Au sommaire de ce dossier exceptionnel de 50 pages, des analyses historiques et de très nombreuses interviews, réalisées notamment au Caire auprès de chercheurs et de religieux, dressent un panorama inquiétant et contrasté de la situation actuelle des chrétiens du Moyen-Orient. Au milieu du XXe siècle, les chrétiens semblaient partie prenante du projet de société arabe moderne. Leur situation s'est nettement détériorée au cours de la dernière décennie. Mais le phénomène s'était déjà amorcé dans les années 1970 avec la guerre du Liban et les attaques des islamistes contre les coptes. Se dessine désormais une carte tronquée du christianisme où ne subsisteraient que deux pôles majeurs, l'égyptien et le libanais. Parfaitement intégrés, les chrétiens s'étaient, avec le temps, déployés dans toutes les couches sociales. Présents sur tout l'échiquier politique de la droite à la gauche, ils ont rarement cherché à s'exprimer politiquement dans un parti confessionnel. Pour autant, les chrétiens ne sont pas des victimes passives. Ils ont été, au cours du XXe siècle, des acteurs souvent majeurs de la vie économique, sociale et politique. Les nouvelles guerres confessionnelles qui embrasent la région laissent peu de place à des initiatives pacifiques. Il sera difficile d'inventer un nouveau pacte social tant la culture politique du Moyen-Orient paraît rétive au pluralisme. Mais il faudra bien en passer par une remise en cause des idées qui ont mené et mènent encore aux massacres.
Dossier spécial : La franc-maçonnerie dans le monde arabe.
Le dossier de Qantara retrace ce trimestre l'histoire de la franc-maçonnerie dans le monde arabe. A peine fondée en Angleterre en 1717, elle donne naissance en 1734 à une loge à Saint-Jean d'Acre. Cette installation précoce, qui s'élargit au XIXe siècle, subit un coup d'arrêt total au milieu du XXe siècle dans le sillage des indépendances. C'est cette histoire singulière de deux siècles qui est retracée ici, offrant un large panorama qui couvre l'?gypte, la Syrie, le Liban et le Maghreb. L'histoire de la franc-maçonnerie présente un contraste fort entre l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, et elle se résume, en apparence, à deux temps. Un premier temps de diffusion au-delà du cercle initial des commerçants européens d'?gypte et du Levant pour atteindre, d'abord, les non-musulmans, puis les cercles de l'élite sociale et politique. Un deuxième temps où colonisateurs et colonisés répugnent de plus en plus à se retrouver dans les mêmes loges. S'ensuivent le déclin et la crise qui entraînent la disparition quasi totale de la franc-maçonnerie au cours des années cinquante et soixante du XXe siècle. Il s'agit en quelque sorte de l'échec d'une certaine modernité qui avait séduit pendant un temps les élites. Au sommaire du dossier : > Franc-maçonnerie en terre d'islam par Thierry Zarcone, directeur de recherches au CNRS, groupe Sociétés Religions Laïcité > Les frères libanais au service de la modernité... malgré l'église ! par Saïd Chaaya, historien du Proche-Orient, CNRS, groupe Sociétés Religions Laïcités > De l'art d'être maçon dans la Syrie mandataire par Thierry Millet, chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman d'Aix-en-Provence (IREMAM) > Effervescence à l'égyptienne par Thierry Zarcone > Abdelkader franc-maçon ?! par François Pouillon, anthropologue, directeur d'études à l'EHESS > Ombres et lumières de la franc-maçonnerie au Maghreb par Lucien Sabah, docteur en histoire contemporaine
Dossier spécial : " Voyages au temps de Marco Polo et d'Ibn Battûta " Il y a six ans, Qantara consacrait son dossier central au thème " Les Arabes et la mer " (n°76, été 2010). On y évoquait la montée en puissance, à partir du IXe siècle, de l'activité navale des Arabes en Méditerranée. Et aussi sur une autre mer : l'océan Indien qui resta longtemps la " mer des califes ". Le dossier de ce numéro procède d'une autre approche ; de même les " Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo " (15 novembre 2016 - 26 février 2017), l'exposition que présente l'IMA au public cet automne. Qantara a choisi en effet d'accompagner dans leur périple des voyageurs arabes et latins entre les Xe et XIVe siècles, époque marquée par l'affaiblissement du califat de Bagdad et l'apparition de nouveaux pouvoirs régionaux. C'est en d'autres termes, l'état des empires par terre et par mer que décrit le géographe, savant mais aussi espion. (Extraits de l'édito par F. Zabbal) Au sommaire du dossier : "A la découverte des empires" par François Zabbal "Les géographes andalous" par Emmanuelle Tixier du Mesnil "Les Fatimides, le califat de la mer" par David Bramoullé "Ibn Battûta chez l'ennemi" par Vincent Puech "Dans l'Asie mongole, Plancarpin et Marco Polo" par Thomas Tanase Ibn Khaldûn d'Orient et d'Occident par Gabriel Martinez-Gros Ailleurs dans le magazine. Invitation au voyage convie à une balade gourmande en Oranie, Une Page d'Histoire revient sur la famille Tarazi, illustres ébénistes d'art et le Portrait est dédié au moine franciscain catalan Raymond Lulle.
Dossier spécial : Quand l'Angleterre inventait le Moyen-Orient Pour une fois unanimes, les médias occidentaux et arabes s'accordaient récemment pour désigner les coupables des malheurs du Moyen-Orient actuel. En 1916, deux diplomates, le Français François Georges-Picot et l'Anglais Mark Sykes, traçaient au crayon dans le plus grand secret sur une carte de la région, les zones d'influence qu'ils entendaient s'octroyer à la fin de la guerre. Ce dossier de Qantara révèle une réalité quelque peu différente : l'invention du Moyen-Orient par les Anglais. Tracer des frontières ne suffit pas, il faut bâtir des états et, surtout, inventer une nation à laquelle adhèrent les élites et de larges couches de la population. L'entre deux-guerres a vu la mise en place de plusieurs ?tats nations dont les plus légitimes en apparence à l'aune de l'idéologie panarabiste, la Syrie et l'Irak, semblent bien en mal de recoller leurs morceaux. En tout cas, le Moyen-Orient, celui des Britanniques comme celui des Américains, est bel et bien mort.
Dossier spécial : Classiques arabes, une invention moderne Nous avons voulu savoir comment se fabrique aujourd'hui le classicisme qui définit le bon usage de la langue arabe et la hiérarchie des oeuvres. Car, pour prospérer, une culture a besoin de normes linguistiques et de modèles littéraires. Au début du XXe siècle, les nouveaux lettrés de la Nahda (Renaissance), solidement campés à la tête de nouvelles institutions (enseignement, édition, presse), ont imposé un classicisme en revisitant le patrimoine. Leur crainte était de voir dialectes locaux et langues étrangères s'insinuer dans l'écrit. Mais, aujourd'hui, ce ne sont plus seulement les dialectes qui contaminent la " langue parfaite " : l'arabanglais des réseaux sociaux est partout. Il s'inscrit désormais dans les pages de romans. Il y a pire : les écrivains ne cherchent plus la consécration de leurs lecteurs habituels, ils rêvent d'être traduits ou, mieux encore, de recevoir un prix généreusement doté par un ?tat du Golfe. Faut-il le regretter ?
Un anniversaire est souvent le prétexte d'un retour en arrière pour mesurer le chemin parcouru. Et pour cela, rien de tel que la lecture de l'acte de fondation de l'IMA : " Le but de cette fondation est de développer la connaissance du monde arabe, d'animer une recherche en profondeur sur sa langue, ses valeurs culturelles et spirituelles, ainsi que de favoriser les échanges et la coopération [...], entre la France et le monde arabe [...]. " Son acte fondateur est celui d'un institut de recherche, mais, très sagement, cette option a été écartée dès le début et une autre option s'est imposée : celle d'une maison de la culture. Il n'en reste pas moins que le succès de l'IMA est dû moins à l'impulsion initiale qu'au travail de ses personnels, à l'apport de tous les intervenants (artistes, intellectuels, etc.), à la réactivité et au soutien des publics ! Le Portrait revient sur Alexis de Tocqueville et l'Algérie. Page d'Histoire analyse la crise de Suez de 1956 et Invitation au voyage se balade dans le Sud tunisien, à quelques encablures de Tataouine.
Le dossier. Au début de la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient n'était qu'un théâtre secondaire. Mais les choses changent en 1916, quand les Britanniques se lancent en Palestine, non pour porter un coup fatal à l'armée ottomane, mais pour préparer l'après-guerre en bonne position. Le futur découpage de la région a été dessiné d'abord par les Accords Sykes-Picot signés secrètement en 1916, mais c'est le poids militaire sur le terrain qui décidera de l'avenir. Et les Anglais ont un atout : Fayçal et la Révolte arabe à qui ils veulent laisser la Syrie au détriment des Français. C'est cette histoire à la fois militaire et stratégique que reconstitue le dossier de Qantara. Ailleurs dans le magazine. Dans une interview exceptionnelle, l'historien Jacques Le Goff livre ses réflexions sur saint Louis et la légende de sa conversion à l'islam. La rubrique Portrait présente le grand dramaturge algérien Abdelkader Alloula qui mourait assassiné il y a vingt ans. Dans les pages Arts, retrouvez notamment un reportage sur le festival " Musiques sacrées du monde " de Fès qui fêtait ses vingt ans en juin ; un article sur l'exposition que la Villa Datris, fondation dédiée à la sculpture contemporaine à L'Isle-sur-la-Sorgue, consacre à la sculpture inspirée par la Méditerranée. Invitation au voyage propose une flânerie à La Goulette, là où les Tunisois viennent respirer l'air de la mer.
Qantara poursuit son enquête sur les communautés ethniques et confessionnelles des pays arabes. Après les chrétiens, les Arméniens, les Kurdes, les Berbères, les chiites, c'est aux juifs du Proche-Orient qu'est consacré le dossier de ce numéro. Ainsi aurons-nous dressé, par petites touches, le tableau d'un monde bien plus complexe, bien moins monolithique qu'on ne l'a prétendu.
Aujourd'hui, la disparition quasi totale des juifs des pays arabes est de l'histoire ancienne. Elle devrait pourtant nous alerter sur ce qui semble bel et bien une tendance lourde. Alors que l'Europe s'est enrichie et continue de s'enrichir de sang neuf par l'immigration, devenant plus mélangée que jamais à son grand profit quoiqu'en disent les esprits chagrins, le paysage au sud et à l'est de la Méditerranée se fait plus monochrome.
Commencés dans les années cinquante, les assauts menés contre le pluralisme n'ont pas cessé à l'instigation d'idéologies holistes qu'elles soient laïques ou religieuses. À long terme, on peut y voir une inversion de la tendance qui, pendant des siècles, avait incité des groupes et des communautés à aller s'installer sur le pourtour ottoman de la Méditerranée.
Héros du mythe le plus célèbre de l'Egypte pharaonique, Isis et Osiris se sont affirmés dès l'Antiquité comme le couple civilisateur par excellence. Les aventures des époux divins connaîtront une exceptionnelle pérennité en Occident. Le dossier de Qantara, en parallèle à l'exposition de l'IMA, « Osiris, mystères engloutis d'?gypte » (8 sept 2015-31 janvier 2016), revient sur les aspects singuliers du mythe et de ce que représentait ce couple pour le monde ancien. Puis, est analysée comment cette histoire mythique s'est diffusée dans l'imaginaire occidental. Dossier coordonné par Florence Quentin, diplômé d'égyptologie et journaliste. Ailleurs dans le magazine. Les pages Arts consacrent deux articles aux expositions de l'IMA : Kalila et Dimna (11 septembre 2015-3 janvier) et à la 1er Biennale des photographes du monde arabe contemporain (11 nov. 2015-17 janv. 2016). Lancée par l'IMA et la Maison européenne de la photographie, ce nouvel événement propose un riche panorama de la photographie qui se fait dans le monde arabe aujourd'hui. Le Portrait est dédié au Corbusier et à son voyage initiatique à Istanbul en 1911. La rubrique Histoire revient sur le développement du train au Maroc et sur les enjeux diplomatiques engendrés par cette course vers la modernité. Et toutes nos rubriques habituelles...