoyés dans la voie de la collaboration la plus abjecte.
L'auteur n'est pas tendre non plus pour les résistants de la vingt-cinquième heure, car la justice des vainqueurs est rarement la Justice.
À Hambourg, le 5 décembre 1946, s'ouvre le procès de Ravensbrück auquel Germaine Tillion (1907-2008) assiste en tant que représentante de l'ensemble des déportées résistantes françaises. Quinze ans avant Hannah Arendt et le célèbre procès Eichmann, elle questionne déjà le système concentrationnaire. Elle observe les criminels nazis, commente à chaud les réquisitoires, s'interroge, s'indigne... et rapporte le tout, par écrit, à ses camarades rescapées du camp.
Marie-Laure Le Foulon revient sur ce procès et sur le parcours, pendant la Seconde Guerre mondiale, de cette ethnologue entrée en 2015 au Panthéon aux côtés de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. Enrichi de documents précieux, tels les articles parus à l'époque dans le bulletin de l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance, Voix et Visages, ce livre est l'occasion de découvrir ou de réentendre une combattante de la liberté, une grande figure de la conscience humaine.
Un travail de mémoire nécessaire qui éclaire le difficile exercice de la justice des hommes.
Berlin 1943 : la machine de guerre de Hitler fonctionne grâce aux étrangers contraints de travailler pour le Reich. À côté des Slaves, largement majoritaires, on compte aussi de très nombreux Français : rien que dans la capitale allemande, quelque 80 000 civils et prisonniers de guerre " transformés " sont employés par l'économie nazie. L'épiscopat français, qui entend assurer l'aumônerie de cette population, décide d'envoyer des prêtres en Allemagne. Immergés dans le monde du travail, ces prêtres " clandestins " ont pour mission de soutenir l'activité déjà déployée sur place par des membres de l'Action catholique. La Gestapo, qui a vite repéré l'activité des chrétiens français, assimile aussitôt l'Action catholique à une " cinquième colonne ", à un réseau d'espionnage. Les responsables sont arrêtés, puis expulsés ou envoyés en camp de concentration. Cette page d'histoire, dramatique, était tombée dans l'oubli.
Cet ouvrage passionnant, richement documenté d'archives et de témoignages souvent inédits, balaie toutes les idées reçues sur cette bataille, souvent présentée comme une simple promenade militaire pour l'armée allemande. C'est oublier que durant ces six semaines de campagne les pertes militaires allemandes ont été proportionnellement plus élevées que les six premiers mois de guerre sur le front russe en 1941 et que les trois mois de la bataille de Normandie en 1944. On découvre ainsi une suite de combats méconnus, soulignant la résistance héroïque des troupes françaises. Dominique Lormier met en évidence, chiffres et preuves à l'appui, que le sacrifice de l'armée française en mai-juin 1940 a en grande partie sauvegardé la Grande-Bretagne de l'invasion allemande, comme l'a reconnu Winston Churchill. à la fin de juin 1940, la Luftwaffe ne possède plus que 841 bombardiers opérationnels et un peu plus de 700 chasseurs. Près de 1 600 avions allemands ont été détruits ou endommagés du 10 mai au 25 juin 1940.
En mai-juin 1940, plus de 100 000 hommes se sont fait tuer sur place pour défendre la France et l'Angleterre, dont ils ont sauvé le corps expéditionnaire à Dunkerque. Ce livre est leur histoire. Au cours des 47 jours de la bataille, à maintes reprises, en Ardennes, Argonne, Flandre, Picardie, Normandie (Saint-Valéry-en-Caux), à Dunkerque, et devant Lyon, la proportion de soldats français tués en résistant à l'invasion a atteint 90 % des effectifs engagés.
Les Allemands ont eu par jour plus de 2 000 soldats mis hors de combat, dont une moitié de tués.
Nos pères et grands-pères se sont aussi bien battus que les Américains quatre ans plus tard à Omaha Beach.
En 1940, nos soldats voulaient poursuivre les hostilités. Jamais le peuple français n'a appelé Pétain au pouvoir. C'est un coup d'État, avec faux et usage de faux, qui a permis aux généraux français antirépublicains de livrer nos soldats à l'ennemi, de les menacer du conseil de guerre s'ils continuaient à se battre. Ce sont nos généraux, parfaitement incompétents et dépassés, qui ont rompu avec l'Angleterre et placé notre pays sous la tutelle nazie.
Lucie Aubrac a 87 ans lorsqu'elle rencontre Florence Amiot-Perlmeyer à l'occasion d'une conférence dans un lycée où celle-ci enseigne l'histoire. Très vite leur relation devient élective puis affective. Lucie Aubrac, pour qui le verbe « résister » se conjuguait toujours au présent, évoque ses amis Jean Cavaillès, Jean-Pierre Vernant, Serge Ravanel et ses combats sans cesse renouvelés pour la liberté et la dignité des hommes. Les yeux de Lucie Aubrac ne lui permettant plus de lire, Florence Amiot-Perlmeyer lui enregistre des livres sur cassettes en un geste d'une tendresse infinie. On entend Lucie Aubrac en lisant Florence Amiot-Perlmeyer, dans le dialogue impertinent et émouvant de deux femmes debout. « Ce livre n'est pas une biographie. C'est un portrait, un double portrait de ces deux femmes entre qui la confiance et la confidence étaient totales. Je ne connais pas assez Florence pour vérifier si son portrait à elle est ressemblant, mais je peux témoigner de l'authenticité de celui de Lucie », écrit Raymond Aubrac dans son émouvante préface. "Les droits d'auteur de cet ouvrage seront intégralement reversés à la Fondation de la Résistance."