31 décembre 1940. Une loi fonde l'ordre des architectes en France et réglemente pour la première fois 1 accès à la profession et le port du titre d'architecte. Désormais, la pratique relève obligatoirement du mode d'exercice et des valeurs libérales. Plusieurs siècles ont été nécessaires aux architectes pour se faire reconnaître comme un corps de professionnels possédant un savoir spécifique, justifiant ainsi leur demande du monopole de l'architecture. Si les acteurs et les grands enjeux de ce processus sont connus, quels sont les rapports exacts entre la grande histoire de l'institutionnalisation de la profession, la définition de ses règles d'activité et les manières concrètes d'exercer et de travailler de ses membres ?
A travers le prisme des structures de travail et des lieux d'exercice des architectes, ce livre met en évidence les vicissitudes de la profession, de la chute de l'Académie royale d'architecture à la Révolution française, jusqu'aux années 1940. Il raconte les obstacles, les contraintes et les incertitudes d'un métier qui se construit : un cadre de travail d'abord public et évoluant vers le privé, un partage des rôles entre la maîtrise d'oeuvre et la maîtrise d'ouvrage, une position ambiguë entre la réalité du travail collectif et l'image d'un artiste-auteur unique, une revendication de sa singularité face aux ingénieurs et aux entrepreneurs. Perpétuellement en tension, la profession tente d'affirmer son autonomie face aux contraintes sociales, politiques et économiques de la commande mais aussi contre les tentatives d'assujettissement par l'Etat, les maîtres d'ouvrage de la Révolution industrielle ou encore l'Ecole des beaux-arts.
Par l'analyse de documents originaux (archives de maîtres d'oeuvre et d'ouvrage, publics et privés) et de la presse professionnelle, cet ouvrage interroge le choix unique de l'exercice libéral par un groupe professionnel aux pratiques déjà multiples. Ainsi s'éclaire de façon inédite l'histoire, riche en rebondissements et parfois en contradictions, d'une profession qui continue de s'interroger sur ses missions et ses cadres d'exercice.
Sommaire
Sous l'autorité de l'Etat :
- Aux origines des Bâtiments civils : la Surintendance des Bâtiments du Roi.
- A l'articulation du conseil et des agences des Bâtiments civils : la pratique architecturale.
- L'architecte-directeur d'agence des travaux publics : un gestionnaire ?
- Les employés des agences des travaux publics : des architectes ?
Dans les autres services d'architecture :
- La multiplication des services publics d'architecture.
- Les évolutions de l'attribution de la commande publique et des postes d'architectes de fonction : un élan libéral ?
- L'affirmation des maîtres d'ouvrage privés : copier, dépasser et bousculer l'organisation des services publics d'architecture.
- L'extinction des agences des travaux des Bâtiments civils et de ses héritiers : vers la fin de la maîtrise d'oeuvre publique.
Dans la pratique libérale :
- L'exercice libéral au tournant du XIXe siècle.
- La Première Guerre mondiale, la reconstruction et les enjeux pour la profession.
- Durant l'entre-deux-guerres : vers l'agence organisée.