C'est l'histoire, toute l'histoire, d'un couple, « deux amoureux fantômes condamnés à se rendre fou l'un l'autre ». L'une fonde un club militant « de femmes qui aiment trop », tandis que l'autre est persuadé que son salut passe par l'oubli. Après avoir vécu douze ans avec Sofía (son double et son envers, elle est le passé, il est l'avenir), Rímini se sépare d'elle pour fuir une osmose étouffante. Volant désormais de ses propres ailes, il rencontrera Vera (plus jeune que lui, délicieuse, mais rongée par la jalousie), Carmen (qui lui donnera un enfant, mais dont il divorcera - une intervention préjudiciable de Sofía y contribuera), la riche et vulgaire Nancy (une expérience érotique sordide et ambiguë) et, défait, décomposé, devenu l'ombre de lui-même, il retournera auprès de Sofía, rattrapé par le passé qu'il prétendait fuir.
Plus qu'une autobiographie déguisée (ce qu'il est aussi, de l'aveu de l'auteur lui-même), Le Passé, renoue avec la grande tradition du roman d'apprentissage : comment au fil des expériences vécues se constitue un sujet, s'esquisse un destin.
Alan Pauls met son personnage à distance par un phrasé enveloppant, ensorcelant et un humour cinglant dont la fonction est de montrer que le héros erre plus qu'il ne se trouve dans un monde en quête d'un sens qui le fuit.