À l'été 1940, des millions de Français se mettent à écrire, à leurs maires, sous-préfets et préfets, mais aussi à des organismes internationaux et jusqu'au pape, pour savoir ce que sont devenus leur père, leur époux, leurs enfants. En six semaines à peine, entre le 13 mai et le 22 juin 1940, la défaite militaire se transforme en débâcle et la captivité concerne désormais presque deux millions de soldats détenus par les Allemands en territoire français. Captivité transitoire, première étape d'un emprisonnement long, parfois douloureux, dans le Reich, captivité fondatrice aussi et mémoire oubliée de la Seconde Guerre mondiale.Au nord de la Loire comme le long de l'Atlantique, la France se couvre de camps de prisonniers, les Frontstalags. Véritable défi logistique, social et politique, la captivité devient un enjeu central, pour les familles qui attendent, pour le régime de Vichy qui cherche à affirmer sa souveraineté comme pour les autorités allemandes qui imposent leur ordre de vainqueur, mais aussi pour les instances internationales, du Comité international de la Croix-Rouge à l'ambassade des États-Unis, en passant par le Vatican.Donner à voir, faire ressentir, amener à comprendre ce qu'a été une captivité française en France, celle de 1940 : tel est l'objectif de cet ouvrage collectif qui varie les échelles et les points de vue pour proposer une histoire au carrefour de la défaite, de l'Occupation et de la Collaboration - un essai qui, à partir d'archives françaises et étrangères ainsi que de nombreux documents iconographiques, mêle relations internationales et quotidien à hauteur d'homme.
Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf. Avertissement aux lecteurs.
Historiciser le mal propose une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction, ligne par ligne, de Mein Kampf, une des sources malheureusement fondamentales pour comprendre l'histoire du XXe siècle.
Nous avons agi en responsabilité en mettant en place un dispositif global afin de respecter l'exigence scientifique et éthique qui s'imposait.
La nouvelle traduction présentée dans Historiciser le mal a été confiée à l'un des meilleurs traducteurs de l'allemand en langue française, Olivier Mannoni, qui a ensuite travaillé avec une équipe d'historiens, tous spécialistes du nazisme, de la Shoah et de l'histoire des Juifs.
La rédaction d'Historiciser le mal a été menée dans le cadre d'un partenariat signé par Fayard avec l'Institut d'Histoire de Munich, qui a publié en 2016 une édition critique de Mein Kampf en Allemagne, un travail de référence qui a mobilisé une équipe d'historiens allemands.
Historiciser le mal a été rédigé par un comité d'historiens, dirigé par Florent Brayard, qui a traduit, adapté, prolongé les 3 000 notes de l'édition allemande et rédigé une introduction générale et 27 introductions de chapitres. Dans la forme, les notes encadrent ainsi la nouvelle traduction et sont indissociables de sa lecture. L'ensemble compte près de 1 000 pages et constitue un jalon historiographique sur la genèse du nazisme. En définitive, l'appareil scientifique inclus dans Historiciser le mal est deux fois plus volumineux que la traduction du texte de Hitler.
Il n'est pas question, bien évidemment, que la publication d'Historiciser le mal puisse être lucrative. Ainsi, la Fondation Auschwitz-Birkenau, chargée de la conservation du site du camp de concentration et d'extermination, percevra des droits au premier exemplaire vendu et la totalité des bénéfices qui pourraient être issus de la vente d'Historiciser le mal.
Pour savoir où l'on va, il est indispensable de comprendre d'où l'on vient. Nous sommes convaincus que le travail des historiens est nécessaire pour lutter contre l'obscurantisme, le complotisme et le refus de la science et du savoir en des temps troublés, marqués par la montée des populismes. C'est le sens de notre démarche d'éditeur.
De l'Écosse à Mourmansk puis Moscou, le correspondant de guerre Alexander Werth livre dans ces ultimes carnets un témoignage de première main sur l'été noir de 42, ces mois les plus dramatiques des affrontements sur le front de l'Est, alors que la Wehrmacht fonce vers la Volga et le Caucase, avant d'être enfin arrêtée à Stalingrad.
Avec L'Été noir de 42 s'achève la publication des Carnets du célèbre journaliste britannique Alexander Werth. Il y raconte son périlleux périple en bateau entre l'Écosse et Mourmansk, le voyage en train aux côtés des Soviétiques jusqu'à Moscou et décrit son expérience de correspondant de guerre durant les mois les plus tragiques du conflit sur le front de l'Est.
Consigné dans la capitale, sans information fiable, Alexander Werth se livre à une analyse serrée de la presse quotidienne, des actualités filmées projetées au cinéma, des chroniques et autres « écrits patriotiques » publiés par les écrivains les plus populaires qu'il côtoie quotidiennement. Il scrute les métamorphoses de la propagande, le retour aux valeurs traditionnelles dans l'armée, mais aussi, à la moindre occasion, le vécu et le moral des Moscovites durant les semaines critiques qui suivent la chute de Rostov-sur-le-Don. Mais L'Été noir de 42 est aussi une réflexion sur le métier de journaliste en « conditions extrêmes ». Malgré les limitations imposées à ses déplacements, strictement encadrés par les officiels soviétiques qui organisent des « sorties » dans tel kolkhoze ou camp-modèle de prisonniers allemands, Alexander Werth glane des impressions, loin des discours officiels.
Nous connaissons aujourd'hui la « fin de l'histoire » : la victoire de l'Armée rouge à Stalingrad. Mais durant le terrible été 42, qui marque l'apogée de l'avancée des forces de l'Axe, qui pouvait prédire ce qui allait se passer ? Le témoignage d'Alexander Werth se fait dès lors journal de l'attente. Attente du désastre, non plus à l'échelle d'un pays, mais d'un continent.
La milice française a été le fer de lance du régime de Vichy. Créée le 31 janvier 1943 par Pierre Laval, chef du gouvernement, elle devait rassembler des volontaires pour défendre l'ordre contre la Résistance et les Alliés. Elle rêvait d'enthousiasme et de dévouement. Un an plus tard, le régime de Vichy est devenu fasciste et déchaîne une âpre politique d'Etat écrasant les maquis (Les Glières), torturant, pillant, et assassinant (Georges Mandel ou Maurice Sarraut). Qui étaient ces miliciens ? Que voulaient-ils ? Que sont-ils devenus, y compris dans la mémoire collective ? Dans cet ouvrage vivant, dramatique et riche, Michèle Cointet, spécialiste de l'occupation, remet en cause biens des idées reçues. Elle montre la violence radicale exercée en France par la Milice et ses effets sur l'Etat durant la guerre civile entre résistants et « collabos », que nous ne voulons toujours pas regarder en face. Elle nous livre le portrait des plus grands SS français. Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Tours, Michèle Cointet a écrit de nombreux ouvrages sur la Résistance, la collaboration et le gaullisme ; plusieurs ont été couronnés, notamment par l'Académie française. Elle a reçu en 2012 le Grand prix Ouest-France/Société générale, pour sa Nouvelle Histoire de Vichy (Fayard).
Les dirigeants de Vichy n'ont réussi à imposer inaction et silence qu'à leurs propres femmes. Car jamais, dans leur histoire, les Françaises ne se sont autant engagées que pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans ce bel essai, Michèle Cointet dresse le portrait de cette France au féminin, des collaborationnistes et familières du pouvoir, telles la Maréchale ou Josée Laval, aux résistantes et déportées. En suivant les destins des nombreuses volontaires de la France libre, des chefs de la Résistance, Berty Albrecht ou Marie-Madeleine Fourcade, et des petites mains, l'auteur restitue les formes multiples de l'engagement des femmes dans la guerre. Car si les convictions politiques en étaient parfois le moteur, il fut souvent le fait d'une éducation patriotique et d'une éthique. Une dimension que l'on retrouve dans la difficile question de la déportation féminine.
Autant de questions renouvelées par le regard d'une historienne avertie des réalités de la société française et qui éclaire d'une manière inédite l'histoire des femmes jusque dans l'après-guerre. La voie de leur intégration à la vie politique était en effet ouverte.
Hermann Langbein ne se borne pas à relater ses souvenirs ou ceux d'autrui. Il ne se borne pas non plus à retracer l'historique de ce camp de concentration ; il dépeint le comportement des hommes, tous les hommes, qu'ils soient déportés ou gardiens, dans les conditions extrêmes où ils se trouvaient placés, à Auschwitz.
Hermann Langbein était sans doute seul à pouvoir réussir ce travail, qui lui a pris quinze années. D'origine viennoise, il a été interné dans plusieurs camps, dont celui d'Auschwitz, où il exerce les fonctions de secrétaire du médecin-chef de la place, un poste d'observation de choix.
Après la libération, ses responsabilités successives dans les organisations d'anciens déportés lui ont permis, mieux que personne, de recueillir tous les témoignages possibles, de consulter tous les documents sur Auschwitz.
À quoi ressemblerait le monde si l'Allemagne de Guillaume II avait gagné la bataille de la Marne en septembre 1914 au lieu de la France ? Si finalement, un an plus tard, elle était sortie victorieuse de la Première Guerre mondiale ?
À partir de ce fait parfaitement plausible, sept historiens se sont livrés à l'exercice savoureux de l'uchronie pour penser une autre histoire du xxe siècle. À leurs côtés, cinq auteurs de fiction se sont emparés avec virtuosité de destins individuels, anonymes ou célèbres. Du journal du psychiatre berlinois Edmund Forster aux notes d'une mission chinoise sur le Reich asiatique, du traumatisme des soldats français revenus du front vivants mais vaincus aux espoirs suscités par une Amérique gardienne de la paix, cet autre siècle prend vie sous nos yeux, à la fois étrange et familier.
Désormais légendaire, l'Orchestre rouge fut le réseau de renseignement le plus important et le plus efficace de la Deuxième Guerre mondiale. Implanté au coeur même de l'empire nazi, tissant sa toile sur toute l'Europe occupée, il a joué un rôle décisif dans la défaite allemande. Plusieurs dizaines de ses membres furent décapités, fusillés ou pendus, mais leur action, selon l'amiral Canaris, chef du contre-espionnage de la Werhmacht, a coûté à l'Allemagne la vie de deux cent mille de ses soldats.
A la tête du réseau, un homme exceptionnel, Leopold Trepper. On l'appelait le Grand Chef. Juif polonais, militant révolutionnaire depuis son adolescence, il sut réunir et inspirer une élite d'hommes et de femmes prêts à tous les sacrifices pour abattre l'ennemi nazi.
Averti des succès pour lui catastrophique de l'Orchestre rouge, Hitler rassembla les meilleurs agents de la Gestapo au sein du Kommando Rote Kapelle, qui reçut mission de détruire à tout prix l'organisation du Grand Chef. " Nettoyez-moi cette pourriture juive à l'Ouest! " ordonna de son côté Himmler, chef des SS.
Au terme d'une traque de trois ans à travers l'Europe, Gilles Perrault a retrouvé les survivants de cette dramatique guerre secrète, qu'ils soient anciens du réseau ou de la Gestapo. Passionnant récit d'espionnage, document historique indispensable à la compréhension du deuxième conflit mondial, ce livre est aussi le roman vrai de personnages hors du commun.
Publié pour la première fois en 1967, L'Orchestre rouge fut traduit en dix-neuf langues et connut un succès international. De nombreux cinéastes voulurent le porter à l'écran. C'est finalement Jacques Rouffio qui en a réalisé l'adaptation, avec Claude Brasseur dans le rôle du Grand Chef.
Cette édition, revue et augmentée, intègre tous les témoignages et documents rassemblés au cours des vingt dernières années.
Gilles Perrault a notamment écrit: Le Secret du Jour J, Le Dossier 51, La Longue Traque, Le Pull-Over rouge, Les Gens d'ici, Un homme à part, Paris sous l'Occupation.
Le 25 juillet 1943, alors que l'Italie ne parvient pas à résister aux assauts des Alliés, le Grand Conseil fasciste désavoue Mussolini. Le Duce est limogé et arrêté. Le 8 septembre, l'Italie tire les conséquences de sa situation militaire et politique, et signe un armistice. L'Allemagne hitlérienne ne l'entend pas de cette oreille qui envoie de nouvelles troupes et libère Mussolini pour le remettre en selle sous son contrôle. Le 1er décembre naît la République sociale italienne, dont les principes ne s'embarrassent plus de « compromis » avec la monarchie ou l'Église.
Si la Seconde Guerre mondiale semble se jouer ailleurs, sur le front de l'Est, c'est en Italie que l'Allemagne nazie est confrontée à l'ouverture du second front et qu'elle perd de facto son allié principal. C'est aussi durant ces quelques mois que se construit l'Italie d'après-guerre, celle de la conciliation entre communistes et chrétiens démocrates.
Dans ce livre captivant, Mathilde Aycard et Pierre Vallaud retracent les 600 jours de la République de Salò, véritable tragédie antique, avec ses traîtres, ses figures tutélaires, ses enjeux politiques et humains, ses intrigues amoureuses.
Mise en lumière du rôle des protestants pendant la Seconde Guerre mondiale et leur engagement aux côtés de la population juive.
La Gestapo incarne dans les esprits ce que l'Allemagne nazie eut de plus totalitaire. Créée le 26 avril 1933, la première fonction de cette institution composée d'à peine quinze mille hommes fut de s'attaquer aux ennemis de la communauté nationale, d'abord dans le respect des normes juridiques, puis avec une brutalité qui atteignit son paroxysme pendant la guerre.
En examinant en détail des archives jusque-là inconnues du grand public, interrogatoires, témoignages, Frank McDonough raconte l'histoire de ces policiers ordinaires qui basculèrent pour beaucoup dans la violence et de ces gens qui s'opposèrent dans leur quotidien au régime nazi. Mais il raconte aussi l'histoire troublante de leurs amis, voisins, collègues, impliqués dans les intrigues de la Gestapo, et jouant les relais pour une police en manque d'hommes et de moyens.
De l'usine locale à la taverne du coin, des règlements de compte familiaux aux jalousies entre voisins, Franck McDonough restitue la société allemande du IIIe Reich en dressant le portrait de ce qui fut l'instrument efficace de la terreur nazie.
Franck McDonough est professeur d'histoire internationale à l'université John Moores de Liverpool. Il a étudié l'histoire au Balliol College à Oxford et a passé son doctorat à l'université Lancaster. Il est l'auteur de nombreux livres, parmi lesquels Hitler and the Rise of the Nazi Parti (Pearson, 2012), Sophie Scholl: The Woman Who Defied Hitler (The History Press, 2009) et The Holocaust (Palgrave Macmillan, 2008).
Au printemps de 1940, ceux qui attendent les chars et les avions nazis sont essentiellement des Français. Ils ne disposent pour tout secours étranger que des avions livrés par l'Amérique, et de rares divisions britanniques. Le rôle de la Grande-Bretagne est surtout maritime: elle barre le pas de Calais et tient la mer du Nord. L'Occident compte sur les Français pour tenir la ligne Maginot.
Nul ne peut cependant ignorer que la France, saignée à blanc par la dernière guerre, dispose de trop peu d'hommes jeunes pour résister à son puissant voisin: la classe 1936 ne compte que 165 000 conscrits contre 480 000, la même année, en Allemagne. Le Reich a désormais 85 millions d'habitants, dont il peut tirer 12 millions de soldats. Quelle que soit la valeur des combattants français (on se souvient dans le monde entier de la Marne et de Verdun), comment pourraient-ils résister à une masse d'hommes entraînés, fanatisés, bardés de chars et casqués d'avionsoe Les premiers interrogatoires de prisonniers allemands ont permis de mesurer la détermination de l'adversaire: il se battra de toutes ses forces.
Les Français ont-ils la possibilité de sortir de leurs casemates pour prendre l'offensiveoe Nullement: Belges et Néerlandais sont neutres. Ils ont juré aux Allemands qu'ils construiraient des fortifications au sud de la Belgique pour s'opposer à tout envahisseur, quel qu'il soit.
La France est donc la sentinelle sacrifiée du monde atlantique. En est-elle conscienteoe Ceux qui sont en permission au mois de mai ne montrent aucune hâte à rejoindre leurs corps. Personne ne s'attend à l'agression. Le 10 mai 1940, avant l'aube, les avions allemands par milliers, grondent au-dessus des lignes, de la Hollande à la frontière suisse. Cette fois, la guerre est déclarée.
Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, producteur d'émissions (télévison, radio), a publié notamment chez Fayard, Histoire de la France, les Guerres de religion et la Grande Guerre.
L'aventure vécue de 1940 à 1945 par les membres de l'équipe d'Uriage _ quelques dizaines d'hommes et de femmes _ et partagée ou côtoyée par quelques centaines d'amis et collaborateurs a, depuis l'origine, suscité la curiosité, soulevé des interrogations et des controverses. Il y a d'abord l'apparence mystérieuse, un peu ésotérique, de cette étrange communauté de moines-soldats pédagogues animant un camp scout qui devient laboratoire idéologique et foyer de rébellion, inspiré par une mystique qui se prétend révolutionnaire.Mais c'est surtout l'ambiguïté de leur position idéologique et politique qui a provoqué, pendant la guerre comme après la Libération, les appréciations les plus contradictoires: institution officielle de Vichy (et fournissant au régime un alibi, pensent certains), l'Ecole a été aussi un foyer d'opposition à la collaboration (et donc une antichambre de la Résistance, pensent les autres); liée pour une part à une tradition aristocratique, prônant les valeurs d'élite et de hiérarchie plus que d'émancipation et de droits de l'individu, elle a voulu être l'instrument d'une action révolutionnaire capable de rivaliser avec le communisme en le dépassant . Les uns jugent contradictoire, hésitante ou naïve une attitude d'ensemble qui pour d'autres, à commencer par les acteurs, incarne équilibre, honnêteté et profondeur.L'échec apparent de l'Ecole des cadres d'Uriage dissimule la fécondité de ce laboratoire d'innovations où l'on a sans doute peu inventé mais beaucoup étudié et emprunté, en associant des précédents et des expériences hétérogènes. Ainsi, la méthode d'éducation constituait une synthèse de la tradition universitaire et d'expériences militantes menées dans les universités populaires ou les Equipes sociales; les officiers qui dirigeaient en 1940 une école des chefs dans un esprit d'obéissance aux ordres du Maréchal en ont fait une incarnation, sinon une vitrine du projet personnaliste, si bien qu'on ne peut faire l'histoire du mouvement Esprit ou des non-conformistes des années trente ans faire une place à cette réalisation; quant à l'humanisme révolutionnaire qu'on a recherché et esquissé à Uriage, il a réussi pendant un temps à déborder les anciens clivages entre croyants et athées, bourgeois et peuple, droite et gauche.Bernard Comte est maître de conférences d'histoire à l'Institut d'études politiques de Lyon.
Le tome 1 publié par Ruta Sakowska : Archiwum Ringelbluma. Listy o Zagladzie, (Varsovie, 1997, 380 p.) .s'intitule en français : Lettres de l'anéantissement des Juifs de Pologne. Il rassemble les lettres envoyées des communautés juives victimes de l'extermination nazie à des parents et à des proches du ghetto deVarsovie, ainsi que des cartes ou billets jetés des convois de déportation.
Et d'abord, tu nous fais un bon récit, parce que, tu vois, sur Pétain, il faut qu'on puisse ensuite tout comprendre... Ces derniers propos de Fernand Braudel, juste avant sa mort, me laissèrent interloqué. Je n'imaginais pas que le pourfendeur de l'histoire événementielle me livrerait d'emblée ce commentaire. Et n'hésite pas à reculer pour expliquer; plus tu recules dans le passé, mieux tu analyses. Pour expliquer Pétain, je commencerai en 1940, lorsque Paul Reynaud fait appel à lui dans l'espoir de conjurer la catastrophe. Puis mon récit suivra apparemment l'itinéraire d'une chronique, jour après jour s'il le faut. Mais chaque fois qu'il se devra, j'éclairerai les faits et les gestes du chef de l'Etat français par des retours en arrière, sur le passé de Pétain, sur le passé des Français, bref par un regard plus long sur l'histoire. Car souvent, seules ces résurgences peuvent rendre compte d'une décision, d'un silence. A partir de 1940 s'est nouée entre Pétain et la France cette relation incommunicable qui partage encore aujourd'hui les Français. Assurément, Verdun trouve toute sa place dans ce récit, au même titre que les mutineries de 1917 et leur répression, d'autres événements encore, mais ils n'en constituent pas la trame, tant la relation passionnelle des Français avec le Maréchal appartient d'abord à l'expérience de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation. Jusqu'alors, les Français ne s'étaient pas divisés sur Pétain. Avec la défaite de 1940, la présence du Maréchal à la tête de l'Etat, l'Occupation et la Libération _ telles les laves d'un volcan qu'on s'imaginait assoupi _ tout un passé ressurgit. Rendre intelligibles ces phénomènes et les changements de sentiment des Français à l'égard de Pétain, tel est un des objectifs de cette enquête. M.F.
La traduction du tome 2 : Archiwum Ringelbluma. Dzieci - tajne nauczanie w getcie warszawskim , 413 p.], sous la direction de Ruta Sakowska, Varsovie, 2000, a pour titre français: Les enfants et l'enseignement clandestin dans le ghetto de Varsovie. Outre une préface de Feliks Tych et une introduction de Ruta Sakowska, il comprend des documents d'archives : témoignages, textes d'enfants, enquêtes, sur le sort des enfants juifs du ghetto , les actions d'entraide sociale et les cours clandestins qui leur étaient destinés. Une quinzaine d'illustration reproduisent des originaux en fac-similés. Des cartes., une bibliographie, un index des sigles, des noms cités et des noms géographiques, une table des matière
« Le concept de « Juste des Nations » est emprunté à la littérature talmudique. Au long des générations, il a servi à désigner toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs. Le Mémorial Yad Vashem décerne ce titre de Juste des Nations aux non-Juifs qui, pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, ont aidé des Juifs en péril, dans des circonstances telles qu'elles impliquaient des risques pouvant aller jusqu'au danger de mort, sans recherche d'avantages d'ordre matériel ou autre.
« Le nouveau porteur du titre de Juste des Nations est convié à une cérémonie où lui sont remis une médaille et un diplôme d'honneur. La cérémonie se déroule soit à Yad Vashem, soit, par les soins de la mission diplomatique d'Israël, dans le pays où réside le Juste. Les Justes, ou leurs représentants, ont planté des arbres dans l'allée des Justes sur le site du Mémorial Yad Vashem. Aujourd'hui, faute de place, le nom des Justes est gravé sur le Mur d'honneur édifié à cette fin dans le périmètre du Mémorial.
« Les sauveurs se comptent par milliers, même si l'on y inclut ceux qui restent inconnus, alors que des millions de Juifs auraient eu besoin d'aide sous l'occupation allemande. Jusqu'à la fin de l'année 1999, Yad Vashem a décerné le titre de Juste des Nations à plus de 17 000 personnes. Ce qui démontre de manière incontestable que, malgré la tragédie implacable qui a frappé le peuple juif, il s'est trouvé des hommes et des femmes qui ne sont pas restés passifs et ont pris des risques pour accomplir le précepte : « Aime ton prochain comme toi-même. » Les Justes des Nations ont sauvé non seulement la vie des Juifs, mais aussi la dignité humaine et l'honneur de leurs compatriotes. »
L?existence de trois camps d?internement au coeur de Paris durant l?Occupation n?est ni connue ni reconnue. Il s?agit pourtant d?un épisode central de la persécution des Juifs de France, puisqu?il touche le statut des personnes considérées comme juives, les conditions de la déportation et surtout l?un des volets de la spoliation, l?Opération Meuble, jamais décrite auparavant.Placée sous l?égide d?un service coiffé par Rosenberg, celle-ci visait à vider tous les appartements juifs inoccupés et à expédier en Allemagne leur contenu, des meubles les plus massifs aux objets quotidiens les plus anodins. Cette vaste opération de pillage mobilisa les entreprises de déménagement françaises et pas moins de 627 trains.Ces camps, annexes de Drancy, virent passer au moins 800 détenus juifs. Austerlitz, non loin de la gare, était installé dans un entrepôt des Magasins généraux et compta jusqu?à 600 prisonniers. Lévitan occupait un magasin de meubles, rue du Faubourg-Saint-Martin. Quant à Bassano, il bénéficiait du décor raffiné de l?ex-hôtel particulier des Cahen d?Anvers, au coin de l?avenue d?Iéna. Les prisonniers étaient soumis à un véritable travail forcé pour trier, classer, réparer et emballer meubles et objets. Certains manipulèrent le contenu de leur propre appartement ou celui de leurs proches. Ils vivaient sous la menace d?être envoyés « à l?est » et beaucoup furent bel et bien déportés dont, en juillet 1944, les femmes de prisonniers, vers Bergen-Belsen.Il est indispensable de s?interroger sur les silences de la mémoire autour des camps parisiens et de l?Opération Meuble. Certains anciens détenus se sont constitués en amicale, demandant que leur histoire soit enfin écrite. Une série d?entretiens avec eux, avec d?autres survivants et avec des témoins a été menée. Une recherche intensive dans une dizaine de centres d?archives a permis de trouver des dossiers jamais consultés sur les camps parisiens. Ce travail, résultat et d?une longue enquête et d?une réflexion sur ce qui constitue la mémoire d?une période, apporte une pierre nouvelle à l?historiographie de Vichy.
Découvrant, à l'occasion d'une première rencontre franco-allemande en Forêt Noire en 1930, la disposition des jeunes Français à un rapprochement avec l'Allemagne et s'adaptant aux limites imposées par l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Otto Abetz élargit ce champ d'activité aux anciens combattants désireux de préserver la paix.
Fin 1935, défiant la crise des relations franco-allemandes officielles, il réussit à provoquer la création d'un Comité France-Allemagne, qui compte un grand nombre de notables français prêts à prendre influence en faveur d'une entente franco-allemande.
L'oeuvre d'Abetz, devenu l'émissaire officiel du ministre allemand des Affaires Etrangères en 1938, doit être interrompue en 1939 après son expulsion, ses tentatives de prise d'influence étant devenues véritablement gênantes au moment même où une nouvelle guerre s'annonce.
En 1940, il retourne triomphalement en France comme Ambassadeur de la puissance d'occupation. Si sa position et ses tâches restent floues à l'origine, l'axe de la collaboration qu'il réussit à instaurer avec Pierre Laval lui permet d'étendre considérablement son champ d'action, d'abord dans ses relations avec le gouvernement de Vichy et la mise en place d'une collaboration politique et économique, ensuite en un contrôle de la vie intérieure de la France. Ainsi il joue un rôle-clé dans plusieurs domaines caractérisant ce régime d'occupation : politique de persécution antijuive, pillage d'oeuvres d'art, exploitation économique et surtout division de la France sur le plan intérieur.
Son image de francophile et de nazi modéré aidant, il parvient effectivement à entraîner la France sur une voie de collaboration qui dépasse de très loin la convention d'armistice de 1940.
En 1944, c'est lui qui mène la colonie des expatriés français à Sigmaringen. Après son arrestation par la police française en octobre 1945 et son procès en juillet 1949, il réussit à maintenir une certaine ambiguité sur sa francophilie, et ce au-delà de sa mort en 1958. L'importance d'Otto Abetz dans l'histoire de la France de ces années noires était jusqu'à présent trop sous-estimée.
De langue maternelle allemande, Barbara Trimbur-Lambauer a soutenu à l'automne 2000 une thèse très remarquée sur Otto Abetz.
L'histoire la discipline historique ne peut rien changer à ce qui est advenu : presque six millions de juifs d'Europe ont été exterminés par le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Du moins a-t-elle parfois la vertu de changer la perception que
Maître incontesté de la tactique et de la stratégie militaires, théoricien précurseur de la guerre moderne, celui que le général Guderian appelait le Clausewitz de notre siècle est également un écrivain talentueux, qui allie à la finesse de l'analyse la clarté et la concision du langage. Son Histoire de la Seconde Guerre mondiale, qui couronne une oeuvre considérable et d'un intérêt capital, est l'examen tactique approfondi des grandes campagnes militaires qui mirent aux prises les forces alliées et les armées allemandes et japonaises. Avec l'objectivité et la précision du technicien, Sir Basil Liddell Hart décrit et juge la politique des grands soldats des deux camps: Montgomery, Churchill, Rommel, Guderian, etc. Encore qu'il lui en coûte, il conserve cette même objectivité lorsqu'il se penche sur le destin de Hiroshima et de Nagasaki.
Sa qualité exceptionnelle, son sujet, la clarté avec laquelle celui-ci est traité font de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale un ouvrage de référence unique et indispensable.
Sir Basil Liddell Hart, qui a travaillé pendant vingt-deux ans à ce document capital, est mort avant d'avoir pu mettre la dernière main à son manuscrit. Les lacunes résultant de ce fait ont été comblées par le général Beaufre _ qui présente également l'ouvrage _ dans une longue postface où la participation de l'armée française à la Seconde Guerre mondiale est particulièrement mise en relief.
Sir Basil Liddell Hart est né à Paris en 1895, mort à Londres en 1970. Il a combattu dans la Somme et y a été blessé. En 1918, chargé de réviser le Manuel d'instruction de l'Infanterie, il jette les bases d'une stratégie tellement révolutionnaire que l'on s'arrange pour le faire rayer des cadres de l'armée. En 1937, il devient le conseiller personnel du ministre anglais de la Guerre, Hore Belisha. Par la suite, il se consacre à la rédaction de plus de trente ouvrages sur la stratégie et la tactique militaire.
C'est un document exceptionnel qui est ici livré au public et aux historiens. totalement inédits à ce jour, les carnets tenus de 1940 à 1945 par le pasteur marc boegner, l'une des plus hautes et des plus respectées autorités spirituelles du pays, apportent en effet des informations nouvelles et un témoignage de première main sur la france de la défaite et de vichy.
Grâce à ses fonctions à la tête de la fédération protestante de france et aux liens qu'elles impliquent avec les eglises et communautés protestantes du monde entier, le pasteur dispose d'un accès direct aux plus hautes autorités de l'etat: à de multiples reprises, il est reçu par pétain, par laval, par darlan (qu'il a de surcroît connu autrefois à l'ecole navale...), par pucheu, bref par tous les hiérarques de vichy auprès desquels il proteste inlassablement et énergiquement contre les mesures antisémites (il se solidarise publiquement avec le grand rabbin de france), contre les camps où l'on a interné les réfugiés politiques étrangers, contre la répression de plus en plus dure à laquelle se livre le régime, contre les facilités accordées à l'axe en tunisie et ailleurs.
Il recueille également une grande quantité de renseignements sur l'état d'esprit de la population. il accumule, au cours de ses incessants déplacements pour rencontrer les protestants dispersés sur le territoire (et parmi eux les alsaciens repliés), une foule de " petits faits vrais " qui dépeignent admirablement l'atmosphère de la france occupée.
Ecrits au jour le jour, à chaud et jamais retouchés, les carnets sont présentés par le fils du pasteur, philippe boegner, grand journaliste récemment disparu.
Un siècle et demi après l'émancipation des Juifs par la Révolution française, le régime de Vichy promulguait une législation qui faisait d'eux des parias dans leur patrie.En présence de ce droit antisémite, il importe de savoir ce que fut l'attitude de l'administration, des juridictions et des milieux professionnels concernés.S'agissant du Barreau, ce livre, fruit de recherches dans les archives professionnelles et judiciaires, retrace comment, au-delà des réactions individuelles, l'émergence d'un antisémitisme érigé en règle ordinaire de la société française ne suscita ni refus de principe, ni rejet massif, ni protestation collective.Ce livre évoque aussi les souffrances morales de ces avocats qui furent exclus du Barreau, comme des confrères véreux, par une loi promulguée par un Maréchal de France, incarnation de la gloire nationale, simplement parce qu'ils étaient nés juifs.R.B.