Phénicien, araméen, hébreu, grec, latin, étrusque, berbère, arabe, turc, espagnol, italien, français?: ces langues du pourtour méditerranéen nous parlent de l'histoire de ce continent liquide. Elles sont d'abord la trace des empires et puissances qui se sont succédé en Méditerranée, mais aussi celle du commerce des hommes, des idées et des denrées, qui ont constitué cet espace en un ensemble homogène.
Ce livre se fondant sur une approche sociolinguistique et géopolitique, prend donc les langues comme le fil rouge de cette histoire, en tant que témoins des interactions, des conquêtes, des expéditions, des circulations. Que ce soit dans les emprunts, la sémantique, les alphabets ou la toponymie, les traces des échanges au sein de cette mare nostrum sont nombreuses.
Du voyage d'Ulysse aux migrations d'aujourd'hui, en passant par les croisades et les échelles du Levant, ces langues ont façonné et habité la Méditerranée, laboratoire de l'humanité depuis plus de 3?000 ans.
Prix Ptolémée 2016.
Prix Georges Dumézil de l'Académie française 2017.
1830: les Français débarquent en Algérie, les Anglais sont engagés aux Indes, les Russes songent à l'Asie centrale et les Américains se lancent dans l'occupation des Grandes Plaines. Jusqu'en 1914, l'histoire des empires coloniaux occidentaux sera celle d'une immense expansion et d'une série de campagnes militaires. La diversité des guerres comprises dans ce cadre est immense, mais il n'en existe pas moins une unité de ces conflits. Ils ont été menés par des armées d'organisation comparable dans un but commun?: la soumission de peuples considérés comme en retard, voire carrément arriérés, à des gouvernements partageant une même culture, au moins par leurs élites.
Jacques Frémeaux fait revivre cette aventure fondatrice des grands équilibres et déséquilibres mondiaux dont nous sommes toujours tributaires.
Une fresque de grand style sur l'histoire politique, militaire, diplomatique et culturelle du xixe?siècle.
Déluge, vol du feu, origine de la sexualité, femmes-oiseaux, autant de mythes que l'on retrouve, sous une forme ou sous une autre, un peu partout. Autant de mythes recueillis, annotés, comparés, commentés par des savants qui, ce faisant, ont créé une discipline en développant des concepts spécifiques - comme agresseur, donateur, héros, initiation... - afin de répondre aux questions soulevées : quelle est l'origine de ces mythes ? comment sont-ils répartis ? comment peut-on les interpréter ?
C'est autour de trois piliers, mythes, mythologues et concepts, que ce dictionnaire est conçu. Avec près de 1 400 entrées concernant les récits mythiques de plus de 1 300 peuples, il présente un tableau d'ensemble de la science mythologique d'une ampleur et d'une ambition sans égales.
À la lueur d'une bougie, Howard Carter scrute l'intérieur de la tombe du pharaon Toutankhamon. Il cligne des yeux. Derrière lui, on s'agite, on l'interroge?: «?Que voyez-vous?? - Des merveilles?!?» répond-il. La découverte sera suivie de dix années de labeur, de fouilles minutieuses. Aujourd'hui, l'archéologue garde en main la pioche et la truelle, mais il n'hésite pas à se servir du tomodensitomètre, de l'ADN, ou du scanner haute définition. Les techniques d'investigation progressent et les mystères du pharaon s'éclaircissent.
Eric H. Cline nous livre une fascinante histoire de l'archéologie. Fort de plus de trente ans de chantiers de fouilles, en Grèce et au Levant, il nous entraîne dans un Grand Tour haletant à travers les âges et les continents?: Pompéi, Troie, Ur, Copán... mais encore Chauvet, Göbekli Tepe, Santorin, Teotihuacán, Machu Picchu... Il nous guide aussi dans le panthéon des archéologues, à la rencontre d'un Heinrich Schliemann ou d'une Kathleen Kenyon, non sans parfois démythifier quelques figures tutélaires d'une aventure souvent collective.
Son récit, au style enlevé, donne les clés pour comprendre l'archéologie en rendant compte des avancées les plus récentes. Il dévoile aussi à chacun les techniques aujourd'hui employées pour repérer, dater, fouiller, conserver... en une passionnante initiation.
La société de cour de Norbert Elias (1897-1990) s'est imposé comme un classique au croisement de l'histoire, de la sociologie et de l'anthropologie. Les trois articles rassemblés ici s'inscrivent dans le sillage de cet ouvrage. Ils prolongent la réflexion d'Elias sur la transformation de la noblesse seigneuriale en aristocratie curiale, en l'élargissant à de nouveaux domaines.
D'un célèbre tableau de Watteau à l'avènement du " style kitsch " en passant par la poésie baroque allemande, Elias déploie ses analyses érudites et sensibles, éclairant les liens entre les configurations politiques et sociales, les structures psychologiques et les formes esthétiques. Chemin faisant, c'est un Elias plus intime qui se découvre, celui qui lisait et écrivait des poèmes, aimait Watteau et Mozart.
Minuscule livre de poche (12 x 8?cm), le manuscrit mis en vente en 2014 par une galerie parisienne, fruste, usé, dépenaillé et à peine déchiffrable, a pourtant suscité un extraordinaire engouement international et d'intenses investigations scientifiques. Ce libricino qu'un frère itinérant, disciple de François d'Assise, glissait dans sa besace voici huit cents ans fut, en quelques mois, acquis par la Bibliothèque nationale de France, numérisé et mis en ligne sur Gallica pour être offert à l'expertise internationale.
Quelques années de recherche plus tard, les 122 petits feuillets n'ont pas livré tous leurs secrets, mais les spécialistes ici réunis, experts en physique, chimie, biologie, paléographie, codicologie, philologie, histoire ou théologie, ont opéré des avancées décisives.
Ce recueil contient non seulement une Vie inédite de saint François (1181-1226) rédigée dans les années 1230, mais aussi divers sermons connus ou inédits d'Antoine de Padoue, un commentaire au Pater noster où vibre peut-être la ferveur du Poverello en personne, des extraits, des florilèges ou la copie d'oeuvres entières comme les étranges Révélations du pseudo-Méthode. Trésor historique inestimable, il est aussi un «?objet total?» qu'il faut observer, sonder, explorer, pour extraire toutes les informations que recèlent ses matériaux, sa fabrication, son usage. Cet attachant recueil constitue un témoignage exceptionnel des préoccupations et de la sensibilité d'un petit groupe de Frères mineurs, au lendemain de la disparition de leur fondateur.
Les experts réunis offrent ici les premiers résultats scientifiques de leurs études. Peut-être le plus important de leurs acquis est-il le dépassement du clivage entre sciences dures et sciences humaines au service d'une recherche faite de rigueur et d'inventivité.
Pour nos contemporains, l'évocation des pirates et des corsaires se résume aux aventures flamboyantes de marins dans la mer des Caraïbes ou aux attaques de farouches brigands au large de la Somalie. Moins réductrice, la réalité est à la fois multiple, passionnante et souvent plus riche que la fiction.
L'Histoire des pirates et des corsaires propose un tableau de ces phénomènes maritimes sur la longue durée jalonné de figures emblématiques comme celles de Drake, Surcouf, Duguay-Trouin, Dragut, Barberousse, Koxinga. Elle invite à un voyage dans le temps, des pirates de la Méditerranée antique et des raids maritimes vikings au Moyen Âge à la piraterie pratiquée de nos jours en Asie du Sud-Est. Mais aussi à un voyage dans l'espace, de l'Europe aux Antilles, en passant par la mer de Chine et les rives de l'océan Indien. Un intérêt est également accordé à l'ancrage de la piraterie dans nos mémoires, à l'élaboration de mythes et à leurs prolongements dans les mondes virtuels du cinéma, de la BD et des jeux électroniques. La première histoire exhaustive des pirates et des corsaires à l'échelle mondiale.
Le monachisme est fondamentalement un habitus, un mode de vie, une manière d'être. Il repose sur une discipline collective, découle d'une contrainte en principe librement assumée. Cette auto-coercition a duré tout le millénaire médiéval ; ce consentement dure encore. Quel autre projet humain a ainsi traversé l'espace et le temps, quasiment intact ?
Du vie au XVe siècle et plus particulièrement au cours d'un long XIIe siècle, de la fondation de Fontevraud en 1101 à la mort de François d'Assise en 1226, cet ouvrage tente de restituer l'unité de ces formes de vie en-deçà des variantes et des reformulations qu'elles ont pu connaître au fil du temps.
Jacques Dalarun analyse et anime ce projet singulier en mobilisant Règles (bénédictine, grandmontaine ou franciscaine), coutumes (de Cluny, de Cîteaux, de Fontevraud, du Paraclet), chroniques (de Raoul Glaber), vies de saints (de Robert d'Arbrissel, de Bérard des Marses), correspondances (d'Héloïse et d'Abélard). Il le réinscrit dans la société médiévale et interroge sa place et son mode de fonctionnement. Comment une société valorisant le lignage et la transmission héréditaire a-t-elle pu créer une fraternité fictive par un constant détournement de fidélité ? Comment former un seul corps participant nuit et jour à l'opus Dei ?
C'est plus globalement l'expansion du monachisme par capillarité dans la société, à l'époque où le corps social dans son ensemble s'imprègne des valeurs du cloître, que capte cet ouvrage traversé d'une interrogation très contemporaine sur la vie collective.
C'est vers 1660 que la France entre dans le grand commerce atlantique et colonial, notamment avec le port de Saint-Malo. Mais l'essor du négoce colonial au siècle suivant, avec la production antillaise de canne à sucre, d'indigo et de café, et le développement de la traite négrière, occulte souvent l'émergence de ce premier système capitaliste maritime au XVIIe. Et fait oublier que le commerce colonial se poursuit, sous d'autres formes, avec le vaste empire que la France se constitue à partir du XIXe siècle.
Les sirènes coloniales ont séduit de nombreux acteurs, mais les risques encourus par le négoce investissant dans des circuits commerciaux lointains sont nombreux, et les richesses accumulées aléatoires. Les fortunes de mer réservent des surprises. Ainsi la fabuleuse croissance du commerce colonial au XVIIIe siècle n'est-elle pas en partie illusoire ? Constitue-t-elle véritablement l'un des piliers du développement économique national ou ne profite-t-elle qu'à un petit nombre ? Quels rôles jouent l'État, la noblesse et les milieux négociants dans l'affaire ? Autant de questions auxquelles on trouvera ici des réponses. Grâce au recul du temps long (des années 1660 à 1914, voire 1940) et à une approche combinant des méthodes rarement connectées : étude quantitative, culture des acteurs du jeu économique, rôle de l'État..., se dessine un panorama complet du grand capitalisme maritime français, de ses forces et de ses faiblesses, ainsi que de ses acteurs.
Qu'on la nomme histoire globale, mondiale, connectée, histoire-monde ou world history, c'est elle qui aujourd'hui suscite l'intérêt des lecteurs, des médias, des universitaires, et tend à façonner notre représentation du passé. Mais qu'est-ce que l'histoire globale ? Que propose-t-elle ? La belle synthèse d'Alessandro Stanziani fournit toutes les clés pour comprendre l'essor et les ambitions de cette histoire plurielle. Filiations multiples, bifurcations inattendues, brassages et métissages : affranchie de l'européocentrisme, l'histoire globale élargit les horizons géographiques, déborde les cadres nationaux, pense le monde à partir des connexions et des relations au sein d'entités politiques ou économiques hétérogènes. Elle a pour objet les migrations d'hommes, de biens, d'idées, de savoirs, de symboles, mais aussi le changement climatique, les révolutions technologiques, l'évolution des mentalités...
Saisies dans la longue durée, et à l'intersection de plusieurs mondes, Alessandro Stanziani explore à nouveaux frais les relations que l'histoire établit avec la philosophie, la sociologie, la philologie et l'économie : ces interactions délimitent la portée de l'histoire globale par rapport aux autres approches.
Face aux progrès du nationalisme, cette façon de faire de l'histoire permet de revisiter le passé d'un certain nombre d'événements, de culture et/ou de régions. De l'Inde à la Russie, des décolonisations à l'islam, cet ouvrage montre que l'histoire globale invite à multiplier les angles de vue, mais aussi à dépasser la vision de l'histoire comme choc entre les civilisations.
Le sel, généreusement dispensé par la nature, a joué un rôle fondamental dans les diverses cultures humaines. Indispensable aux êtres vivants, présent dans chaque foyer, il donne saveur aux aliments, permet de les conserver et joue un rôle biologique important dans l'équilibre d'un organisme. Consommé par tous quotidiennement, on lui accorde également une valeur rituelle et symbolique, voire un pouvoir magique. Produit unique et abondant, il est néanmoins souvent caché, enfoui dans le sol ou bien en dissolution dans la mer. Les hommes ont donc fait preuve, depuis les temps préhistoriques, de beaucoup d'ingéniosité à l'extraire. Comment le sel est-il produit ? Où le trouve-t-on ? Comment s'échange-t-on cette denrée ? Qui en tire le meilleur profit ? En dix chapitres, dix études qui peuvent se lire séparément les unes des autres, le livre répond à ces questions.
On découvrira la peine des esclaves et des forçats dans les bagnes du sel, le partage des revenus au détriment des sauniers, la construction d'une saline fortifiée aux portes de la Camargue, les efforts des Suisses longtemps démunis pour faire venir le précieux minéral, l'entrée du sel dans l'économie mondialisée dès la fin du Moyen Âge, les flottes des puissances maritimes du nord de l'Europe qui traversent l'Atlantique à la recherche de ce produit stratégique, l'instauration de la gabelle dans un grand nombre d'États, etc. Grand produit agricole, minier, industriel et commercial, le sel est entré précocement dans la révolution industrielle, il a ensuite ouvert les voies de la mondialisation, accompagnant une fois de plus une grande mutation de l'économie-monde et ce, bien avant la fin du XXe siècle.
À l'aube de notre modernité, le romantisme a transformé la littérature, la musique, les Beaux-Arts. Mais, plus généralement, il a bouleversé notre manière de penser, d'aimer, de percevoir la nature ou la société - en un mot, de vivre. Né en terre germanique, il a brillé d'un éclat formidable dans la France postrévolutionnaire, avant d'essaimer dans l'Europe entière et au-delà.
La notion est si vaste qu'on la prétend indéfinissable. On a tort. Mais si elle a un sens, il faut le chercher du côté de l'Histoire. Apparu au coeur de l'Occident moderne, le romantisme, quelles que soient ses variantes nationales, prépare et accompagne culturellement l'émergence de nos démocraties parlementaires et de nos sociétés libérales. De cette définition historique, il faut alors tirer toutes les conséquences artistiques et intellectuelles.
Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, le Juif et l'homosexuel sont les figures réprouvées d'une époque marquée par une crise de l'identité masculine. La défaite contre la Prusse a été vécue comme un drame national, une preuve de l'affaiblissement de la France et de la dégénérescence de la « race ». Les coupables sont vite désignés : l'« invasion juive » et la dépravation des moeurs.
Très rapidement et de manière massive, le théâtre puis le cinéma se font l'écho de cet antisémitisme et de cette homophobie. Ils mettent en scène des Juifs et des homosexuels présentés sous des dehors à la fois grotesques et répulsifs, en un jeu de correspondances qui éclaire puissamment les hantises liées à la sexualité, à la peur du mélange et au rejet de l'altérité.
De Renoir à Pagnol, de Sarah Bernhard à Sacha Guitry, des Goncourt à Gide, cette traversée du monde du spectacle est une véritable plongée au coeur de la société française de la fin du XIXe à la Seconde Guerre mondiale, qui fait de l'homme blanc, bourgeois, catholique et hétérosexuel, le pilier de la nation.
La cochenille n'aurait pu être qu'un insecte parasite du nopal, cactus des hauts plateaux du Mexique. Grâce aux soins des peuples précolombiens, son cadavre est devenu un trésor convoité par toute l'Europe. Matière première pour teindre dans une gamme de rouges du luxe (carmins, cramoisis, écarlates), elle y a détrôné le vermillon du kermès.
Danielle Trichaud-Buti et Gilbert Buti se livrent à la traque de l'étonnant insecte qui participe à la première mondialisation des échanges. Après avoir présenté le produit dans l'espace amérindien et son contrôle par les Espagnols, ils en retracent sa redistribution en pointant le rôle de Marseille, «?place la plus délicate de l'Europe?» au XVIIIe siècle. L'enquête se prolonge par l'étude de son acclimatation dans le monde au XIXe siècle avant son abandon provoqué par les colorants synthétiques, puis son discret retour de nos jours comme colorant naturel.
Une épopée haute en couleur à travers le Nouveau et l'Ancien Monde, où se tissent les destins ordinaires et exceptionnels d'aventuriers, d'artisans et de marchands, mais aussi de scientifiques botanistes, naturalistes et géographes parmi les plus passionnants.
Pourquoi l'Angleterre a-t-elle réussi à bâtir un immense empire colonial et maritime, et pas la Chine ? Comment Athènes, Rome, et Venise ont-elles successivement pris le contrôle de la Méditerranée et pourquoi Byzance n'y est-elle pas parvenue ? Pourquoi des empires maritimes naissants, comme ceux des Vikings ou des Hollandais, n'ont-ils jamais su pérenniser leur domination ?
Des Phéniciens aux colons britanniques, de Carthage à Zanzibar, de Philippe II d'Espagne à Napoléon, de la bataille de Lépante à celle de Midway, et jusqu'à l'hyperpuissance navale américaine, la vie et la mort des empires maritimes se déploient ici dans une fresque magistrale, cartes à l'appui.
En 1863, la revue Le Tour du Monde publie en feuilleton l'intégralité des carnets d'un botaniste, Henri Mouhot, enflammant l'imagination des lecteurs du Second Empire. Aucun autre récit d'explorateur du xixe siècle n'aura un tel impact sur les mentalités et sur la politique coloniale du gouvernement français. La description que fait Mouhot des temples d'Angkor devient un nstrument idéal pour ouvrir la porte à la colonisation dans cette région du globe. La nécessité de sauvegarder ces ruines grandioses devient un argument de poids, et Angkor le symbole de la olitique coloniale. Mais qui était Henri Mouhot ? Parti seul en 1858, sans soutien financier, il traverse les vastes régions de pays inexplorés, avec l'idée de remonter aux sources du Mékong. Un parcours inouï, fabuleux, éreintant, à l'issue duquel il trouvera la mort. Claudine Le Tourneur d'Ison retrace cet incroyable périple.
Toute l'histoire du pèlerinage repose sur une ambiguïté. Car si la théologie repousse ces déplacements, superflus et vains, pour promouvoir une approche intériorisée de la foi, l'édit de Milan considère qu'ils constituent une part essentielle du christianisme.
Caractérisés par une présence de reliques, l'existence de miracles et l'afflux de dévots, les lieux de pèlerinage, de Jérusalem à Saint-Jacques de Compostelle, sont nombreux. Mais qui sont les pèlerins ? Le pèlerin est d'abord l'homme qui se déplace. Mais c'est aussi celui qui rompt avec le quotidien pour entrer dans la sphère de l'altérité. C'est enfin celui qui veut concevoir une relation exceptionnelle avec le Ciel. En devenant pèlerin, il cherche un de « ces lieux où souffle l'Esprit », selon le mot de Maurice Barrès. Le fait pèlerin est ici décrit à hauteur d'homme, pour comprendre quelles sont les destinations, les motivations et les attentes de ceux qui décident de prendre le chemin.
Kojin Karatani, éminent intellectuel japonais contemporain, est un lecteur critique de Marx : son livre Transcritique (2001) marque un engagement proche des positions de Slavoj Zizek ou de Toni Negri.
Paru dix ans plus tard, Structure de l'histoire du monde propose une histoire globale du monde qui se démarque de la pensée de Marx. Au lieu de privilégier les modes de production, ce sont les modes d'échange qui sont mis en avant. Ils recouvrent les relations entre les hommes mais aussi celles entre les hommes et la nature, les marchandises n'en constituant pas l'élément exclusif.
Au carrefour de la sociologie, de l'anthropologie, de l'économie, c'est une autre histoire mondiale, multiple et stratifiée que nous expose cet ouvrage, tressant ensemble échanges, formations sociales et formes de pouvoir. Réciprocité du don et du contre-don, protection contre soumission, monnaie et marchandise, voici quelques-uns des modes d'échange qui constituent la trame de cette Structure de l'histoire du monde.
Un ouvrage riche, appelant de nouvelles manières de penser et de vivre notre présent.
La nuit du 31 octobre au 1er novembre 1875, la foule accourt sur le port de Toulon. Le Magenta, navire amiral de l'escadre de Méditerranée, une magnifique frégate cuirassée orgueil de la flotte construite sous Napoléon III, est la proie des flammes. Soudain, vers 3 heures du matin, elle explose et sombre aussitôt dans les eaux de la rade, avec sa cargaison insolite d'antiquités, embarquée en Tunisie.
Les mois qui suivent, des travaux titanesques sont entrepris pour démanteler l'épave qui encombre la rade et retrouver les vestiges romains et puniques glanés dans les ruines de Carthage.
Ce naufrage dramatique sera oublié jusqu'au milieu des années 1990. Sur une idée de Jean-Pierre Laporte et sous la direction de Max Guérout, une équipe de chercheurs retrouve l'épave puis entreprend une fouille archéologique qui aboutira à la mise au jour de stèles funéraires puniques et de la magnifique tête de la statue de l'impératrice Sabine, épouse d'Hadrien, qui avait échappé aux scaphandriers de 1875.
Avec ce livre, Max Guérout comble une triple amnésie : celle d'un fleuron de la marine du Second Empire et celles des vestiges des deux Empires romain et punique. Il unit ainsi, dans un même hommage, tous les acteurs de cette histoire qu'ils soient, matelot, impératrice ou fidèle de Ba'al Hamon.
Ce livre est une traversée de l'histoire des Juifs d'origine ibérique, les Sépharades.
Il évoque la cohabitation des trois monothéismes en Espagne médiévale, l'émergence des fanatismes musulman puis chrétien, le phénomène marrane, l'Inquisition, les expulsions qui dispersent bientôt les Sépharades en France, aux Pays-Bas ou en Allemagne, mais aussi dans le Maghreb, et surtout dans l'Empire ottoman et les Balkans, où se construit une nouvelle identité. Le choc de la Seconde Guerre mondiale finira par décimer les communautés.
C'est aussi toute une culture, riche de maints contacts, transmise en plusieurs langues, dont ces pages explorent les multiples facettes et traquent les ultimes et fragiles vestiges.
Édition revue et augmentée.
Long ou court, opaque ou diaphane, masculin ou féminin, porté serré ou flottant au vent, le voile est un objet vestimentaire malléable et familier dont, en terres chrétiennes, toutes les femmes (et occasionnellement quelques hommes) durent longtemps se parer. Pour obéir aux injonctions des Pères de l'Église et dire leur soumission à l'ordre patriarcal, mais aussi pour séduire, se distinguer, devenir adulte, se marier, entrer en religion, pleurer les morts, jouer les élégantes, travailler...
Parce que les voiles occultent et suggèrent la présence de la chair et du cheveu, ils suscitent aussi fantasmes et peurs. Parce qu'ils mettent en cadre nos visages, ils attisent les talents des plus grands artistes et la suspicion des moralistes. Parce qu'ils sont un patrimoine français, enfoui et à peine disparu, ils méritent d'être proprement envisagés.
Depuis les Lumières, la domination politique exercée par l'Occident sur les « pays du Sud » s'accompagne d'une domination culturelle plus forte encore. La décolonisation, loin d'avoir fourni aux sociétés du tiers monde le moyen de trouver une organisation qui corresponde à leurs traditions, a même fortement accentué ce phénomène. Mais cette occidentalisation imposée échoue parce que la greffe est impossible. En dépit des espoirs que les élites ont mis en elle, l'occidentalisation, manquée, est cause de multiples traumatismes sociaux et facteur de désordre dans les relations internationales. Vingt-cinq après la sortie de cet ouvrage visionnaire, cette réédition, augmentée d'une nouvelle préface, jette un éclairage saisissant sur les tensions de notre monde contemporain.
C'est à une autre histoire des hommes que ce livre nous convie, une histoire rendant toute leur place à des civilisations qui avaient le goût du large. Des hommes qui, sans cartes ni GPS, partaient à l'aventure, mais dont l'épopée est aujourd'hui oubliée. Le lecteur sera emporté dans le sillage des Polynésiens à la conquête du Pacifique, sur les traces des nomades des mers de la Terre de Feu, du Japon et d'Indonésie. Il sera immergé dans l'imaginaire lié à la mer : peuplée de monstres dans certaines civilisations, elle est à l'inverse un jardin d'Eden pour d'autres.
Dans ce livre richement illustré, Cyrille P. Coutansais nous fait voyager avec ces peuples des mers qui ont longtemps régné sur notre monde, et dévoile leur savoir-faire et mode de vie. Il nous montre aussi l'inexorable montée en puissance des terriens, qui imposent petit à petit leur représentation du monde et de la mer, la cadastrant et la parcellisant pour mieux l'exploiter.
Aujourd'hui, à l'heure où les hommes s'intéressent de plus en plus aux abysses, sanctuaire longtemps préservé, il est sans doute temps de réunir nos mémoires, maritime et terrestre. Réunir nos deux hémisphères, terrien et marin n'est plus une option : c'est une obligation pour que se poursuive la grande épopée des hommes et de la mer.
Le graal - un plat de matière précieuse - apparaît pour la première fois dans le Perceval de Chrétien de Troyes au XIIe siècle. Il est porté en procession avec une lance qui saigne devant le jeune Perceval au château du Roi Pêcheur. Le sens de cette scène et la fonction des objets restent énigmatiques, car le roman n'a pas été achevé.
Dès la fin du XIIe siècle, une littérature abondante se forme autour de ces deux objets merveilleux, mêlant aventures chevaleresques et éléments religieux. Identifiés avec des reliques de la Passion du Christ, le Graal et la lance gardent toutefois certains aspects qui renvoient à un fonds païen. Les chevaliers du roi Arthur qui se lancent à leur quête cherchent à comprendre leurs « secrets », leur « vérité » qui ne peuvent être dévoilés qu'au meilleur d'entre eux.
L'ouvrage propose une introduction aux romans français médiévaux du Graal. Après l'esquisse de l'évolution de cette littérature, une approche globale présente ses principaux éléments : les personnages, les aventures, les objets merveilleux. L'évocation du contexte social et religieux de l'époque ainsi que celle des principales théories d'origine du thème du Graal complètent cette synthèse originale, destinée tout autant aux étudiants qu'au grand public.