Le 14 octobre 1929, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir passent leur première nuit ensemble. À Paris, la jeune Lee Miller se précipite chez Man Ray pour y apprendre le métier de photographe; de son côté, F. Scott Fitzgerald noie son chagrin avec Ernest Hemingway au bar du Ritz car Zelda ne l'aime plus. À Berlin, la très magnétique Marlene Dietrich entame le tournage de L'Ange bleu. Une carrière l'attend. Bertolt Brecht, lui, multiplie les amantes mais c'est pour mieux servir la grande cause du théâtre... Les années trente filent dans une douce folie et les moeurs, affranchies de toute entrave morale, encouragent les aventures amoureuses. Liberté adulée le jour et la nuit, jusqu'à l'étourdissement, avant l'exil, brutal, auquel sont bientôt condamnés quelques-uns des artistes de cette grande fresque reconstituée dans le moindre détail.De fil en aiguille, d'écrivain en artiste, de star en poète, Florian Illies brosse par petites touches une autre histoire de l'entre-deux-guerres, celle des amours saisis dans leur tumulte, à l'orée d'une guerre qui s'annonce inévitable depuis le krach boursier et la prise du pouvoir par les nazis...
Edition augmentée d'une nouvelle préface.
Comment connaître le climat du passé ? Quelle influence les évolutions climatiques ont-elles exercée sur les grands mouvements sociaux ? sur le paysage ? sur les récoltes ? Comment appréhender en tant qu'historien la question du réchauffement climatique ?
Par ce livre fondateur, Emmanuel Le Roy Ladurie a montré le premier qu'il pouvait y avoir une histoire du climat, en réunissant la documentation nécessaire pour étudier les observations météorologiques anciennes, analyser les dates des récoltes, scruter les textes, descriptions et représentations iconographiques des glaciers...
L'historiographie du climat devient ainsi une enquête minutieuse et passionnante où l'on chemine entre forêts, vendanges et mers de glace, du Moyen Âge au réchauffement récent en passant par le « petit âge glaciaire ».
Dans les campagnes du Frioul, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d'étranges récits attirent l'attention des autorités religieuses. Les membres d'une mystérieuse confrérie, nommés benandanti, racontent se battre à coups de branches de fenouil contre de méchants sorciers armés de tiges de sorgho. L' issue de ces combats, qui se déroulent en rêve, est déterminante pour les récoltes : selon que les uns ou les autres l'emportent, l'année qui vient sera prospère ou frappée par la famine.
L'Église est prise de court face à ces phénomènes : elle ne comprend pas ces pratiques à demi païennes. Les inquisiteurs tentent de faire avouer aux benandanti que ces «batailles nocturnes» sont une réédition du classique sabbat...
En examinant, à la lumière des archives de l'Inquisition, le décalage entre les propos des juges et ceux des accusés, Carlo Ginzburg ouvrait la voie à un renouveau de l'historiographie - à la fois par ses hypothèses inédites sur les origines de la sorcellerie et par son choix de faire entendre les voix, longtemps ignorées, des persécutés.
La mètis des Grecs - ou intelligence de la ruse - s'exerçait sur des plans très divers mais toujours à des fins pratiques : savoir-faire de l'artisan, habileté du sophiste, prudence du politique ou art du pilote dirigeant son navire. La mètis impliquait ainsi une série d'attitudes mentales combinant le flair, la sagacité, la débrouillardise... Multiple et polymorphe, elle s'appliquait à des réalités mouvantes qui ne se prêtent ni à la mesure précise ni au raisonnement rigoureux.
Dans notre société laïque, la chrétienté constitue-t-elle encore un sujet pertinent pour l'histoire? Plus que jamais, répond Françoise Hildesheimer. En explorant celle de l'Église sur le temps long, l'historienne retrace les origines et les développements du conflit d'influence entre religion et État qui a enfiévré l'Occident des siècles durant.
Or c'est en France qu'il a connu son paroxysme. Doctrine politique originale, le gallicanisme a prôné dès le XIIIe siècle l'indépendance temporelle de l'Église de France vis-à-vis du pape ; une spécificité qui, via la rupture de la Séparation, a durablement marqué notre histoire.
La France, fille aînée de l'Église? De Clovis à Aristide Briand en passant par Charlemagne, Charles VII et Jeanne d'Arc, Louis XIV et Bossuet ou Napoléon, ce parcours passionnant entrecroise théologie, politique, récit historique et débats d'idées pour proposer une vision inédite de l'histoire de l'Église catholique en France.
L'onde de choc provoquée par la Révolution française puis par l'Empire a longtemps fait oublier que les guerres napoléoniennes qui s'ensuivirent eurent des répercussions mondiales, loin de l'épicentre européen.
Dans cette synthèse magistrale, Alexander Mikaberidze met en lumière leurs incidences politiques, culturelles, diplomatiques et militaires à l'échelle planétaire. Partout, les grandes puissances rivalisèrent pour affirmer leur hégémonie, depuis l'Amérique jusqu'à l'Extrême-Orient.
Par leurs effets, directs ou indirects, ces guerres furent l'agent de transformation le plus puissant que l'histoire ait connu depuis la Réforme. L'ordre international s'en trouva durablement modifié, la carte du monde redessinée.
Richement documentée, précise, cette somme aussi passionnante qu'érudite est tout à la fois une oeuvre aboutie en même temps qu'une extraordinaire contribution à notre compréhension de cette époque.
Austerlitz, Iéna, Wagram, Waterloo... Au-delà de ces noms légendaires, l'historien Alexander Mikaberidze invite à porter notre regard hors d'Europe. De l'Amérique à l'Extrême-Orient, les guerres napoléoniennes ont eu des répercussions politiques, culturelles et militaires sur tous les continents. Elles ont bouleversé l'histoire et redessiné la carte du monde.
Une synthèse inédite et magistrale.
Présentation et analyse du cours de philosophie de l'historien, de son introduction à l'histoire universelle et de ses discours sur l'unité de la science et sur le système et la vie de Vico. Le spécialiste de Michelet y relève la dimension métaphysique de son enseignement.
«La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes», écrivait Paul Valéry. Son héritage, si longtemps placé au coeur de la culture européenne, est fait de multiples voyages vers un objet façonné et refaçonné au fil des siècles. De quelles significations la Grèce a-t-elle été successivement porteuse, à Rome, au Moyen Âge, à la Renaissance et depuis la Révolution française? De quelles manières a-t-elle aidé à définir les identités culturelles ou nationales, la démocratie, l'histoire? Et quel sens peut-il y avoir, aujourd'hui encore, à «partir pour la Grèce»?
Par une réflexion lumineuse qui nous conduit d'Hérodote à Jean-Pierre Vernant, en passant notamment par Plutarque, Montaigne ou Fustel de Coulanges, François Hartog permet de comprendre l'émergence et les transformations de ce repère majeur de la pensée occidentale qu'on appelle la Grèce.
« Bronzage : action de recouvrir un objet d'une couche imitant l'aspect du bronze. » La définition donnée par le dictionnaire Littré en témoigne : on ne songeait guère, sous le Second Empire, à aller étendre son corps au soleil !
Au début du XXe siècle, ombrelles et chapeaux rivalisent avec les préparations blanchissantes pour préserver la peau des méfaits du grand air. Dans les années 1930, les maillots de bain s'échancrent ; on préconise les bains de soleil contre l'acné et la cellulite... Comment est-on passé, en une vingtaine d'années, de la phobie du soleil à son exaltation ?
Sous ses apparences futiles, le bronzage est un fait social riche de significations. Pascal Ory se saisit avec brio d'un objet peu étudié par les historiens, et qui fut pourtant l'une des principales révolutions culturelles du XXe siècle.
Une chronologie des empires, depuis l'Antiquité, pour comprendre la composition du monde, les différentes puissances en place et leur histoire
L'amour maternel est-il un instinct qui procéderait d'une " nature féminine" ou bien relève-t-il largement d'un comportement social, variable selon les individus, les époques et les moeurs ? Tel est l'enjeu du débat qu'étudie ici Elisabeth Badinter, au fil d'une enquête historique très précise : à observer l'évolution du comportement maternel depuis quatre siècles, elle constate que l'intérêt et le dévouement pour l'enfant se manifestent - ou ne se manifestent pas.
La tendresse existe - ou n'existe pas. Aussi choquant que cela puisse paraître, le sentiment maternel est un sentiment humain, incertain et fragile. Ce dévoilement d'une contingence de l'amour maternel suscita des réactions passionnées lors de la première publication du livre, en 1980 : les uns y virent une aberration, remettant scandaleusement en question le concept de nature ; les autres y trouvèrent une véritable libération, l'occasion d'une meilleure compréhension de la maternité et d'une reconnaissance de la multiplicité des expériences féminines.
Trente ans après, L'Amour en plus est toujours un livre nécessaire et dérangeant, tant il est vrai que nous avons changé de vocabulaire, mais pas d'illusions.
Sur invitation du romancier Patrick Deville et emmenés par l'historien Antoine de Baecque, des historiens, des chercheurs et des auteurs de tous horizons - Michelle Perrot, Nicole Le Douarin, Pierre Nora, Michel Winock, Jacques Revel, Pierre Birnbaum, Chantal Thomas... - conversent. Ils se sont réunis pour échanger autour - et en présence - de l'historienne Mona Ozouf.
Avec complicité, les historiens dialoguent, abordant avec Mona Ozouf son ancrage breton, ses années étudiantes et ses amitiés («la bande à Furet», «les dames du Femina»...). Ils retracent aussi son parcours intellectuel : la Révolution française et sa descendance politique, le féminin et le littéraire, la nation et l'école de Jules Ferry... Autour de ces thèmes majeurs de la vie et de l'oeuvre de Mona Ozouf se tressent débats, échanges scientifiques et souvenirs émaillés d'anecdotes.
De ces rencontres est né ce livre en forme de conversation - à moins que ce ne soit l'inverse. Plus encore que la richesse et la fécondité d'une oeuvre, et la place profondément originale qu'elle occupe au carrefour de l'histoire, de la littérature et des idées en France, c'est en effet l'amitié qui cimente ce portrait d'une historienne emblématique de la vie intellectuelle française.
Du monumental vase de Vix jusqu'au disque de Nebra, la plus ancienne carte du ciel connue, en passant par les premiers temples de l'humanité en Turquie ou les tunnels regorgeant d'offrandes de Teotihuacan, jamais autant de trésors n'ont été découverts que ces dernières décennies. C'est cette richesse fascinante que Jean-Paul Demoule entend explorer avec nous dans cet ouvrage.
Mais au-delà de l'or des Scythes ou des pharaons, des « trésors » non moins estimables sont là, sous nos pieds, insignifiants en apparence - comme ce brin de cannabis trouvé dans une tombe chinoise - si ce n'est invisibles - la séquence ADN qui a caractérisé l'homme de Denisova.
Fervent défenseur de l'archéologie préventive, l'auteur montre qu'il importe de les sauver, mais aussi de les penser pour que des mots comme « civilisation », « peuple », « culture » ou « migration » ne soient pas détournés. Fouiller, c'est plus que jamais éclairer notre avenir.