David Graeber et David Wengrow se sont donné pour objectif de « jeter les bases d'une nouvelle histoire du monde ». Le temps d'un voyage fascinant, ils nous invitent à nous débarrasser de notre carcan conceptuel et à tenter de comprendre quelles sociétés nos ancêtres cherchaient à créer. Foisonnant d'érudition, s'appuyant sur des recherches novatrices, leur ouvrage dévoile un passé humain infiniment plus intéressant que ne le suggèrent les lectures conventionnelles. Il élargit surtout nos horizons dans le présent, en montrant qu'il est toujours possible de réinventer nos libertés et nos modes d'organisation sociale. Un livre monumental d'une extraordinaire portée intellectuelle dont vous ne sortirez pas indemne et qui bouleversera à jamais votre perception de l'histoire humaine.
Brillant et singulier. Derrière ce titre mystérieux se cachent sept histoires passionnantes, sept voyages à travers le globe, que Timothy Brook déroule à partir de six tableaux de Vermeer et une faïence. Éminent sinologue s'offrant une incursion dans la Hollande de l'Âge d'or, Brook nous convie en effet à une autre lecture des oeuvres de Vermeer. Non pas celle d'un historien d'art qui s'attacherait à l'usage de la lumière ou de la couleur, mais bien celle d'un historien qui focalise son attention sur un détail, un objet, une figure, autant de portes qu'il ouvre sur le vaste monde en mutation du xviie siècle, nous dévoilant l'ampleur des échanges culturels et commerciaux entre Est et Ouest, qui furent l'amorce de notre mondialisation actuelle. Ainsi, une simple jatte de fruits dans La Liseuse à la fenêtre (Dresde, Gemäldegalerie) nous entraîne sur les routes du commerce maritime de la fameuse porcelaine bleue et blanche en provenance de Chine, tandis qu'un somptueux chapeau de feutre dans L'Officier et la jeune fille riant (New York, Frick Collection) nous mène au Canada, jusqu'aux fourrures de castor que Samuel Champlain soutire à ses alliés hurons.
De Perse en Crimée, d'Indonésie au Sri Lanka, de la Chine au Tibet, des Pays-Bas à l'Afrique du Sud, treize personnages inattendus, mais emblématiques, nous guident, par terre et par mer, sur les routes de la mondialisation. Anonymes ou célèbres, Chinois ou étrangers, quels que soient leur destin et leur importance dans l'Histoire, ils témoignent des interactions de la Chine avec le monde et de la richesse de leurs contacts, commerciaux, religieux, diplomatiques ou personnels. Une fresque épique sur huit siècles par l'auteur du "Chapeau de Vermeer".
Ian Kershaw livre une synthèse magistrale sur le premier XXe siècle européen, pris en étau entre deux guerres mondiales dévastatrices : l'une qui ébranla le système politique et les croyances d'un continent entier ; l'autre qui, par la place centrale qu'y occupèrent le massacre de civils et le génocide des Juifs, transforma durablement les conceptions de la guerre.
S'interrogeant sur les causes de cette séquence catastrophique, l'auteur identifie quatre facteurs majeurs : explosion du nationalisme ethnique, virulence des révisionnismes territoriaux, acuité des conflits de classe et crise prolongée du capitalisme. Poursuivant son étude jusqu'au moment où l'Europe émerge de ses ruines, recomposée en deux blocs et divisée par la guerre froide, il relate en virtuose ce moment fondateur de notre présent.
Traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat et Aude de Saint-Loup.
C'est une fresque immense que l'historien Walter Scheidel a brossée : sur des milliers d'années et au sein des sociétés les plus diverses, il met au jour les processus qui ont fait reculer les inégalités économiques. Nous y découvrons, de manière tout à fait contre-intuitive, que la réduction de ces inégalités est en réalité moins probable en période de paix, d'abondance, de stabilité politique et de croissance qu'en période de souffrance et de chaos. De cette plongée historique, Scheidel déduit que le retour de l'égalité peut avoir lieu à travers quatre grands types de cataclysme : la guerre, la révolution, l'effondrement des structures de l'État et l'épidémie de masse - qu'il dénomme les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Mais Scheidel s'éloigne de toute vision déterministe : ces quatre cavaliers ont un rôle possible, sinon probable dans le processus de remise à zéro des inégalités. En démontrant, avec une efficacité saisissante, cette mécanique d'anéantissement et de renaissance dont le capitalisme mondial est le dernier avatar, Scheidel pose les bases d'une réflexion indispensable sur le progrès social et les temps futurs. Sur l'urgence de répondre politiquement à une globalisation inégalitaire dont les fragilités accumulées pourraient entraîner un collapsus à l'échelle mondiale.
Robin des bois volant aux riches pour donner aux pauvres. C'est la figure légendaire du « bandit social » : hors-la-loi pour le souverain, il apparaît comme un vengeur, un justicier et un héros aux yeux de la société paysanne.
Des haïdoucs, bandits des Balkans, aux cangaçeiros du Brésil, en passant par Jesse James et Billy the Kid, le grand historien britannique Eric J. Hobsbawm retrace, dans cet ouvrage passionnant devenu un classique, l'histoire mouvementée du banditisme social.
Prenant ses distances avec l'histoire officielle, Hobsbawm inscrit le destin de ces marginaux dans l'étude des structures économiques et sociales qui conditionnent leur apparition, établissant notamment un lien entre les « épidémies de banditisme » et d'intenses phases de crise économique. Dans cette histoire de la violence sociale, le personnage du bandit apparaît comme le masque de communautés paysannes réagissant à la destruction de leur mode de vie, ombre peuplant une zone incertaine, entre criminalité organisée et mobilisation politique.
Hobsbawm décèle dans l'histoire des bandits l'une des généalogies primitives des mouvements sociaux. Jusqu'à aujourd'hui, la question du bandit demeure : comment, pour des révoltés, passer de la délinquance à la politique ?
Traduction de Jean-Pierre Rospars et Nicolas Guilhot.
Dans les campagnes du Frioul, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d'étranges récits attirent l'attention des autorités religieuses. Les membres d'une mystérieuse confrérie, nommés benandanti, racontent se battre à coups de branches de fenouil contre de méchants sorciers armés de tiges de sorgho. L' issue de ces combats, qui se déroulent en rêve, est déterminante pour les récoltes : selon que les uns ou les autres l'emportent, l'année qui vient sera prospère ou frappée par la famine.
L'Église est prise de court face à ces phénomènes : elle ne comprend pas ces pratiques à demi païennes. Les inquisiteurs tentent de faire avouer aux benandanti que ces «batailles nocturnes» sont une réédition du classique sabbat...
En examinant, à la lumière des archives de l'Inquisition, le décalage entre les propos des juges et ceux des accusés, Carlo Ginzburg ouvrait la voie à un renouveau de l'historiographie - à la fois par ses hypothèses inédites sur les origines de la sorcellerie et par son choix de faire entendre les voix, longtemps ignorées, des persécutés.
Pendant les quatre cents ans que dura la traite négrière, plus de quatorze millions de prisonniers africains, réduits en esclavage, traversèrent l'Atlantique pour devenir une main-d'oeuvre de masse, précieuse et gratuite. Marcus Rediker nous entraîne à bord de ces monstrueux « donjons flottants » et reconstitue ces voyages terrifiants au cours desquels périrent deux millions de personnes. Il se fait ainsi le narrateur des conditions de vie terrifiantes des esclaves, de la peur des équipages enfermés à bord de ces poudrières, des rapports hiérarchiques extrêmement durs, des relations entre marins et prisonniers. Il fait, enfin, une large place aux révoltes, à l'issue souvent sanglante, que les esclaves issus d'ethnies diverses ont été capables d'organiser.
Cet écrit majeur a renouvelé la façon de penser les dominations coloniales. Plutôt que de raconter les colonisations d'un seul point de vue (celui de la métropole ou celui de la colonie devenue indépendante), Ann Laura Stoler et Frederick Cooper proposent en effet de les englober dans une histoire des empires qui permet d'étudier ensemble, dans leurs interactions réciproques, les dominants et les dominés. Les colonies n'étaient pas des espaces vierges qu'il suffisait de modeler à l'image de l'Europe ou d'exploiter selon ses intérêts ou ses désirs ; et les Etats européens n'étaient pas des entités autonomes qui, à un moment de leur histoire, se sont projetés outre-mer. Les unes et les autres se sont mutuellement construits. Un livre capital pour tous ceux que passionnent les sociétés coloniales.
Le libéralisme continue aujourd'hui d'exercer une influence décisive sur la politique mondiale et de jouir d'un crédit rarement remis en cause. Si les « travers » de l'économie de marché peuvent à l'occasion lui être imputés, les bienfaits de sa philosophie politique semblent évidents. Il est généralement admis que celle-ci relève d'un idéal universel réclamant l'émancipation de tous. Or c'est une tout autre histoire que nous raconte ici Domenico Losurdo, une histoire de sang et de larmes, de meurtres et d'exploitation. Selon lui, le libéralisme est, depuis ses origines, une idéologie de classe au service d'un petit groupe d'hommes blancs, intimement liée aux politiques les plus illibérales qui soient : l'esclavage, le colonialisme, le génocide, le racisme et le mépris du peuple.
Dans cette enquête historique magistrale qui couvre trois siècles, du XVIIe au XXe siècle, Losurdo analyse de manière incisive l'oeuvre des principaux penseurs libéraux, tels que Locke, Burke, Tocqueville, Constant, Bentham ou Sieyès, et en révèle les contradictions internes. L'un était possesseur d'esclaves, l'autre défendait l'extermination des Indiens, un autre prônait l'enfermement et l'exploitation des pauvres, un quatrième s'enthousiasmait de l'écrasement des peuples colonisés... Assumer l'héritage du libéralisme et dépasser ses clauses d'exclusion est une tâche incontournable. Les mérites du libéralisme sont trop importants et trop évidents pour qu'on ait besoin de lui en attribuer d'autres, complètement imaginaires.
Pour les habitants de l'Europe occidentale, les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale furent des années de deuil, mais aussi de paix et de prospérité retrouvée. Mais pour peu que l'on déplace le regard à l'est du continent, c'est un tout autre paysage qui se dévoile. Sur les terres des empires vaincus, jusqu'en 1923, ce furent des années de cauchemar sans fin, des révolutions, pogroms, guerres civiles, massacres... Des millions de civils y trouvèrent la mort.
Partout, des peuples pleins de ressentiment, avides de revanche, attendaient leur heure pour se venger d'ennemis réels et imaginaires. La violence extrême qui a déferlé sur l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale a pavé la voie des conflits génocidaires qui ont suivi.
L'onde de choc provoquée par la Révolution française puis par l'Empire a longtemps fait oublier que les guerres napoléoniennes qui s'ensuivirent eurent des répercussions mondiales, loin de l'épicentre européen.
Dans cette synthèse magistrale, Alexander Mikaberidze met en lumière leurs incidences politiques, culturelles, diplomatiques et militaires à l'échelle planétaire. Partout, les grandes puissances rivalisèrent pour affirmer leur hégémonie, depuis l'Amérique jusqu'à l'Extrême-Orient.
Par leurs effets, directs ou indirects, ces guerres furent l'agent de transformation le plus puissant que l'histoire ait connu depuis la Réforme. L'ordre international s'en trouva durablement modifié, la carte du monde redessinée.
Richement documentée, précise, cette somme aussi passionnante qu'érudite est tout à la fois une oeuvre aboutie en même temps qu'une extraordinaire contribution à notre compréhension de cette époque.
Austerlitz, Iéna, Wagram, Waterloo... Au-delà de ces noms légendaires, l'historien Alexander Mikaberidze invite à porter notre regard hors d'Europe. De l'Amérique à l'Extrême-Orient, les guerres napoléoniennes ont eu des répercussions politiques, culturelles et militaires sur tous les continents. Elles ont bouleversé l'histoire et redessiné la carte du monde.
Une synthèse inédite et magistrale.
Qui étaient les femmes vikings?
Publié pour la première fois aux États-Unis en 1978, Christophe Colomb et autres cannibales est un texte fondateur à plus d'un titre. D'abord parce qu'il propose pour la première fois une histoire engagée des violences coloniales en Amérique du point de vue amérindien. La thèse de Forbes est limpide et cinglante : la combinaison dévastatrice des passions de l'exploitation, de la domination, du meurtre et de la cupidité, cette pathologie exceptionnelle chez les Amérindiens et que les Indiens d'Amérique du Nord désigne du nom de Wetiko, est au principe même de la civilisation capitaliste occidentale et de sa conquête du Nouveau Monde. En s'appuyant sur cette idée, Forbes retrace l'histoire du génocide, de l'écocide et du terrorisme européens en Amérique, tout en la comparant au rapport ancestral à la Terre et au vivant qui caractérisait les cultures indigènes du continent avant son invasion.
Ensuite, ce texte est important parce qu'il occupe une place de choix dans les travaux de l'école étatsunienne des Études amérindiennes (Native American Studies), dont Forbes lui-même est l'un des pionniers. Ce courant universitaire interdisciplinaire, apparu dans le sillage du mouvement pour les droits civiques en même temps que d'autres branches des Études ethniques, a joué un rôle déterminant dans la reprise de conscience des spécificités et de l'autonomie des cultures indigènes américaines vis-à-vis de la culture dominante.
Enfin, ce texte est important parce qu'il constitue l'une des références majeures d'un courant de l'écologie radicale encore méconnu en France, incarné par le mouvement anticivilisation (ses représentants les plus connus en France sont John Zerzan, Kirckpatrick Sale et Derrick Jensen). Ce mouvement se fonde sur la critique vigoureuse du rôle des sociétés industrielles dans le phénomène contemporain de destruction généralisée du vivant, et en appelle à l'étude et la réappropriation de modes de vie préindustriels pour tenter d'endiguer l'effondrement en cours.
L'homme n'est nulle part aussi présent que dans son visage. C'est pourquoi l'humanité s'est toujours efforcée d'en décrypter le mystère et de le fixer en image. La grande histoire du visage qu'entreprend ici Hans Belting, la première du genre, est un voyage à travers l'histoire de la civilisation européenne.
Cette histoire montre la course éperdue des images, leurs tentatives sans cesse renouvelées pour capturer le visage animé et leur échec permanent à le saisir comme Moi humain. Lorsque l'homme paraît sur un tableau, c'est toujours le visage qui en occupe le centre. En même temps, ce visage, dans son caractère vivant, se dérobe à toutes les tentatives de le fixer en image.
La vie pousse sans cesse à forger des images nouvelles, mais elle se soustrait à toute norme de représentation. L'art européen du portrait des Temps modernes n'a, pour l'essentiel, réussi qu'à engendrer des masques. Et même quand le cinéma projette le visage à l'écran dans une intimité sans pareille, il ne peut remplir la tâche qu'il s'est assignée de porter enfin l'être humain à l'image dans sa réalité.
Tout travail sur le visage est un travail sur l'image, et par conséquent sur le masque. Telle est la tension dont ce livre explore le secret. Dans les masques de théâtre, les mimiques des acteurs, dans la peinture de portrait, la photographie, dans les films, dans l'art contemporain, Hans Belting exhume les diverses recherches qui ont visé, en vain, à se rendre maître du visage.
Voici une histoire des pays où la langue principale est l'arabe et la religion majoritaire l'islam. Cette histoire commence au VIIe siècle, quand la nouvelle foi musulmane franchit les limites de la péninsule Arabique en portant la langue arabe partout où la conduit son expansion. Cette histoire se poursuit jusqu'à nos jours, et Albert Hourani montre comment le devenir historique des Arabes a été lié à certains faits majeurs de l'histoire universelle : la création d'un empire islamique et d'une culture arabo-musulmane aux formes intellectuelles et artistiques originales ; l'ascension, puis la lente désintégration de l'Empire ottoman ; l'expansion de la puissance économique et politique de l'Europe au XIXe siècle ; l'émergence du nationalisme et des État-nations ; la réaffirmation enfin de l'identité islamique dans la toute dernière période.
Qu'est-ce que le fascisme ? En réponse à cette question, maints historiens, sociologues ou politiques se sont employés à identifier une essence et à donner une définition abstraite du phénomène. Robert O. Paxton, lui, a voulu partir du vécu historique. Il suit, étape par étape, comment germent les mouvements fascistes, comment ils prennent leur place dans un système politique en crise, comment ils accèdent au pouvoir, en exploitant les difficultés d'une société aux abois et en profitant de nombreuses complicités - jusqu'au coeur de l'establishment. Le chef « charismatique », les hommes de main et les propagandistes ne sont pas absents, mais relégués à leur juste place dans un phénomène politique global.
À la lueur d'une bougie, Howard Carter scrute l'intérieur de la tombe du pharaon Toutankhamon. Il cligne des yeux. Derrière lui, on s'agite, on l'interroge?: «?Que voyez-vous?? - Des merveilles?!?» répond-il. La découverte sera suivie de dix années de labeur, de fouilles minutieuses. Aujourd'hui, l'archéologue garde en main la pioche et la truelle, mais il n'hésite pas à se servir du tomodensitomètre, de l'ADN, ou du scanner haute définition. Les techniques d'investigation progressent et les mystères du pharaon s'éclaircissent.
Eric H. Cline nous livre une fascinante histoire de l'archéologie. Fort de plus de trente ans de chantiers de fouilles, en Grèce et au Levant, il nous entraîne dans un Grand Tour haletant à travers les âges et les continents?: Pompéi, Troie, Ur, Copán... mais encore Chauvet, Göbekli Tepe, Santorin, Teotihuacán, Machu Picchu... Il nous guide aussi dans le panthéon des archéologues, à la rencontre d'un Heinrich Schliemann ou d'une Kathleen Kenyon, non sans parfois démythifier quelques figures tutélaires d'une aventure souvent collective.
Son récit, au style enlevé, donne les clés pour comprendre l'archéologie en rendant compte des avancées les plus récentes. Il dévoile aussi à chacun les techniques aujourd'hui employées pour repérer, dater, fouiller, conserver... en une passionnante initiation.
« L'Âge moderne est l'Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d'entre nous devient humain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. [...] En d'autres termes, la modernité, c'est le fait que nous sommes tous devenus juifs ».
Avec le XXe siècle, le capitalisme « ouvre les carrières aux talents », tandis que le nationalisme transforme les peuples en « peuple élu ». Les Juifs deviennent les modernes par excellence. Et, de fait, leurs grandes « Terres promises » au XXe siècle furent bien l'Amérique capitaliste et libérale, et Israël, « le plus excentrique des nationalismes ». Mais on oublie souvent que la Russie soviétique fut le grand réservoir d'utopie et de promotion sociale pour les Juifs.
Mobilisant la démographie et la sociologie autant que la littérature, l'auteur montre que les Juifs jouèrent un rôle absolument central dans l'édification de l'URSS, avant que la machine stalinienne ne se retourne contre eux.
Méditation sur le destin du peuple juif, pour lequel le XXe siècle fut tout à la fois une apothéose et une tragédie, ce livre propose une réflexion inédite et profonde sur la modernité, le nationalisme, le socialisme et le libéralisme.
La société de cour de Norbert Elias (1897-1990) s'est imposé comme un classique au croisement de l'histoire, de la sociologie et de l'anthropologie. Les trois articles rassemblés ici s'inscrivent dans le sillage de cet ouvrage. Ils prolongent la réflexion d'Elias sur la transformation de la noblesse seigneuriale en aristocratie curiale, en l'élargissant à de nouveaux domaines.
D'un célèbre tableau de Watteau à l'avènement du " style kitsch " en passant par la poésie baroque allemande, Elias déploie ses analyses érudites et sensibles, éclairant les liens entre les configurations politiques et sociales, les structures psychologiques et les formes esthétiques. Chemin faisant, c'est un Elias plus intime qui se découvre, celui qui lisait et écrivait des poèmes, aimait Watteau et Mozart.
Alors que le conflit israélo-arabe prend une tournure de plus en plus tragique, il importe d'avoir accès au document fondateur du sionisme politique : Der Judenstaat de Theodor Herzl. Cette édition de poche reprend la nouvelle traduction de Claude Klein (publiée à La Découverte en 1990), assortie d'une postface inédite.
L'Essai sur le sionisme qui accompagne ce célèbre texte, publié en 1896, est bien davantage qu'une présentation de la vie et de l'oeuvre de Theodor Herzl (1860-1904), juriste, journaliste et écrivain viennois, auteur d'un roman utopique, Altneuland. C'est une réflexion courageuse sur la force et les limites de la culture politique du mouvement sioniste que nous propose Claude Klein. Il s'agit pour lui de questionner, sans concession, l'actualité du sionisme et l'avenir d'Israël et, plus généralement, la situation du peuple juif.
L'expansion coloniale de l'Europe a constitué un phénomène d'une rare violence qui bouleversa des civilisations millénaires, et laissa de profondes cicatrices dans les mémoire collective.
Tout au long de leurs vies de penseurs et de militants, Marx et Engels se sont intéressés de près à la question coloniale. Dénonçant l'inhumanité des puissances européennes envers les populations colonisées, ils dévoilent le pillage organisé des richesses de continents entiers.
De la Chine à l'Algérie, de l'Inde à l'Irlande en passant par la Perse et l'Afghanistan, ils donnent également à comprendre l'imbrication des enjeux économiques, politiques et sociaux au coeur de ce phénomène. Ils mettent ainsi en évidence que colonialisme et capitalisme sont intimement liés.
Recueil d'articles et de lettres accompagnés de rappels historiques.
C'est en entendant le franc-parler du pape François, écho des accents virulents de ses prédécesseurs du Moyen Âge, qu'Alessandro Barbero a entrepris ce voyage à travers la parole pontificale du XIe siècle à nos jours. Révélatrices de la personnalité de chaque pape, ces petites phrases ont surpris, ému, parfois scandalisé, la communauté des catholiques, et souvent bien au-delà.
Ainsi, en 1239, Grégoire IX n'hésite pas, dans sa lettre d'excommunication visant l'empereur Frédéric II, à le comparer à la bête velue de l'Apocalypse et instaure durant tout le Moyen Âge la primauté de l'Église sur les rois de ce monde. En 1891, en pleine exploitation des travailleurs et lutte des classes, Léon XIII parle de la réalité de la « question ouvrière » et appelle les patrons à ne pas trop rechercher le « culte du profit ». En 1963, prônant la coexistence pacifique entre États, Jean XXIII réaffirme les concepts de dignité de la personne humaine et de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Autant de pierres d'angle qui contribuèrent à faire entendre la voix pontificale dans le grand concert des nations.
Un essai brillant pour quiconque veut comprendre le poids de l'Église dans le monde.
Ardent défenseur de l'émancipation économique et politique des femmes, le philosophe anglais John Stuart Mill (1806-1873) prit fait et cause pour le droit de vote des femmes. Ce petit livre offre pour la première fois en traduction quatre de ses discours, ou plaidoyers pour le suffrage féminin, prononcés entre 1867 et 1871, à l'époque où il rédige De l'assujettissement des femmes (1869). Qu'il parle devant ses pairs du Parlement ou devant ses camarades féministes, Mill s'efforce de briser le carcan victorien des rôles de sexe. Ses arguments annoncent l'âpreté du combat de celles qu'on n'appelle pas encore suffragettes et qui remporteront une première victoire en 1918.